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  • Traite Négrière Entre les Îles du Cap-vert et L’Amerique Espagnole:Formation et Développement d’une Route Commerciale Atlantique au Seizième Siècle1
  • Maria Manuel Ferraz Torrão (bio)

Dans son étude pionnier de 1969, The Atlantic Slave Trade: A Census, Phillip Curtin, affirmait que « le premier siècle et demi du commerce atlantique des esclaves est nécessairement obscur »,2 car il n’y avait pas de sources ou des monographies qui nos aide, ni à connaître les routes de la traite négrière, ni à évaluer la quantité des esclaves transportés de l’Afrique vers les ports de l’Amérique. Quoique cette déclaration ait déjà quarante ans, elle continue valable et commence seulement à être surmontée aujourd’hui par la réalisation, dans les dernières années, de certaines recherches qui apportent « de la lumière » sur l’étude systématique des grands marchés fournisseurs d’esclaves au XVIème siècle. Ce texte est une contribution qui vise à combler cette lacune et clarifier le rôle du marché des esclaves établit à Ribeira Grande, dans l’île de Santiago du Cap-Vert, au cours du XVIème siècle.

Effectivement, la traite de Noirs est connue, notamment, par les grandes dimensions qu’elle a prise durant la deuxième moitié du XVIIème siècle et au XVIIIème siècle, aussi bien que dans la mémoire toujours vivante des sociétés esclavagistes de l’Amérique du XIXème siècle. Il n’est pas nécessaire d’énumérer dans ce texte les livres sur cette matière3 ou même la prolifération de projets concernant ce thème.4 Cependant, lorsqu’on veut analyser les origines de cette traite des esclaves et la participation des portugais dans ce mouvement commercial la situation change tout à fait. Nous ne trouvons qu’un « territoire historiographique » presque vide, où seulement récemment ont commencés a apparaitre des études scientifiques.5

En effet, pour cette époque, les sources manuscrites sont disperses et parcellaires, éparpillées par des fonds distincts et ne présentent aucune séquence chronologique ou thématique. Il n’y a pas de collections de documents sur lesquelles on puisse travailler. [End Page 1] C’est souvent en faisant des recherches sur d’autres thèmes que l’on se dépare devant des documents importants pour l’étude de la traite des esclaves. Par exemple, la documentation des Cartórios Notariais du Arquivo da Torre do Tombo à Lisbonne, est une documentation très riche où l’on trouve des données sur les participants de la traite des Noirs avec l’Amérique Espagnole.6 Effectivement on y trouve plusieurs lettres d’affrètement de navires d’hommes qui allaient au Cap-Vert charger des esclaves: mais ces lettres se trouvent parmi une série énorme d’autres documents qui n’ont rien à voir avec ces thèmes. De la même façon, nous ne trouvons pas facilement des séries quantitatives de registres de sorties de navires ou d’esclaves qui nous permettent de construire des hypothèses concernant le développement ou la chute de ce mouvement commercial. Devant ces difficultés on ne s’étonne pas que la production bibliographique sur ce thème soit réduite.

1. L’espace dont on parle

Pour mieux comprendre la traite des Noirs entre le Cap-Vert et les Indes de Castille, nous devons nous arrêter un peu sur les conditions normatives du commerce des îles du Cap-Vert. En le faisant, nous comprendrons pourquoi, dans la première phase, la traite négrière se fait par les îles du Cap-Vert et non directement à partir des ports guinéens, qui étaient, en dernière analyse, les grands centres d’agglomération et de vente d’esclaves africains.

Stratégiquement localisées dans la région du Tropique du Cancer, les îles du Cap-Vert sont devenues, depuis le début de leur occupation, un entrepôt commercial attrayant et une escale nautique d’appui aux navigations atlantiques. Désertes quand elles ont été découvertes...

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