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The Canadian Historical Review 85.1 (2004) 157-159



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Étienne Parent, Discours, édition critique par Claude Couture et Yvan Lamonde, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, « Bibliothèque du Nouveau Monde », 2000, 463 p., étoffe 60,00 $.

Il n'avait pas le glorieux panache du grand orateur politique qu'était Louis-Joseph Papineau. Il n'avait pas non plus la conviction tranquille de François-Xavier Garneau, déterminé à devenir le plus grand écrivain de son temps. Comme Louis-Hippolyte LaFontaine, Étienne Parent fait partie des personnages plutôt ternes de notre histoire et de notre littérature. Pas assez radical pour fomenter ou conduire la rébellion, il a soutenu, en politique, une approche réformiste et modérée. Pas assez romantique pour se consacrer entièrement à son �uvre, il a choisi de s'illustrer dans le genre classique de l'éloquence académique et s'est par là même, interdit l'admiration des tenants de l'art pour l'art. Pourtant, il fut un homme influent. Posé et intelligent, il fut aussi meilleur écrivain, penseur plus riche que l'historiographie ne le laisse entendre.

L'édition critique des Discours, préparée par Claude Couture et Yvan Lamonde pour la Bibliothèque du Nouveau Monde, fait découvrir une parole quelque peu occultée par les circonstances houleuses qui entourent le travail du journaliste au Canadien, mieux connu. C'est en effet une fois passée la grande vague insurrectionnelle, une fois devenu haut fonctionnaire, qu'Étienne Parent se fait conférencier, à l'Institut canadien de Montréal d'abord, puis, après la condamnation, à l'Institut canadien de Québec. L'ouvrage contient ainsi neuf conférences, dont les cinq premières avaient déjà été éditées en volume en 1850. Trois autres [End Page 157] avaient paru ultérieurement en brochures avant d'être réunies aux précédentes en 1878 par l'éditeur Léger Brousseau. Une conférence plus ancienne est donnée ici en appendice (« La presse », 1844) et les éditeurs ont choisi de joindre aux précédentes le discours de 1868 sur « La confédération ».

La première de ces conférences, « L'industrie comme moyen de conserver la nationalité canadienne-française », est mieux connue, faisant l'objet d'une reproduction dans le Répertoire national de James Huston en 1848. Parent y pose les fondements de la thèse qu'il développera par la suite dans le détail : les moyens politiques ne suffiront pas à conserver la nationalité canadienne; il faut assurer le développement économique, au moyen de l'industrie et du commerce. Les conférences qui suivent approfondissent cette thèse. À la lecture, l'on reste saisi de la cohérence de la démarche, du caractère organisé des conférences pourtant étalées sur plusieurs années. Ainsi, après avoir lancé ce premier mot d'ordre, Parent approfondit ses thèses une à une. Il s'agit pour lui « de bien discerner les facteurs qui préviennent ses concitoyens contre ce type d'activité économique : le manque d'instruction et l'absence de connaissance en économie politique » (p. 48). Puis, il explore « le rapport du peuple à l'instruction, en signalant les défauts du système scolaire [...] Enfin, après avoir indiqué la place faite au travailleur, au commis et au clergé, Parent s'impose de décrire la place de "l'aristocratie de l'intelligence" dans le gouvernement des hommes » (p. 48). Cette pensée positiviste, farouchement opposée à toute forme de socialisme ou de communisme, auquel l'auteur oppose une sorte de « spiritualisme social », trouve ses assises dans les thèses de Jean-Baptiste Say, lui-même disciple d'Adam Smith.

Il faudra un jour approfondir ce « courant d'idées politiques dont on a...

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