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  • Au fil des générations. Terre, pouvoir et parenté dans l’Europe alpine, XIVe-XXe siècles by Dionigi Albera
  • Denise Angers
Albera, Dionigi – Au fil des générations. Terre, pouvoir et parenté dans l’Europe alpine, XIVe-XXe siècles, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2011, 544 p.

Dans ce livre ambitieux et d’une très grande richesse, Dionigi Albera fait le point des recherches sur la famille, la parenté, le ménage et la reproduction. Au centre de ses intérêts figure la question de la dévolution des biens et des stratégies et réponses apportées pour pallier les contraintes apportées par la tradition et des pratiques souvent millénaires, mais aussi par le contexte physique du territoire et du paysage. Inutile de dire qu’il n’est pas possible, dans le cadre de cette présentation, de rendre justice à la foison de renseignements et de pistes nouvelles de recherche que ce travail propose.

En quatre parties et vingt-trois chapitres, concentrant son attention sur les terroirs des Alpes, aussi bien autrichiennes que suisses, italiennes ou françaises, l’auteur tente de dresser une nouvelle typologie qui rende compte des diversités de pratique tout en permettant des rapprochements salutaires et éclairants. La première partie fait le point sur l’état actuel des recherches sur l’histoire de la famille et de la parenté en Europe (3 chapitres). La seconde, inspirée par l’anthropologie, part à la recherche d’une typologie nouvelle (5 chapitres). La troisième nous entraîne à travers les divers milieux alpins, faisant à chaque fois le point sur les recherches majeures et sur les résultats obtenus jusqu’ici (7 chapitres). La quatrième partie, enfin, met à l’épreuve la nouvelle typologie proposée par l’auteur dans les Alpes françaises (8 chapitres). Tout en reconnaissant l’apport considérable des études menées par les membres du Cambridge Group, l’auteur sait garder ses distances par rapport aux conclusions proposées par les études menées par cet important groupe de recherche et de réflexion.

L’ambition de l’auteur de cette étude est posée dès la première partie : proposer un comparatisme renouvelé entre les régions sous observation et tenter de trouver un fil directeur de compréhension des comportements, malgré la diversité des systèmes de reproduction de la famille. Entre les conclusions du Cambridge Group, celles des historiens plus attirés par l’histoire de l’économie des milieux familiaux et celles des adeptes de la microhistoire, l’auteur propose une troisième phase de développement des études sur la famille.

La seconde partie nous entraîne dans une réflexion approfondie sur l’anthropologie alpine. Ici, comme à travers tout cet ouvrage, l’auteur fait preuve d’une connaissance approfondie de la production scientifique sur ce sujet. S’éloignant de Burns jugé trop déterministe dans son examen des pratiques de partage du patrimoine, l’auteur s’approche davantage des études de Viazzo qui fait valoir l’idée qu’il n’y a pas une seule solution aux problèmes pratiques rencontrés par les familles dont le patrimoine est essentiellement montagnard : [End Page 237] familles souches, familles communautaires, familles nucléaires, toutes ces formes d’organisation du monde domestique trouvent leur chemin dans un univers où domine la multiplicité des situations. Contre Burns, l’auteur analyse la situation dans deux villages du Tyrol, traversés par une frontière invisible. Un village allemand et un second, rhéto-roman, qui, malgré leur proximité, ont traversé des étapes historiques complètement différentes. L’analyse des attitudes de ces deux groupes de villageois face à la transmission des biens révèle un déterminisme faible. Malgré tout, la tension entre protection du patrimoine d’une part, et justice de répartition entre les enfants d’autre part, est sensible dans les deux cas. Distinguant idéologie de la transmission et pratique, l’auteur pose l’hypothèse que « les conditions écologiques et la marginalité économique de l’aire montagneuse empêcheraient donc une divisibilité parfaite, et décourageraient aussi...

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