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  • Les Casshiers du Chemin (1967–1977) de Georges Lambrichs: Poétique d’une revue littéraire by Serge Martin
  • Isabelle Roussel-Gillet
Martin, Serge. Les Cahiers du Chemin (1967–1977) de Georges Lambrichs: Poétique d’une revue littéraire. Paris: Éditions Honoré Champion, 2013. isbn 9782745326324. 224 p.

Entreprise de réhabilitation de la revue Les Cahiers du Chemin, l’ouvrage de Serge Martin retrace l’histoire des dix ans de cette revue et de ses trente numéros dans le contexte des années soixante, par trop avide d’avant- gardisme, et au- delà. La préférence est donnée aux lectures- écritures au- delà des frontières qui gèlent souvent la littérature dans les formalismes et académismes. Loin des “- ismes,” Serge Martin suit son propre chemin de critique souhaitant affirmer une relation à des voix: Butor, Le Clézio, Meschonnic, Stéfan, Bourgeade, Macé, Réda, pour ne citer que les plus récurrents parmi les cent quarante- sept auteurs publiés dans la revue. Lire ou écrire, c’est avec eux prendre le risque d’une “force d’inconnu.” Et il est bien inutile de vouloir réduire l’ensemble des contributions de chaque numéro à un dénominateur commun autre que celui- là, sinon peut- être le “sentiment de beauté.” Pour explorer cet inconnu, Lambrichs ne se borne pas à des publications isolées, il stimule la rencontre des auteurs autant que la lecture en échos des textes. Pour preuve la non- ligne éditoriale pour lui préférer la structure en écho propre à chaque numéro et le sommaire rejoué d’un numéro l’autre. Pour suivre l’aventure de Lambrichs, loin des théories et des thèses, plus proche des existentiels que de l’existentialisme, le livre s’ouvre sur un “portrait mobile” de l’animateur de la revue au regard de ses amitiés (Jean Paulhan), ou comme écrivain enchanteur de son roman Chaystre chroniqué par Dhôtel. Ou encore, poursuivant ce portrait kaléidoscopique, Serge Martin donne voix à Blanchot, Fondane, Duvignaud, s’exprimant sur cet homme de littérature, entendez par là soucieux du sens et d’être toujours surpris. Un chapitre du livre est consacré à rappeler que Lambrichs a collaboré à d’autres revues— Le Rouge et le noir, Réponse, Le Ciel bleu, Troisième convoi, 84 dont il fut rédacteur en chef— ainsi qu’à ses relations avec Jérôme Lindon. S’appuyant sur des archives déposées à l’IMEC (le séminaire “archives de l’édition” sur Georges Lambrichs et Les Cahiers du Chemin conduit en 2011 par Serge Martin s’est tenu à l’imec), comme sur des entretiens, l’auteur donne aussi force de preuve aux chiffires: deux cent soixante dix- huit ouvrages au catalogue Gallimard publiés par ce défenseur d’une littérature hors des lignes.

Le portrait ne s’écrit qu’en relations. Un numéro de revue, comme le dix, est ainsi lu dans ses “fines attaches” qui articulent Parant, Celan ou Borderie. C’est dire que Serge Martin propose une lecture- relation en actes. L’auteur pense les résonances poursuivant son propre parcours depuis Poétique de la relation critique (Artois PU, 2003). De cercles en communauté utopique, l’auteur tache d’éviter d’unifier ce qui s’y refuse, aussi opte- t- il pour de nombreuses citations [End Page 249] très éclairantes, ainsi de celle- ci (67) empruntée à Gilles Quinsat: “Il faudrait faire davantage des promenades qui ne mènent à rien.”

Quittant cette première partie pour un portait d’homme libre, la seconde fait entendre les voix des auteurs publiés. L’auteur opte pour deux méthodes de lecture: la première consiste à lire l’intégralité du premier et du dernier numéro, la seconde à parcourir les autres de façon flottante. Il est vrai que la lecture exhaustive eut rendu l’ouvrage bien cumulatif et aurait accentué par trop la perte de repères/repaires même si celle- ci est dans l’esprit de la revue. À notre tour d’adopter une lecture flottante pour dégager trois idées fortes: la revue “inclut sa...

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