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Reviewed by:
  • Urbain le mescongneu filz de l’empereur Federic Barberousse trans. by Claudine Scève
  • Johannes Bartuschat
Urbain le mescongneu filz de l’empereur Federic Barberousse. Traduit par Claudine ScÈve. Édition bilingue par Janine Incardona et Pascale Mounier. (Cahiers d’humanisme et Renaissance, 112.) Genève: Droz, 2013. 334 pp.

Ce volume a le mérite de rendre accessibles deux textes très peu connus: l’Urbano, longue nouvelle italienne, écrite probablement à la fin du quatorzième siècle, ainsi que sa traduction française publiée en 1533 par Claude Nourry à Lyon. Le relatif succès du texte italien et l’initiative de le traduire en français s’expliquent sans doute par le fait que l’auteur anonyme l’a fait passer pour une œuvre de Boccace. La traduction, qui se distingue par sa grande fidélité, a pu être attribuée, grâce aux recherches de V. L. Saulnier, à Claudine Scève. Le volume publie le texte italien dans l’édition qui a servi à la traduction (Venise: Nicolò Garanta, 1526) et l’édition lyonnaise de 1533 en regard. Malheureusement, tant la longue introduction que l’édition laissent beaucoup à désirer. Sur le plan historique et philologique, la seule nouveauté réside dans l’identification de l’édition italienne ayant servi à la traduction. L’analyse linguistique, qui trahit une maitrise insuffisante de l’italien ancien, se réduit pour l’essentiel à une ‘critique’ de la langue des textes qui leur reproche des ‘flottements’, un manque de clarté dans la syntaxe etc., aboutissant à des affirmations péremptoires comme celle-ci: ‘Le caractère à la fois latinisant et oral de la phrase est caractéristique de l’état de la prose de langue vernaculaire de la fin du XVe siècle’ (p. 38). Cette affirmation s’applique à l’incunable du texte italien sans prendre en compte le fait que le texte et donc sa langue — mises à part d’éventuelles interventions de l’éditeur, dont on ne peut juger puisque les auteurs n’ont pas vu et ne peuvent donc pas citer les manuscrits — datent du siècle précédent. Les auteurs proposent une lecture ésotérique de l’Urbano qui se base de manière presque exclusive sur le prétendu symbolisme caché des noms des personnages. L’Urbano serait un texte iniatique sur la ‘conquête de la Connaissance’, notion qui n’est pas vraiment précisée, si l’on excepte quelques références à l’alchimie et à l’hermétisme. Les sources d’information étant souvent des ouvrages d’inspiration ésotérique, on ne s’étonne pas de voir cité le Compositum de compositis comme ouvrage d’Albert le Grand, qui par ailleurs sert à affirmer que ‘la spiritualité chrétienne n’est pas contradictoire avec la doctrine alchimique’ (p. 111). Si la décision de renoncer à une édition critique de l’Urbano et de reproduire l’édition vénitienne se justifie, les critères d’édition — pour les deux textes — n’emportent pas l’adhésion. L’orthographe est presque entièrement conservée et les mots ne sont pas séparés. De manière fort inhabituelle les auteurs conservent également la ponctuation (pour le texte français le signe ‘/’ est transcrit par la virgule). La ponctuation originale, qui ne reflète pas les unités de sens ou syntaxiques, fait de la lecture un parcours d’obstacles. On peine à découvrir un quelconque intérêt philologique dans cette reproduction fidèle des éditions du seizième siècle, qui rend la lecture inutilement difficile et prive donc cette édition, qui ne correspond pas aux critères scientifiques, de la possibilité d’intéresser un public plus vaste. [End Page 238]

Johannes Bartuschat
Universität Zürich
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