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Reviewed by:
  • Résistants juifs, témoignages (ceux qui dans la clandestinité résistèrent), 1940-1945by Georges Brandstatter
  • Patrick Fournier
Brandstatter, Georges – Résistants juifs, témoignages (ceux qui dans la clandestinité résistèrent), 1940-1945, Paris-Bruxelles, Éditions Jourdan, 2013, 360 p.

Résumer et commenter un recueil de témoignages amène toujours son lot important de difficultés, d’autant plus accentué dans le cas présent par la complexité du phénomène. En effet, tant de parcours de résistance à la fois similaires et différents en ce qui concerne l’expérience personnelle des résistants juifs, les perceptions contrastées face au type ou au degré de contribution dans les mouvements, l’attitude face aux événements, bref un collage d’histoires qu’il est nécessaire de compiler « parce que les témoins vivants vont disparaître et toute cette vie va devenir l’affaire des historiens et ce ne sera plus tout à fait pareil » (p. 178). Or, la difficulté d’organiser ces témoignages est apparente dans la collection établie par Brandstatter.

Cette difficulté est évidente dès le début de l’ouvrage, où le titre de la couverture et celui du grand titre divergent ( Résistants juifs 1940-1945, ceux qui dans la clandestinité résistèrent, et Résistants juifs, du combat contre l’anéantissement à la création de l’État d’Israël). La définition des témoignages choisis par Brandstatter doit donc être éclaircie, mais celle donnée par l’ancien résistant Georges Chonigmam aurait sans doute pu donner le ton à l’ouvrage lorsqu’il définit comme étant résistants « des jeunes qui ont décidé de combattre et de ne pas se laisser faire », bien que ceux « qui se sont cachés, qui ont continué à parler le yiddish, ont donné des cours d’hébreu aux enfants, ont organisé des Bar [End Page 239]Mitsvah en cachette, tous ceux-là ont fait leur résistance à eux. On ne peut pas demander à tous d’être des héros » (p. 80).

Néanmoins, s’il se veut beaucoup plus un recueil de témoignages qu’une étude sur le sujet de la résistance, l’ouvrage de Brandstatter a pour objectif principal de présenter les activités de résistance au sein des mouvements français tels que l’Armée juive (AJ), l’Organisation de secours aux enfants (OSE), les Éclaireurs israélites de France (EIF), ou les Francs-tireurs partisans / Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). À noter, bien que l’ouvrage annonce son intention de discuter des résistants en Belgique et de leur participation à l’œuvre de création de l’État d’Israël, l’accent est disproportionnellement mis sur l’expérience des résistants français en France sous l’Occupation allemande; en effet, douze des cinquante-deux témoins discutent de leur activité en Belgique, et une poignée seulement de leur participation à la création de l’État d’Israël.

Les entrevues soulignent l’absence de climat antisémite avant le début de la guerre et qui s’est manifesté « presque du jour au lendemain » (p. 217), contrairement à l’antisémitisme plus répandu qui avait forcé les familles des résistants à quitter la Pologne ou un autre pays de l’Est de l’Europe dans les années 1920. Les différents témoignages illustrent aussi la jeunesse de ces résistants et leur passé généralement militant, ceux-ci ayant souvent œuvré au sein de groupes politiques communistes ou sionistes, ainsi que dans des mouvements religieux avant le début de la guerre. Ceci a souvent contribué à leur entrée dans un groupe de résistance organisé, dans plusieurs cas une fois que les réseaux familiaux ont été détruits par les Allemands et les collaborateurs français. La vie d’adulte a en quelque sorte été imposée à ces individus très jeunes qui ont dû œuvrer dans les organisations d’aide aux Juifs en détresse, mais aussi participer à des opérations particulièrement dangereuses de propagande comme la distribution de tracts...

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