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  • Afrique subsaharienne
  • Karen Bouwer

Œuvres de création

Ayayi, Gblonvadji Ayi Hillah. Mirage: Quand les lueurs s’estompent: Nouvelles. Paris: L’Harmattan, 2012. isbn 9782296962668. 79 p.

Si les actions s’enchaînent, les conditions de vie sont esquissées pour offrir, dans ce recueil, un tableau douloureux de la vie de ceux qui, comme des papillons de nuit (selon la préface de Catherine Moreau) sont attirés par les lumières des grandes villes européennes. Mais le lecteur voit le tout d’un point de vue extérieur. Le manque d’intériorité et de pathos individuels—choix conscient de la part de l’auteur—est annoncé dans les titres mêmes des nouvelles. Chacune offre un scénario servant à illustrer un aspect des relations Nord-Sud plutôt que de nous faire connaître des individus: “Issaka le plongeur,” “Sam ou La métamorphose,” “L’histoire de Miguel ou Le mariage mort-né,” “L’histoire du trio ou Chasse sur la plage de Banjul,” “L’histoire de Kodjo ou L’homme qui valait moins que le chien.” La prépondérance des comparaisons avec des animaux ainsi qu’une épigraphe de La Fontaine (59) nous aident finalement à placer ces nouvelles au rang de fables avec leurs leçons et exemples: les personnages sont comme des troncs d’arbres qui se prennent pour des crocodiles (35), ils sont honteux “comme un hibou pris en plein jour” (42), et ainsi de suite. Le pessimisme foncier de la collection s’annonce dans une autre épigraphe: “Imaginer, rêver, espérer, c’est avoir réuni toutes les conditions de la désillusion” (Proust) (47). Né à Lomé au Togo, Ayayi Gblonvadji Ayi Hillah est diplômé de lettres et poète (il se fait également publier chez Edilivres) et est employé dans l’humanitaire.

Assani-Razaki, Ryad. La Main d’Iman. Montréal: Hexagone, 2011; Paris: Éditions Liana Levi, 2012. isbn 9782867466472. 329 p.

Les titres des onze chapitres commencent tous par des “i” (d’“ici” à “illusion”) et leurs dernières lettres épellent “IMMIGRATION,” un aspect ludique vite démenti par la douleur extrême subie par la plupart des personnages. L’impossibilité de rester dans leur Afrique en souffrance, le prix du départ, telle est l’impasse affrontée par les personnages de ce premier roman d’Assani- Razaki (né à Cotonou en 1981), lauréat du prix Robert- Cliche au Canada en 2011. Dans ce roman [End Page 194] à plusieurs voix, le rôle de narrateur n’est jamais accordé au personnage éponyme, Iman (la foi), fils d’un colon et d’une adolescente africaine. Les destinées tragiques et implacables s’entrecroisent et se racontent parfois sur un ton sec: “À l’origine fut un échange de mains. Je devais avoir six ans. [. . .] 15 000 fcfa (23 euros), et mon destin fut scellé” (11); parfois fataliste: “On dit que le destin d’un homme est entre ses mains. Mensonge. Souvent, le destin n’est que la pointe d’une lance projetée depuis plusieurs générations” (43); mais aussi fier et révolté: “Toute ma vie, j’ai servi, mais jamais je n’ai été servile. J’ai eu des maîtres, mais jamais je n’ai été esclave” (257). Un récit poignant mais aussi accablant.

Lobe, Max. 39 rue de Berne. Carouge-Genève: Éditions Zoé, 2013. isbn 9782881828843. 191 p.

Le récit commence dans un bidonville marécageux à Douala. Mais l’intrigue se poursuit bientôt à Genève où la mère du narrateur Dipita doit travailler pour payer sa dette envers celui qui a facilité sa venue en Europe en tant qu’immigrée clandestine. Après la naturalisation de la mère, le jeune garçon passe les grandes vacances au pays où il apprend à admirer et aimer son oncle Démoney. Les leçons de l’oncle se résument en deux choses: la famille d’abord et il ne faut pas être “comme ça,” c’est pour les Blancs (162). La quatrième de couverture annonce un ouvrage qui “décrit avec finesse aussi bien la réalité des Africains sans papiers que les paradoxes et les souffrances d...

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