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Reviewed by:
  • Manufacturing a socialist modernity: Housing in Czechoslovakia, 1945-1960 by Kimberly Elman Zarecor
  • Adriana Diaconu
Kimberly Elman Zarecor. - Manufacturing a socialist modernity: Housing in Czechoslovakia, 1945-1960. Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2011, 383 pages.

Après la mort de Staline, la méthode de construction d’immeubles de logements à partir de panneaux préfabriqués est employée massivement dans les pays du Bloc de l’Est jusqu’à la chute du rideau de fer. Kimberly Elman Zarecor revient sur les origines de cet usage dans l’architecture tchécoslovaque afin de nuancer l’idée simplificatrice de l’imposition de l’architecture soviétique dans ce pays satellite. L’auteure cherche à retrouver les filiations possibles de cette technique avec l’activité de l’avant-garde tchèque de gauche et ses idées et expérimentations architecturales durant l’entre-deux-guerres.

Issu d’une thèse d’histoire de l’architecture, l’ouvrage ne traite pas seulement de l’évolution des théories mais s’attache aussi à retracer une histoire de la profession d’architecte. Il s’intéresse particulièrement à la marge de manœuvre et à l’influence qu’ont pu véritablement avoir les architectes locaux dans les décisions concernant la construction dans l’après-guerre. L’objectif central étant donc de comprendre la relation des architectes avec le pouvoir, l’auteure s’attache à suivre les trajectoires de quelques figures-clés ayant occupé des positions importantes dans le système de planification.

L’ouvrage est présenté avec modestie comme une « lecture possible » (p. 4) d’un grand nombre de sources en partie inédites, provenant d’archives ministérielles, nationales, régionales et municipales tchèques et slovaques, de publications diverses et de la littérature grise, enfin du périodique spécialisé de l’époque Architektura CSR. La période retenue, assez mal connue, va de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la déstalinisation. Bien que le titre annonce une chronologie allant de 1945 à 1960, l’étude s’étend en fait jusqu’en 1956. Il s’agit d’une époque charnière de mise en place du système communiste, y compris dans l’exercice de la profession d’architecte. La création traditionnelle de filiation artistique à partir de commandes attribuées aux architectes travaillant de manière autonome est remplacée par le « déterminisme technologique », fondé sur la standardisation et les projets-types reproductibles, élaborés collectivement. L’auteure s’intéresse donc à ceux qui ont fait émerger cette approche technocratique de l’architecture dans l’entre-deux-guerres, [End Page 160] puis à ceux qui l’ont promue dans l’après-guerre, pour l’imposer enfin comme dominante à partir de 1956.

L’évolution de la pratique architecturale, qui est donc l’objet principal du livre, trouve son illustration dans la conception du logement. Selon l’auteure, le logement s’impose en effet dans les préoccupations des architectes après la guerre, tout en leur conférant une position de pouvoir (p. 27), à cause de la crise accrue du logement qui marque cette période.

Le livre est conçu de manière chronologique, avec cinq chapitres dédiés à des tranches temporelles significatives mais qui illustrent aussi cinq thématiques à l’aide d’une ou plusieurs études de projets ou monographies d’architectes.

Le premier chapitre présente la période du premier plan biannuel de l’aprèsguerre (1945-1947), caractérisée par un regroupement d’associations d’architectes, le Bloc des associations des architectes progressistes (BAPS), qui s’engage activement dans l’effort de reconstruction. Afin d’expliciter les filiations du BAPS, l’auteure revient sur les associations préexistantes dont les membres ont influencé la direction promue après 1945. Dans les années 1920, de jeunes architectes ont été influencés par la vision « technocratique » de l’architecture adoptée par le chef de file de l’avant-garde tchèque, Karel Teige. L’auteure montre qu’après 1945, ces idées et expérimentations de l’entre-deux-guerres sont remises à l’honneur par les architectes du BAPS, préoccupés par le rôle...

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