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Reviewed by:
  • Ludovic Clergeaud (1890–1956). Métayer : 50 ans d’engagement en Vendée by Florence Regourd
  • Guillaume Roubaud-Quashie
Florence Regourd . - Ludovic Clergeaud (1890–1956). Métayer : 50 ans d’engagement en Vendée. La Crèche , Geste éditions , 2013 . « Histoire ».

Le mouvement ouvrier en milieu rural et même agricole – malgré l’apparente contradiction dans les termes – suscite un intérêt croissant parmi les historiens qui mettent toujours mieux à jour ses ressorts et son importance. Il est ainsi bien loin le temps où Rolande Trempé, préfaçant l’ouvrage issu de la thèse de Michel Pigenet, pouvait déplorer la rareté des études en la matière. Pour autant, le renouveau de l’approche biographique n’a guère encore profité aux figures paysannes. Si Renaud Jean (Gérard Belloin), Waldeck Rochet (Jean Vigreux) ou François Tanguy-Prigent (Christian Bougeard) ont trouvé leur biographe, des personnalités aussi majeures que Georges Monnet, le ministre de l’Agriculture du Front populaire, François Mioch, le secrétaire général de la Confédération générale des paysans travailleurs, ou même le si fondateur Compère-Morel attendent toujours leur historien. A fortiori les responsables de moindre envergure demeurent-ils dans l’ombre, malgré l’essor des enquêtes biographiques consacrées à des acteurs oubliés, au rayonnement local, à l’image du bel ouvrage que Michelle Perrot a dédié à Lucie Baud3. En consacrant une forte biographie au métayer Ludovic Clergeaud, Florence Regourd s’inscrit ainsi au croisement de ces heureuses dynamiques. Elle apporte en outre un regard sur cette terre de mission pour le mouvement ouvrier qu’est à bien des égards la Vendée.

C’est en effet dans ce département que se passe l’essentiel de la vie de Lucien Clergeaud – plus précisément, dans le canton de L’Hermenault et dans la commune de Marsais-Sainte-Radégonde. Il y naît en 1890, de parents cultivateurs, domestiques devenus journaliers puis petits métayers. Il y grandit et, jeune homme, y adhère au socialisme, à la libre pensée, à la franc-maçonnerie, à la Ligue des droits de l’homme (LDH), autant d’engagements qu’hormis la franc-maçonnerie il poursuit toute sa vie. Marqué comme toute sa génération par l’expérience de la Première Guerre mondiale, il y ajoute un puissant pacifisme qui contribue à expliquer son choix de l’adhésion à la IIIe Internationale, avant que son attachement à la libre pensée et, pour un temps encore, à la franc-maçonnerie, ne suscite son exclusion de la jeune SFIC, en janvier 1923. Réintégré dans la petite fédération de Vendée de la SFIO en 1924, le jeune paysan ne tarde pas à en devenir le secrétaire fédéral : il est élu à ce poste pour la première fois en 1927, et continûment jusqu’en 1953. Premier des socialistes vendéens pendant près de trente ans, il est aussi, à partir de 1935, conseiller municipal de son village et, surtout, en 1937, le premier socialiste élu au conseil général de Vendée. [End Page 137]

Pour autant, et c’est une caractéristique de tout son parcours, Ludovic Clergeaud demeure, malgré ces titres, un dirigeant de second plan. Paysan, il a en effet des contraintes liées à son activité professionnelle. En outre, dans ce secteur même, il n’apparaît pas comme la figure de proue de l’action socialiste départementale. S’il côtoie dans les années 1930 le métayer catholique Henri Pitaud au sein de la modeste Fédération des syndicats paysans de la Vendée – qui relève d’un syndicalisme agricole des exploitants – ou, un temps, au sein de la Confédération nationale paysanne, c’est ce dernier qui apparaît comme le leader paysan socialiste vendéen, dans un contexte où les paysans sont peu touchés par le socialisme et où le socialisme s’intéresse peu aux paysans. Car, plus profondément, la fédération SFIO de Vendée est marquée par une précoce...

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