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Reviewed by:
  • Romulus: A Novella from 19th Century Haiti by Fernand Hibbert
  • Frenand Léger
Romulus: A Novella from 19th Century Haiti. By Fernand Hibbert. Translated by Matthew Robertshaw. Québec: Deux Voiliers Publishing, 2014. ISBN 9780988104891. 108 pp. $11.95 paperback.

Romulus: A Novella from 19th Century Haiti est le titre de la toute première traduction anglaise de Scènes de la vie haïtienne. Romulus (1908) de Fernand Hibbert. Le traducteur, Matthew Robertshaw, a étudié l’histoire et le français à l’Université de Guelph, dans l’Ontario et c’est probablement l’intérêt qu’il porte à ces deux disciplines qui l’a poussé à traduire Romulus plutôt qu’un autre texte de Fernand Hibbert ou d’un autre écrivain haïtien. D’après une note placée à la fin de l’ouvrage, Romulus est la première œuvre littéraire traduite par ce jeune traducteur canadien. Malgré sa maîtrise du français et ses connaissances en histoire, on peut dire que Robertshaw a fait preuve d’un grand courage lorsqu’il a décidé de commencer par la traduction d’un texte peu volumineux, certes, mais qui présente tant de difficultés en raison de sa complexité littéraire et linguistique.

Puisque la lecture du texte original est une étape indispensable à l’analyse de toute traduction, il nous semble nécessaire de jeter un coup d’œil critique sur le texte source afin de repérer les passages clés où il « se condense, se représente, se signifie ou se symbolise ».1 Cet exercice nous permettra de nous faire une bonne idée du contenu de l’histoire ainsi que de la façon dont elle est racontée par Hibbert. On essaiera aussi d’identifier les aspects textuels problématiques susceptibles de constituer des obstacles au travail de reconstruction, d’interprétation et de traduction de l’œuvre. Autrement dit, on confrontera la traduction au texte original pour déterminer dans quelle mesure les critères de « poéticité », d’« éthicité » et donc de fidélité sont respectés dans ce travail de traduction.

Le texte d’Hibbert s’ouvre sur la description pittoresque de Miragoâne, cette « petite ville prospère et vivante » avec ses « vieillards affables », ses « jeunes gens débordant de fantaisie », ses « femmes enjouées » et ses « demoiselles chantant des romances ». Mari de deux femmes et père de vingt-quatre enfants, Romulus, le personnage éponyme, nous est présenté dans toute la respectabilité que lui octroie la « sévérité de sa physionomie martiale ». Le commissaire de police, « M. le Général Romulus Joseph » et la ville de Miragoâne sont « faits l’un pour l’autre » car « depuis que Romulus a cessé d’exister, Miragoâne n’est plus Miragoâne ». Considérant la façon dont le cadre spatio-temporel de l’histoire est décrit, le portrait des [End Page 120] personnages tels Romulus et son fils Rothschild, le très dangereux coiffeur aristocrate, les scènes liminaires comme la conversation entre le curé et Romulus ou encore le conflit entre celui-ci et Coyo, son « ennemi mortel », on peut dire que tout dans l’incipit du texte original concorde à lui donner l’allure d’un agréable petit roman traditionnel qui offre la promesse de se laisser lire tranquillement sans que le lecteur ait à se casser la tête.

Or, à partir du chapitre III, les choses commencent à se compliquer. Le Miragoâne vivant, prospère où régnaient le calme et la « joie de vivre » est devenu une ville « plongée dans une torpeur profonde », dans une « mélancolie sourde », dans « la tristesse » et dans « l’inquiétude ». Les habitants sont sur le qui-vive. On parle de révolution et de « débarquement d’exilés ». Ce qu’on craignait finit par arriver au chapitre VI. Les exilés rentrent dans la ville et se déclenche ainsi ce que Jean Price-Mars appellera « le drame de Miragoâne ».2 L’entrée en scène des exilés insurgés ne constitue pas seulement l’élément déclencheur des péripéties, elle vient aussi faire...

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