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B o o k R ev iew s Richard J. Golsan, ed. F a s c is m , A e s t h e t ic s , a n d C u l t u r e . Hanover and London: University Press of New England, 1992. Pp. xviii + 308. Décidément, il n ’est pas facile d ’éviter le climat nauséeux du “ P.C .” : cette aberration qui, sous un prétexte épuratif, consiste à mettre la pensée au pas! C’est peut-être pourquoi Richard Golsan, dans sa préface, et certains collaborateurs, dans leur article, ont l’air de marcher sur des oeufs... Comme le discutent Ungar pour Heidegger et Dasenbrock pour Paul de Man, les révélations sur le “ nazisme” ou le “ fascisme” de plusieurs maîtres à penser tracassent, encore aujourd’hui, forces intellectuels et universitaires bon teint. Il en découle un révisionnisme qui les concerne ironiquement. De là maintes gloses à leur esprit défendant. Ce qui les oblige à ressasser parfois le nouveau dogme en guise de précautions oratoires. Sous un titre où chaque virgule compte, ce recueil comporte une douzaine d’études qui, précisément, ne traitent pas toujours les trois domaines dans la même proportion. Si chacune d’elles a mérite, pour l’information souvent très intéressante qu’elle fournit (par exemple, sur la Mostra de 1932, que Schnapp “ visite” en tous sens, documents illustrés à l’appui), leur ensemble est trop vaste et surtout trop varié pour que je puisse le résumer. D’autant plus que ces débats spécialisés, pour être évalués à bon escient, demandent une compétence qui, dans tel ou tel cas, me fait défaut (Nolde, Benn, Lewis, Serrano, Ballester, etc.). Cela n’empêche pas le lecteur, malgré tout ce qu’il apprend: sur ces auteurs, ces artistes, leurs oeuvres et leurs rapports au fascisme, d’exercer un droit de regard, quand il estime être assez au courant. Commençons par ce qui touche à Céline. Son racisme et son antisémitisme avérés ne suffisent pas pour en faire, à proprement parler, un écrivain fasciste et un collaborateur. C’est la tarte à la crème du critique malavisé ou malintentionné: que Dasenbrock, hélas! nous ressert dans ses deux textes. Même Scullion, qui connaît pourtant bien sa partie, exagère plutôt en suggérant que le discours raciste “ à la Céline” avait contribué, en son temps, à l’expansion du nazisme. D ’ailleurs, nonobstant l’anachronisme implicite, ellem ême se contredit, puisqu’elle note que, non seulement les nazis allemands, mais aussi les fascistes français, se méfiaient de Céline à l’époque (et vice versa). Drieu la Rochelle, dont il est à peine question ici, eût été en l’occurrence un meilleur échantillon: bien que son fascisme soit pour le moins problématique. A propos d ’Ezra Pound, dont Casillo décortique deux Cantos plus biscornus que fascisants, il me semble également que ses causeries à la radio de Rome (je ne les ai pas maintenant sous les yeux, mais j ’en ai traduit quelques-unes jadis) relèvent de la littérature beaucoup plus que de la politique. Toujours dans le répertoire américain, Dasenbrock m ’a donné très envie de lire The A rt o f Being Ruled: c’est la preuve même d’une bonne analyse! (Du reste il mouche bien Jameson pour son parti pris contre Lewis.) Par ailleurs, je le louerai aussi d ’être attentif à l’oncle de Paul: Henri de Man, qui est sans doute, mutatis mutandis, un penseur plus important que son neveu. Et cela nous ramène au motif du recueil. Son but est largement atteint dans la mesure où, par l’examen d’une série de cas d’espèce à l’intérieur des mouvements du siècle, il aide à mieux comprendre la dialectique du fascisme et du modernisme (en tenant compte du futurisme à leur charnière). Il montre au surplus que, dans l’ordre esthétique et culturel, rien n’existe hors de l’histoire, même et surtout quand on s’imagine pouvoir la transcender. Il...

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