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Reviewed by:
  • Nouvelle-France. English Colonies. L’impossible coexistence 1606–1713 by Robert Lahaise
  • Roland Le Huenen (bio)
Robert Lahaise, Nouvelle-France. English Colonies. L’impossible coexistence. 1606–1713, Québec, Septentrion, 2006, 300 p., 34,95$

Parmi les nombreuses études existantes sur l’histoire de la Nouvelle-France, l’ouvrage de Robert Lahaise se fait remarquer par la manière dont il envisage son sujet. Refusant « l’histoire globalisante », il s’attache à retracer les « luttes continuelles ayant alors eu lieu » entre Français et Anglais pour la possession du territoire. L’argument repose sur l’existence potentielle d’un conflit dès le début du XVIIe siècle entre prétentions françaises et anglaises, à partir du moment où de leurs capitales respectives d’un simple trait de plume les rois de France et d’Angleterre, Henri IV et Jacques 1er, attribuaient à leurs sujets des zones territoriales communes en Amérique du Nord, comprises entre les 34e et 46e parallèles de latitude nord. De cet antagonisme initial naîtront tout au long du siècle des conflits violents et constants entre Anglais et Français aidés de leurs alliés amérindiens. À première vue la lutte semble inégale entre une population française qui ne représente qu’un vingtième de celle des colonies anglaises confinées à l’est des Appalaches, alors que l’occupation française s’étend de la Baie d’Hudson au golfe du Mexique. Mais l’équilibre est maintenu grâce aux alliances qui rassemblent du côté français la majorité des Amérindiens. S’il est soudain rompu au traité d’Utrecht de 1713, c’est que la France est terriblement affaiblie et ruinée par les guerres successives de Louis XIV et que la Nouvelle-France paie « pour l’impérialiste impéritie de son roi dit Soleil en perdant une partie de son territoire » (4e de couverture). L’ouvrage est divisé « en cinq chapitres datés politico-militairement en fonction des conflits entre Français, Anglais et leurs alliés amérindiens ».

Le premier chapitre (1606–1667) examine plusieurs questions : les origines du conflit entre Français et Iroquois, la recherche par les Français de moyens leur permettant de maîtriser le commerce des fourrures dans les régions ouest et sud de leur territoire, la question des frontières avec l’Acadie, la création et les déconvenues de la Compagnie des Cent-Associés, les conséquences pour la Nouvelle-France de la reprise des hostilités en Europe entre l’Angleterre et la France, la lutte pour le monopole des pêcheries de Terre-Neuve et le développement des premières luttes franco-iroquoises (1641–1667). Il est clair que pour Robert Lahaise les Iroquois visent à l’élimination des nations indiennes qui [End Page 746] procurent des fourrures aux Français, puis des Français eux-mêmes afin de monopoliser la traite avec les Anglo-Hollandais. Le deuxième chapitre (1667–1682) traite des ambitions expansionnistes françaises, jugées « irréalistes », afin de consolider le commerce des fourrures. Tandis qu’à l’ouest canadien les missions jésuites évangélisent de nouvelles tribus indiennes potentiellement à même de fournir des fourrures, au sud les expéditions de Louis Jolliet, du père Marquette et de Cavelier de La Salle vers le Mississipi cherchent à enfermer la présence anglaise à l’est des Appalaches. Ces différents mouvements expansionnistes vont bien évidemment à l’encontre des visées des Iroquois qui reprennent les hostilités dès 1684. Le troisième chapitre (1682–1689) rend compte de celles-ci ainsi que de la catastrophique administration de La Barre, remplaçant de Frontenac, qui maladroitement compromet les alliances indiennes, et de celle de Denonville qui tente sans grand succès de réparer les désastreuses bévues de son prédécesseur jugé par l’intendant de Meulles « plus dangereux pour le Canada que les Iroquois mesme ». Denonville se voit contraint d’abandonner les forts Frontenac et Niagara laissant la Nouvelle-France fragilisée sur son flanc ouest, et ne peut empêcher le massacre de...

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