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Reviewed by:
  • Anne de Montmorency. Grand maître de François Ier by Thierry Rentet
  • Cédric Michon
Thierry Rentet
Anne de Montmorency. Grand maître de François Ier
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, 432 p.

C’est un livre vraiment bienvenu et attendu que propose Thierry Rentet. Rappelons en effet que la dernière grande biographie d’Anne de Montmorency, œuvre de Francis Decrue de Stoutz (par ailleurs tout à fait remarquable), date de 1885. Le propos des deux ouvrages n’est cependant pas tout à fait le même puisque T. Rentet ne prétend pas embrasser l’ensemble de la carrière du connétable. Comme l’indiquait le sous-titre de sa thèse, son sujet est en fait un « Essai d’analyse de réseau au début de l’époque moderne », qui porte sur la courte période au cours de laquelle la carrière politique de Montmorency décolle. Les enseignements en sont toutefois considérables.

Le livre que T. Rentet a tiré de sa thèse exploite plus de 3 000 lettres qui se trouvent dans les archives du musée Condé au château de Chantilly et qui constituent les lettres reçues par Montmorency et son secrétaire entre 1526 et 1531. De manière surprenante, cette collection n’a jamais fait l’objet de l’étude approfondie qu’elle mérite, alors même qu’elle témoigne d’un tournant clé dans la carrière de Montmorency puisque les années qu’elle recouvre correspondent au moment où le destin politique du grand maître bascule et où commence son ascension à la cour et au Conseil. Ainsi, ce que se propose de restituer ce livre est l’origine du « moment Montmorency », qui correspond à la décennie 1530 au cours de laquelle il s’impose comme le premier conseiller de François Ier. Pour cela, l’auteur procède en trois temps, analysant « Les fondements de la puissance », avant de reconstituer le processus par lequel il passe « De la puissance au pouvoir », puis de terminer par un examen de ses « Pouvoirs et réseaux ».

Il procède à une étude des expéditeurs des lettres ainsi qu’à une lecture approfondie de leur contenu. Cette démarche offre un éclairage neuf sur les nébuleuses du pouvoir informel dont s’entourait le grand maître et permet de comprendre l’essor du premier grand favori de la Renaissance française en expliquant son exceptionnel destin par la puissance et l’efficacité de ses réseaux. Le développement de la puissance foncière du grand maître, l’efficacité et la fidélité des nombreux membres de ses réseaux qu’il place à des endroits stratégiques, les récompensant tout en se les attachant davantage, sont analysés avec minutie et clarté. Une multitude de personnages méconnus est ainsi éclairée par de courts portraits qui retracent leur carrière dans l’ombre du grand maître.

S’appuyant au départ sur les revenus des seigneuries qui couvrent le nord de l’Île-de-France, Montmorency exploite ses nombreuses alliances avec des lignages nobles (notamment les Gouffier, les Dinteville et les d’Anglure), [End Page 217] mais également des familles d’officiers de justice. Il bénéficie de surcroît de la position de son père, Guillaume de Montmorency, fidèle serviteur de la monarchie, auquel T. Rentet consacre quelques pages fort intéressantes, qui complètent et actualisent ce que l’on pouvait déjà savoir de lui à partir notamment des travaux de Michael Harsgor. Un autre personnage méconnu mais tout à fait crucial, auquel T. Rentet consacre quelques pages là aussi fort intéressantes, n’est autre que l’épouse du grand maître, Madeleine de Savoie, cousine de François Ier. Elle est la fille de René, bâtard de Savoie, demi-frère de Louise de Savoie et personnage clé du premier règne de François Ier, qui précède Montmorency dans l’office de grand maître.

En s’appuyant sur une érudition impressionnante, T. Rentet propose une réévaluation de l’habileté politique...

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