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Reviewed by:
  • L’interculturalisme. Un point de vue québécois by Gérard Bouchard
  • Xavier Dionne
Gérard Bouchard, L’interculturalisme. Un point de vue québécois (Montréal: Boréal 2012)

L’interculturalisme, n’ayant jamais été institué par une politique officielle de l’État québécois, reste l’objet d’un débat intellectuel fécond au Québec. Sa définition dépend dans une certaine mesure des orientations étatiques québécoises contenues dans diverses politiques ou documents officiels traitant par exemple de la langue française, de l’éducation et de la diversité québécoise, mais est également alimentée par le milieu universitaire. Gérard Bouchard nous présente ici l’aboutissement de sa réflexion sur le sujet sous la forme d’un essai.

Le choix de cette forme n’est pas dénué de sens. Bouchard s’ inscrit dans un espace public qui n’a pas été tendre envers son rôle en tant que coprésident de la commission Bouchard-Taylor ou encore envers ses positions favorables à la remise en question des tendances exclusivistes susceptibles de se manifester au sein de la culture québécoise. Bien qu’un souci pédagogique sous-tende cet essai de 245 pages, la motivation principale qui guide chacun des cinq chapitres demeure celle de répondre aux critiques ayant été adressées au chercheur de la part de certains de ses collègues et d’une partie de la population québécoise. D’ailleurs, le quatrième chapitre, intitulé « Critique et défense de l’interculturalisme » est le plus volumineux (87 pages).

Le premier chapitre est consacré aux fondements du modèle de prise en compte de la diversité, pavant la voie au deuxième chapitre qui propose une définition de l’interculturalisme. Le troisième entre au cœur des débats québécois sur la légitimité de l’interculturalisme en insistant sur ce qui le distingue du multiculturalisme, modèle estimé par plusieurs comme étant inadapté à la réalité québécoise. Le cinquième chapitre propose une réflexion sur un modèle de laïcité qui s’inspirerait des paramètres qui président au modèle théorique présenté dans les deux premiers chapitres. Le lecteur retrouvera ainsi non seulement dans cet essai les éléments (philosophiques et de politiques publiques) définissant l’interculturalisme québécois, mais également la pensée de Gérard Bouchard sur ce modèle d’intégration de la diversité – l’auteur insiste, il s’agit bien de sa contribution personnelle.

Au cœur de cette réflexion se trouve le souci de réconcilier l’objectif d’une cohésion de la communauté politique québécoise et celui du respect de la diversité. En ce sens, l’essai de Bouchard offre une position qui se veut médiatrice et se situant au centre des débats entre une certaine pensée conservatrice, qui tend à privilégier l’assimilation; et une pensée républicaine, qui formule dans des termes universalisant des formules d’intégration se présentant comme étant culturellement neutres. C’est, par ailleurs, cette opposition qui semble faire œuvre commune à travers la présentation d’une charte « des valeurs », convertie en charte « de la laïcité », récemment, à Québec. On devine l’opposition de Bouchard à cette politique publique en raison de ses effets présumés sur le respect et l’intégration de la diversité culturelle et religieuse.

On ne pourra pas accuser Gérard Bouchard de se défiler face à l’adversité. Il reprend ainsi patiemment chacun des éléments les plus controversés de sa pensée afin d’en préciser les tenants et aboutissants. Parmi les concepts utilisés par l’auteur dans l’élaboration de sa réflexion sur l’interculturalisme, celui de dualité a sans doute été l’un des plus critiqués par le milieu académique. On a, entre autres, reproché au sociologue de réifier des catégories populaires (majorité, minorités) en soulignant la difficulté de leur opérationnalisation. [End Page 338] Or, nous rappelle l...

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