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  • La culture artistique au Québec au seuil de la modernité. Jean-Baptiste Lagacé. Fondateur de l’histoire de l’art au Canada by Olga Hazan
  • François-Marc Gagnon (bio)
Olga Hazan, La culture artistique au Québec au seuil de la modernité. Jean-Baptiste Lagacé. Fondateur de l’histoire de l’art au Canada, Québec, Septentrion, Cahiers des Amériques, coll. Beaux-Arts, 2010, 618 p., 44,95$

J’ai rencontré—si je peux dire—le personnage de Jean-Baptiste Lagacé lors de mes recherches sur les débuts de la carrière de Borduas comme enseignant dans les écoles primaires. Leurs chemins se sont croisés à deux reprises. La première fois se situe à l’automne 1928, donc un an après la sortie de Borduas de l’École des Beaux-Arts. Nommé inspecteur de dessin à la Commission scolaire, Lagacé avait libéré le poste de professeur de dessin qu’il occupait à l’École du Plateau. Ce poste fut d’abord offert à Borduas. Mais ce ne fut que pour une courte période, puisqu’une semaine après, il découvrait que son ami Léopold Dufresne l’avait remplacé. L’affaire est racontée en détail dans Projections libérantes, jusqu’au récit de sa démission comme professeur à la Commission et son départ pour les Ateliers d’art sacré à Paris. On ne peut pas tirer grand-chose de cette première occurrence. Lagacé n’y était pour quelque chose que bien indirectement. La seconde fois eut plus de conséquence. Après son retour de France, Borduas retourne à l’enseignement dans les écoles primaires. C’est Lagacé qui lui fit une belle lettre de recommandation, toujours conservée aux archives de la Commission scolaire de Montréal—la CECM comme on disait dans le temps—insistant sur la qualité de la formation de Borduas à Montréal et à Paris et sur son expérience antérieure comme professeur de dessin. À en croire ses rapports comme inspecteur de dessin, l’enseignement du dessin était dans un état lamentable et il comptait sur un Borduas, formé à l’École des beaux-arts et aux Ateliers d’art sacré auprès de Maurice Denis, pour l’appuyer dans sa tâche. Bref, dans le ciel borduasien, Lagacé était une étoile bienveillante.

Quelle ne fut pas ma surprise à la lecture du gros livre extrêmement fouillé d’Olga Hazan, retraçant la carrière et surtout les idées de « Jean-Baptiste Lagacé, fondateur de l’histoire de l’art au Canada »! Présenté avec toute l’érudition souhaitable, le personnage ne pouvait pas se situer plus loin de Borduas, de sa peinture et de ses idées. Il se révèle lui-même assez dans les « lettres » qu’il envoyait à la feuille de Jules-Paul Tardivel qui avait l’arrogance bien catholique de s’appeler La Vérité, ni plus ni moins. Son fanatisme religieux, qui nous vaut du Sacré-Cœur à toutes les pages, du [End Page 829] Paray-le-Monial, où il est question des apparitions à la « bienheureuse Marguerite-Marie » sans le moindre esprit critique et de consécration du genre humain (rien de moins) au Sacré-Cœur, des messes à n’en plus finir … Son patriotisme, revanchard, attaché à la France d’extrême-droite, faisant l’éloge de nos zouaves pontificaux, n’ayant que de la haine pour l’Anglais. Pis encore, son antisémitisme et son racisme généralisé … s’y étalent à toutes les pages. Comme le personnage d’Yvon Deschamps, ce bon catholique aimait tout le monde sauf les Juifs (désignés comme les « sans-patrie », ou la « juiverie » ou « la France juive » ou simplement « les Juifs »), les Anglais et leurs « Misses », les « grosses Allemandes », les Italiens dont le « mauvais goût » et la « mollesse » seraient notoires, les Américains (toujours désignés comme des touristes ignares et sans manière, faciles à exploiter), les Chinois désignés comme la « vague jaune », les Francs-maçons (associés aux Juifs et aux « sans-patrie », etc. Son patriotisme nationnaleux, son éloge de la bannière, du drapeau français comparé à celui du Dominion, comme il...

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