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WOMEN IN FRENCH STUDIES Unica Zürn et un Surréalisme affolant Je dis que la folie est un coup monté Je n'admets pas je ne pardonnerai jamais à personne d'avoir pu être salopé vivant pendant toute mon existence Antonin Artaud André Breton et les Surréalistes ont offert à la «folie» un nouveau contexte dénonciation, la promouvant au rang d'expression artistique en prise directe sur le contenu psychique de l'individu. S'inspirant des «découvertes» de JeanMartin Charcot sur l'hystérie, ce qu'il a lui-même appelé «la plus grande découverte poétique du dix-neuvième siècle», ainsi que des travaux de Pierre Janet sur l'écriture automatique, du concept freudien de l'inconscient et de la psychanalyse des rêves, les Surréalistes se sont aventurés dans une perspective artistique qui s'engage à la fois dans la sphère sociale et la conscience individuelle. Et le médium à travers duquel la «folie» de cette conscience individuelle est appelée à s'exprimer, c'est l'élément féminin que le Surréalisme associe à l'hystérie, à l'imagination, à l'instinct de création, à cette enfance «où tout concourait... à la possession efficace, et sans aléas, de soim ême» (Les manifestes du Surréalisme 37). La Femme, Muse, Mère et Sorcière incarne aussi l'enfant, siège de l'imagination et de la poésie, du merveilleux, de l'expression pure, de cette «voix surréaliste» assimilable à un appel mystique. Je ne vois pas la femme... C'est à travers la conceptualisation d'une Femme-enfant que s'annonce une révolution surréaliste, par l'entremise de cette femme, réelle ou fictive, qui devient l'objet d'expression, le véhicule de l'imagination, le creuset de Ia création1. Au-delà des objectifs de libération mis de l'avant chez les membres du groupe, c'est par sa représentation en tant qu'être à la fois pur et impur, femme vicieuse et virginale dépeinte dans les tableaux et incarnée dans les sculptures des artistes que la femme «surréaliste» se trouve emprisonnée dans les archétypes de la féminité. Xavière Gauthier souligne que «les images de Ia femme, véhiculées par le discours surréaliste, évoquent Ia longue áltente, la vaine quête, d'une femme unique au monde» (42), grande déesse où se logent toutes les contradictions, femme aux multiples faces capable de combler tous les désirs. Le discours surréaliste qui porte sur la femme fonctionne comme un ventriloque qui souffle imperceptiblement ses paroles, comme s'il se parlait à 64 WOMEN IN FRENCH STUDIES travers elle. Ce ventriloquisme est marqué d'une récupération de la femme, non seulement en tant que principe éthéré, mais à l'intérieur de rapports réels, d'associations artistiques ou amoureuses. A la manière des dyades psychiatriques qu'ont formées avec leurs patientes les Charcot, Janet, Breuer et Freud, le Surréalisme prend appui, à la fois théoriquement et pratiquement, sur la mise en scène d'un partenariat entre l'artiste et sa muse, l'artiste créant la muse créant l'artiste. Les scènes surréalistes rappellent l'Olympia d'E.T.A. Hoffman, femme idéale, automate surgie de l'imagination de son créateur, mais dont le sang glace de peur; cette femme qui malgré sa perfection, ou peut-être à cause de celle-ci, se révèle pour toujours insatisfaisante, nécessairement inadéquate. Au cours des premières décennies de la fondation du groupe, nombre de couples se sont formés parmi les Surréalistes, couples qui se sont fondés pour ensuite se défaire à l'intérieur d'une quête constante pour l'union parfaite, les vases communiquants, l'amour fou, voire l'immaculée conception de l'art. Breton et Nadja, Max Ernst et Leonora Carrington, Yves Tanguy et Kay Sage, Hans Bellmer et Unica Zürn, Antonin Artaud et Colette Thomas, Diego Rivera et Frida Kahlo, Salvador Dali et Gala... autant de couples devenus mythiques, et dont la mythologie entoure...

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