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  • L’école laïque pour une République sociale. Controverses pédagogiques et politiques (1900–1914) by Frédéric Mole
  • Jacques Girault
Frédéric Mole . - L’école laïque pour une République sociale. Controverses pédagogiques et politiques (1900–1914). Rennes , Presses universitaires de Rennes / Institut national de recherche pédagogique , 2010 , 365 pages. « Histoire ».

Cette thèse de sciences de l’éducation démontre comment, après une période de construction d’une école laïque « ferryste », la conquête politique de la République par les radicaux fait émerger une aspiration à construire une école démocratique qui satisferait les besoins sociaux de chacun. Des controverses nombreuses ont lieu autour des moyens à employer pour édifier cette école au service de la réforme sociale ou capable de la préparer. Frédéric Mole examine les diverses conceptions qu’elles exposent, touchant autant le monde politique qui se divise sur les objectifs, y compris parmi les militants de gauche, que les pratiques professionnelles et pédagogiques. Les analyses convergent malgré tout vers l’idée que l’école doit être l’un des fondements d’une République sociale. Mais comment construire une école du peuple qui remédiera aux inégalités sociales ? Déjà apparaît la proposition d’une école unique qui sera reprise avec force au lendemain de la Première Guerre mondiale. Au point de vue partagé par la plupart des radicaux s’opposent quelques socialistes, dont Jaurès, qui ne veut pas que cet espoir détourne les masses de l’objectif préalable d’une égalité sociale, ainsi que la plupart des syndicalistes qui exigent une école pour le peuple producteur de richesses.

Trois parties d’ampleur inégale ponctuent la démonstration. On passe progressivement d’une école laïque répondant aux besoins politiques de la construction républicaine contre les possédants conservateurs appuyés par l’Église à une institution scolaire éveillant suffisamment l’esprit critique et permettant l’instauration d’un régime politique soucieux d’assurer une égalité sociale. Pour cela, il faut changer le contenu des programmes afin de donner à l’école laïque un rôle émancipateur. Ce travail sur les origines de l’utopie scolaire interroge aussi la manière de concilier ces ambitions avec le rapport existant entre le but recherché – aider la construction d’une République sociale – et le souhait qui commence à émerger d’assurer la libération individuelle face aux pesanteurs de l’ordre existant.

De tels débats se limitent à l’institution scolaire et à ceux qui formulent, pour l’école, des volontés politiques, sociales ou culturelles de transformation sociale. Au premier rang, les instituteurs se divisent entre ceux qui préfèrent travailler pour l’adaptation et ceux qui entendent aider à l’émancipation sociale. En exposant ces deux termes de l’alternative, Frédéric Mole choisit de ne s’intéresser qu’aux discours, aux « postures politiques », aux « stratégies argumentatives » des « acteurs qui se démarquent ». Parmi eux, Ferdinand Buisson, qui occupe une place centrale dans l’ouvrage, introduit dans le solidarisme des radicaux jugé fixiste un combat pour l’égalité sociale par l’école laïque. L’auteur analyse les origines et les conséquences des désaccords avancés par ces « pionniers » qui s’écartent de la norme. Il dégage ainsi trois orientations pour une école démocratique : une école de la critique qui pourrait aider à comprendre les « rapports de domination », une école des enfants de producteurs pour former « collectivement », dans le peuple, les futurs dirigeants [End Page 133] de l’économie, une école unique pour permettre « l’ascension sociale des meilleurs ». Ces trois objectifs se complètent ou entrent en concurrence tout en servant les espoirs d’une démocratisation de l’enseignement.

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