In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • The Italian Renaissance State ed. by Andrea Gamberini and Isabella Lazzarini
  • Pierre Savy
Andrea Gamberini et Isabella Lazzarini (dir.)
The Italian Renaissance State
Cambridge, Cambridge University Press, 2012, XIV-634 p.

Du milieu des années 1980 aux années 2000 (avec sans doute comme point d’orgue le livre Origini dello stato, publié à Bologne en 1994), l’État occupa dans l’historiographie italienne du bas Moyen Âge et de l’époque moderne une place considérable : il finit même par structurer des réflexions qui, au fond, auraient pu aussi bien ne pas être déterminées par lui (nous pensons à des pans entiers de la microhistoire, ou encore à l’étude des différents niveaux de domination politique). Or c’est encore autour de l’État que tourne ce volume, mais, si les réflexions des années 1980 et 1990 sur ce qu’on appelait en France « la genèse de l’État modern » n’en sont pas absentes, il reste que le mot « État » doit s’y entendre de façon assez étendue et même polysémique : il renvoie à l’appareil d’État lui-même, mais aussi aux différents États italiens. L’État est la clef plutôt que l’objet unique de ce livre, qui est autant un essai de synthèse et de réflexion sur l’histoire politique de la péninsule aux XIVe et XVe siècles qu’une recherche spécifique sur la forme étatique.

Après une brève introduction d’Andrea Gamberini et Isabella Lazzarini, la première partie comporte onze contributions qui couvrent à peu près toute la péninsule, du Midi vers le Nord : travail peut-être un peu ingrat comparé à celui de la deuxième partie, qui est thématique, mais travail fort utile. La couverture du territoire italien peut paraître inégale, sans doute : la Corse, la Savoie ou l’outre-mer sont un peu vite expédiés, et l’on peut se demander quels sont les critères retenus pour figurer dans cette liste des « États italiens », mais les principaux États y sont. Les contributions font la part belle aux scansions chronologiques majeures de chacun des espaces considérés, ainsi qu’à l’historiographie politique récente, qui a parfois formulé des propositions nouvelles. C’est particulièrement net pour l’historiographie du Midi de l’Italie : la Sicile présentée par Fabrizio Titone, qui bat en brèche le vieux modèle historiographique des « barons contre [End Page 207] le roi » au profit d’une insistance sur la vitalité de la politique locale ; Naples par Francesco Senatore, qui refuse la comparaison systématique avec le Nord et souligne l’importance du travail restant à faire ; la Sardaigne et la Corse par Olivetta Schena. L’État pontifical fait l’objet d’une remarquable contribution de Sandro Carocci qui, sans nier sa particularité, relève ce qu’il a de commun avec les autres États italiens et conclut à la nature composite de sa structure politique reposant sur une grande pluralité d’acteurs territoriaux. L’Italie centro-septentrionale compte, elle, sept contributions, qu’on ne peut hélas présenter en détail.

La deuxième partie du livre compte treize contributions. Les principaux thèmes de l’historiographie italienne des vingt dernières années sont évoqués dans ces textes, qu’il n’est pas davantage question de résumer ici. Dans le premier, Francesco Somaini explique la fin des cités-États dans le Regnum Italicum et l’État pontifical (au profit de réalités politiques régionales) par le manque de stabilité du système politique, le déclin démographique, la crise militaire des cités-États et la victoire corollaire des oligarchies locales. Les autres contributions présentent les communautés rurales (Massimo Della Misericordia), dont est soulignée la force ; les fiefs et les « petits États » (Federica Cengarle) ; les factions et les partis (Marco Gentile), dont l’historiographie récente a mesuré combien ils informaient le politique ; les groupes sociaux (E. Igor Mineo) ; les femmes (Serena Ferente), qui ont la possibilité d’une agency, déterminée d’abord...

pdf

Share