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Reviewed by:
  • L’exode québécois, 1852-1925. Correspondance d’une famille dispersée en Amérique by Mario Mimeault
  • Marcel Martel
Mimeault, Mario — L’exode québécois, 1852-1925. Correspondance d’une famille dispersée en Amérique, Québec, Septentrion, 2013, 443 p.

Quel beau livre! Il est un peu inhabituel d’amorcer un compte rendu avec une telle expression qui synthétise mon jugement à l’égard du livre. Pourtant cette expression est fort appropriée pour saluer les mérites de l’ouvrage de Mario Mimeault. L’auteur nous présente un livre agréable à lire qui permet aux lecteurs de voyager à travers l’Amérique du Nord. Ce livre démontre sans contredit que les Canadiens français sont mobiles dans la seconde moitié du XIXe siècle puisqu’ils se déplacent à l’échelle continentale. Dans le cas de la famille de Théodore-Jean Lamontagne, qui est l’objet de ce livre, les membres maintiennent leurs liens entre eux grâce à l’échange de lettres. Certes, certains souligneront que l’auteur a été chanceux de trouver un corpus de lettres si riche couvrant une période de plus de 70 ans. Si la chance a peut-être guidé sa quête, l’analyse du corpus et surtout sa mise en récit démontrent l’intelligence de l’auteur et ses talents pour l’écriture.

L’ouvrage est divisé en quatre parties. La première nous présente le support papier puisqu’il est difficile d’écrire un ouvrage sur la lettre sans y consacrer une partie sur ses caractéristiques matérielles. Comme le rappelle Mimeault, la lettre profite du développement de la poste, car sans ces développements, les échanges de lettres auraient été limités et épisodiques. La deuxième partie [End Page 569] permet de découvrir des membres de cette famille, dont 14 d’entre eux ont quitté Sainte-Anne-des-Monts, lieu où vit Théodore-Jean. Si certains comme Antoinette et son mari cherchent à faire fortune en Colombie-Britannique, d’autres sont moins chanceux. Par exemple, Emma se retrouve sur la côte ouest américaine et canadienne, souvent hébergée par ses enfants. La troisième partie traite des causes des migrations des membres de la famille Lamontagne. La lettre permet de découvrir leurs motivations à partir. On y observe des individus capables d’adaptation, mais aussi qui réfléchissent à leur décision de partir. Le choix de partir devient rationnel dans la mesure où les membres de la famille Lamontagne sont convaincus de prendre la bonne décision en fonction des informations à leur disposition. Ce n’est pas un facteur en particulier, mais un ensemble de causes qui interviennent dans le processus complexe menant à la décision de partir. Par ailleurs, Mimeault apporte un éclairage important, soit la prédisposition de la famille Lamontagne à accepter le fait de quitter la région pour tenter sa chance ailleurs. La décision prise par 14 enfants de partir n’est peut-être pas traumatisante pour ces individus puisqu’elle caractérise l’histoire de la famille. Les Lamontagne ont une histoire de se déplacer dans le territoire québécois et dans le contexte de la seconde moitié du XIXe siècle, à l’échelle du continent. Comme l’écrit Mimeault, « il a fallu que se présentent, dans une phase cruciale de leur vie, des obstacles bouchant leurs horizons d’attente, que de grands courants de société leur indiquent en partie la voie à suivre, mais, et surtout, qu’une culture familiale les y prépare et qu’un accompagnement les sécurise » (p. 237). En même temps, ces cas individuels confirment ce que révèlent les études sur l’immigration des Canadiens français. Les Lamontagne sont des acteurs de leur destin. À l’instar de nombreux autres Canadiens français, ils s’installent là où les francophones sont déjà présents en Nouvelle-Angleterre ou dans l’Ouest canadien.

Une des particularités de l’utilisation des correspondances est l’analyse de l’univers mental des auteurs des lettres. Le corpus contient 1 984 lettres...

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