In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

WOMEN IN FRENCH STUDIES Eurydice et Persephone: paradigmes revisités par Cixous et Chawaf Lorsque les écrivaines et les théoriciennes contemporaines, par exemple Hélène Cixous, Chantai Chawaf, Jeanne Hyvrard, Luce Irigaray et autres, parlent de la femme, que ce soit dans leurs textes littéraires ou dans leurs essais, on comprend facilement qu'elles la placent le plus souvent au centre de leurs préoccupations, surtout dans le cas des rapports que la Femme entretient avec«l'autre», quelle que soit la nature ou le genre de ce dernier. Si on cherche les paradigmes unificateurs de cette problématique, c'est-à-dire du rôle qui incombe aux personnages féminins dans cette littérature, on peut trouver audel à du niveau immédiat, anecdotique des textes, et du point de vue mythologique, quelques mythèmes fondamentaux porteurs des relations qui lient (dans plusieurs sens du terme) la FEMME soit à sa MÈRE soit à son EPOUX ou compagnon (ou encore le PÈRE). Évidemment, ces mythèmes sont transformés, réécrits par ces auteures, et c'est à partir de la réécriture chaque fois différente ou très particulière, mais en même temps symptomatique des mouvements de pensée plus larges, que nous pouvons déduire quelle est la position de la littérature contemporaine face aux paradigmes qu'elle véhicule. La tradition telle qu'héritée des Grecs veut que Persephone se situe dans l'hésitation entre la loi de la mère (Demeter) et Ia loi de l'époux (Hadès, en l'occurrence); il reste la question de la relation qu'elle entretient avec son père Zeus, ce qui est par exemple abordé par Luce Irigaray (Le Temps de la différence 1 15). Elle est donc constamment aux prises avec ces deux impératifs, sans arrêt dans ses fuites du monde diurne vers le monde nocturne et vice-versa. La première descente, c'est-à-dire l'abduction de Korè la vierge (qui ne devient Persephone qu'une fois initiée à la rencontre erotique avec l'homme, ou bien après avoir été violée par ce dernier, selon les interprétations), produit un effet néfaste chez sa mère Demeter, un arrêt de toute croissance sur terre, comme l'atteste le mythe. Dirait-on que la mère possessive ne soit pas prête à lâcher l'emprise sur son enfant? Faudrait-il supposer, dans ce sens, que l'abduction de Korè symbolise la phase nécessaire dans la relation mère/fille, leur séparation, pour que la fille puisse recevoir Ia semence de l'homme? Toujours est-il que la fille, Korè ou Persephone, n'est pas libre de disposer d'elle-même: elle est soit sujette à sa mère, une sorte de prolongation de cette dernière, ou bien obligée de retourner auprès de Hadès. L'archétype de la mère possessive (Demeter) par rapport à la fille qui lutte pour se libérer de cette emprise ou bien succombe sous la volonté de la plus forte, à savoir de la mère, est montré et développé en profondeur par Jean Shinoda Bolen, dans Goddesses in Everywoman. A New Psychology ofWomen.1 82 WOMEN IN FRENCH STUDIES La séparation entre la fille et la mère empêche cette dernière de fonctionner, d'assurer son rôle de déesse de fécondité, question qui semble intriguer Cixous dans une grande partie de ses textes, en l'occurrence dans IUa (1980). D'autre part, il est possible d'avancer que le rapprochement entre la fille et un homme est sans doute nécessaire pour que soit maintenue la procréation. Voilà un des paradoxes qui semblent ressurgir dans le questionnement contemporain sur les mythes, surtout au moment de leur réécriture dans la littérature actuelle. De son côté, Eurydice telle qu'on la connaît le mieux, c'est-à-dire comme épouse d'Orphée, est définie presque uniquement par sa dépendance du désir, de la volonté de cet homme. Femme traditionnellement reléguée à l'au-del...

pdf

Share