In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Le recueil de Dorais. Volume I. Les essais by Fernand Dorais
  • François Paré (bio)
Fernand Dorais, Le recueil de Dorais. Volume I. Les essais. Tomes 1 à 4. Textes réunis présentés par Gaston Tremblay, Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2011, 600 p., 39,95$

Essayiste contestataire et passionné, Fernand Dorais est assurément l’un des chroniqueurs les plus importants des premiers moments de la Révolution tranquille au Québec et, au début des années 1970, de l’émergence de certaines institutions culturelles franco-ontariennes à l’Université Laurentienne et dans la région de Sudbury. Né à Saint-Jean-sur-Richelieu au Québec, Dorais s’inscrit au noviciat jésuite à Montréal en 1949. Devenu prêtre, il enseigne d’abord au Collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse, puis à partir de 1969 à l’Université Laurentienne jusqu’à son départ de Sudbury pour la retraite en 1993. Nombreux sont ceux qui ont noté son rôle crucial, bien qu’effacé, auprès d’André Paiement, de Gaston Tremblay, de Robert Dickson et de l’ensemble des [End Page 804] jeunes Franco-Ontariens qui fondaient en 1972 la Coopérative des Artistes du Nouvel-Ontario (CANO), le Théâtre du Nouvel-Ontario et les éditions Prise de parole. Moins connu pour ses commentaires sur la contre-culture des années 1960 au Québec et sur les mouvements de contestation qui soulèvent alors les milieux universitaires, Fernand Dorais a pourtant publié dans divers périodiques des dizaines de textes importants sur les revendications étudiantes dont on pouvait alors voir les échos à Montréal, Trois-Rivières et ailleurs. Dans plusieurs des textes de la période « québécoise », il affiche un puissant désir de transformation sociale et en appelle à une morale radicalement ouverte à toutes les différences à l’intérieur d’un christianisme éclairé. Il se fait le témoin et le porte-parole d’une « lutte contre le Père » dont l’issue ne pouvait être à ses yeux qu’une nouvelle « démocratisation du Savoir ». Si l’homosexualité de Dorais transparaît peu dans ses premiers essais publiés dans la revue Relations à partir de 1965, elle se fait de plus en plus explicite en fin de carrière et dans des œuvres de fiction dont la publication posthume est maintenant prévue pour 2013.

Sous le titre Le recueil de Dorais, une première rétrospective des textes de l’essayiste paraissait récemment aux éditions Prise de parole, dans une sélection faite par Gaston Tremblay qui en assure aussi la préface. L’essentiel de ce volume est la reprise des deux ouvrages publiés du vivant de l’auteur, Entre Montréal et … Sudbury : pré-textes pour une francophonie ontarienne (Sudbury, 1984) et Témoins d’errances en Ontario français : ré flexions venues de l’amer (Hearst, 1990). À noter que le titre du premier volume d’essais s’est trouvé assez curieusement amputé du qualificatif « ontarienne » dans cette nouvelle édition, laissant simplement « réflexions pour une francophonie ». Cette omission rendra plus d’un lecteur perplexe. La reprise de ces deux livres bien connus est précédée d’un choix d’articles et de conférences datant de la fin des années 1960 et suivie de deux articles sur Thérèse Tardif et Simone Routier, d’abord publiés respectivement en 1995 et 1997 dans les Cahiers Charlevoix : études franco-ontariennes.

Dans la préface à cette anthologie, Gaston Tremblay tient à souligner à nouveau l’influence incontestable de Fernand Dorais sur les initiateurs de CANO, alors étudiants à l’Université Laurentienne. Le professeur de littérature les reçoit souvent dans son bureau et les encourage en faisant valoir l’importance des luttes de transformation sociale dont il a déjà pu observer l’impact dans les universités et collèges du Québec. « Alors que les membres de CANO s’investissent dans la production et la promotion d’œuvres artistiques franco-ontariennes », écrit Tremblay, « Fernand Dorais s’intéresse à l’étude de la culture et de la littérature franco-ontariennes en émergence. » Jouant de la « maïeutique », le professeur...

pdf

Share