In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L’épreuve de la béance. L’écriture nomade chez Hédi Bouraoui by Abderrahman Beggar
  • Catherine Khordoc (bio)
Abderrahman Beggar, L’épreuve de la béance. L’écriture nomade chez Hédi Bouraoui, New Orleans, Presses universitaires du Nouveau Monde, 2009, 111 p.

Sans aucun doute, l’œuvre de Hédi Bouraoui interpelle chercheurs et étudiants d’un peu partout en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique. Cela se manifeste dès que l’on regarde d’où viennent ceux qui signent des articles publiés dans divers collectifs, tels que Perspectives critiques. L’œuvre de Hédi Bouraoui (s. la dir. Elizabeth Sabiston et Suzanne Crosta) ou Hédi Bouraoui. Iconoclaste et chantre du transculturel (s. la dir. Jacques Cotnam); des critiques provenant d’Algérie, du Canada, de France, d’Italie, entre autres. Et cela n’a rien d’étonnant au fond, car l’œuvre de Bouraoui, composée de plus d’une dizaine de romans, de deux douzaines de recueils de poésie et d’une dizaine d’essais (sans compter ses articles), est riche, stimulante, amusante et intrigante. Une fois qu’on a lu un ou deux de ses textes, comment ne pas vouloir creuser un peu plus cette œuvre?

L’étude de Beggar, une monographie d’une centaine de pages, est divisée en trois parties : « Béance et instinct de mort », « Béance et altérité » et « Béance et “nomaditude” ». Sa très belle introduction rappelle pourquoi cette œuvre nous interroge. C’est le refus des frontières de tous genres (littéraires, géographiques, culturelles, linguistiques, etc.), le regard franc et critique sur nos sociétés, la langue inédite, entre autres, qui nous amènent à mieux vouloir la comprendre. Pour Beggar, il faut ajouter que c’est aussi plus particulièrement un questionnement sur le concept de « béance », concept polysémique, innové par Bouraoui, qui le motive à s’y attarder. « La béance bouraouïenne est propre au zéro qui est, certes, [End Page 807] néant, vide. En même temps, accouplé avec un autre chiffre, il est symbole de perfection et complétude », écrit Beggar en find’introduction.

Muni d’une bibliographie et d’un index (ce dernier étant toujours fort utile mais trop souvent exclu des ouvrages en français), cette étude adopte une approche philosophique pour analyser l’œuvre de Bouraoui, approche inspirée principalement des pensées de Nietzsche, Freud, Lacan et Zizek. Nous devons le dire : la tâche du lecteur n’est pas des plus faciles. Lorsque Beggar fait reposer son analyse sur des passages précis tirés des écrits de Bouraoui, ses propos sont limpides et éclairants. Cependant, il y a aussi des discussions qui peuvent être déroutantes pour le lecteur qui n’aurait pas les connaissances philosophiques de Beggar, en partie, parce qu’elles s’éloignent un peu trop de l’objet d’étude principal. Nous en citons un exemple, tout en demeurant consciente qu’il se trouve ici hors-contexte : « La sortie du destin est la sortie de la mort. La force du simulacre vient de la croyance que nous avons en lui de ne pas succomber au Néant. En ignorant la mort, le simulacre, dans un effort de réduire la durée au présent éternel du spectacle, tue le futur ». En même temps, on relève de très beaux passages, perspicaces, rendant justice à l’œuvre de Bouraoui : « Pour Bouraoui, tout ce qui s’oppose à la liberté de “nomader” est charpente pour un ghetto. Il faut se retrouver avec soi, hors des frontières et de l’enfermement pour se réinventer, recréer tout, même la culture (d’où son concept de “créaculture”)».

Nous nous trouvons donc face à une étude exigeante, qui éclaire certes des dimensions de l’œuvre bourauouienne, mais les rendant plus compliquées aussi d’une certaine façon, ce qui, pour nous, est un peu étranger à l’écriture de Bouraoui car, dans toute sa complexité, son œuvre demeure néanmoins tout à fait accessible. Cela ne signifie pas que nous ne recommandons pas la lecture de cette étude, car...

pdf

Share