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Reviewed by:
  • Poèmes choisis suivis d’Études critiques by Marie Krysinska
  • Florence Goulesque
Krysinska, Marie. Poèmes choisis suivis d’Études critiques. Ed. Seth Whidden. Saint-Étienne: Publications de l’Université de Saint-Étienne, coll. “Des deux sexes et autres,” 2013. Pp. 309. isbn: 978-2-86272-626-7

Il existe malheureusement très peu d’éditions des œuvres littéraires de Marie Krysinska (1857–1908), femme poète, musicienne, et romancière majeure de la fin du dix-neuvième siècle, injustement oubliée, ou seulement mentionnée pour le rôle qu’elle joua dans la fameuse “Querelle du vers libre.” Dans Poèmes choisis suivis d’Études critiques, Seth Whidden, qui a précédemment publié une excellente édition critique de Rythmes pittoresques (2003), continue son important travail de réhabilitation de l’œuvre de la poétesse. Le livre propose une sélection de poèmes tirés des trois recueils de Marie Krysinska, Rythmes pittoresques (1890), Joies errantes. Nouveaux rythmes pittoresques (1894), et Intermèdes. Nouveaux rythmes pittoresques (1904), ainsi qu’une collection d’écrits critiques et théoriques (1891–1904) qu’elle a publiés comme préfaces à ses recueils et romans ou bien comme articles dans la presse de l’époque. Toute sélection implique un classement et des rejets, et, même si nous pouvons regretter que certains poèmes, tels que “Effet de soir” ou “Berceuse macabre” ne figurent pas dans le livre, ou que seulement dix-sept poèmes d’Intermèdes y soient inclus alors que ce dernier recueil est le plus long (79 poèmes), nous nous réjouissons que la sélection effectuée par Seth Whidden puisse offrir un panorama de la diversité d’inspirations de Marie Krysinska et donner une idée de sa puissance créative.

Après avoir brièvement évoqué la vie de Krysinska, la préface de l’anthologie explique clairement les critères de sélection. La démarche est double: d’une part, Whidden réunit dans un même ouvrage une sélection de poèmes et de textes théoriques dispersés de Marie Krysinska, ce qui n’a jamais été fait auparavant et implique un travail de chercheur et de détective assidu; et d’autre part, il privilégie les textes, à la fois poétiques et théoriques, qui évoquent le mieux l’originalité des rythmes (“pittoresques”) et le féminisme de l’auteure.

Suivant ce double (ou triple) fil conducteur, Seth Whidden s’acquitte brillamment de la tâche parfois ardue qui est celle d’avoir à choisir certains textes et d’en laisser [End Page 279] tomber d’autres. Bien que le livre présente les œuvres créatrices et les études critiques de Krysinska dans deux sections séparées, le lecteur peut aisément établir des correspondances entre les deux. La publication originale des poèmes et des textes théoriques a été plus ou moins simultanée (de 1890 à 1904), et les premiers semblent avoir été la mise en pratique des seconds, ce qui signifie que, pour Krysinska, le travail de création et celui de réflexion sur un art poétique nouveau se nourrissaient l’un l’autre en toute réciprocité, et évoluaient ensemble au fil du temps. Ainsi, des poèmes impressionnistes aux rythmes très différents, tels que “Pleine Mer,” “Symphonie en gris,” “Horizons,” “Le Hibou,” “Soir,” “Sur l’eau,” “Fin d’hiver,” “Sur les grèves,” ou d’autres, même s’ils méritent notre attention par eux-mêmes, reflètent aussi la conception de la poétesse d’une poésie qui se veut miroir de la musique intérieure. En incorporant thèses et créations dans son livre, cette édition propose une lecture plus riche de l’œuvre de Marie Krysinska et montre la cohérence de son projet poétique.

Le même principe de réciprocité entre création et analyse détermine le choix des poèmes parlant des femmes. Marie Krysinska, une des rares femmes présentes dans les cafés littéraires fin de siècle, était féministe dans ses choix...

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