Abstract

À travers une lecture de La Folie et la mort de l'auteure sénégalaise Ken Bugul, cet article cherche à élaborer une esthétique ciné-romanesque dans la littérature africaine. Suivant une démarche théorique d'après "La loi du genre" de Jacques Derrida, tout en examinant le concept du ciné-roman selon Alain Robbe-Grillet, cet article examine les références cinématiques, la structure dramatique et les innovations techniques au niveau de l'écriture chez Ken Bugul afin de démontrer l'intergénéricité inhérente à son roman. Dans le contexte du discours critique de l'oralité, cette appartenance à plusieurs genres constitue une nouvelle étape dans l'évolution du roman africain qui, dès ses origines se définit par une structure esthétiquement, linguistiquement, et culturellement hybride, poussant les limites des formes et des modes d'expression textuels. Par la création d'une forme et d'un langage qui se libèrent des contraintes du genre romanesque tel quel, adaptant d'ailleurs des techniques cinétiques d'écriture, Ken Bugul traduit d'une manière immédiatement appréhensible le vécu d'une société africaine postcoloniale—celle de sons et d'images contrariés—qu'elle met en scène dans son ouvrage. Ainsi, la démaîtrise du genre romanesque reflète la pluralité culturelle et discursive de l'Afrique contemporaine.

pdf