In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

  • Roman 2011
  • Pierre Karch (bio)

On qualifie de « logorrhée » un besoin irrésistible de parler, une tendance à parler à l’excès. C’est le mal de ce siècle qui n’en est qu’à ses débuts. Et ce mal se répand, depuis quelques années, à l’écriture. Un auteur n’est plus satisfait d’écrire un premier roman; ce roman doit être le premier tome d’une trilogie. Un autre sent le besoin d’en publier deux au cours d’une même année. Aucun éditeur, nourri par des octrois venant de diverses sources gouvernementales tant fédérales que provinciales et régionales, semble prêt à laisser entendre à ces écrivains qui souffrent de la diarrhée de l’écriture qu’ils devraient se relire, polir leurs textes, suivre la règle de Boileau qui n’a pourtant rien perdu de sa valeur, « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ». Fort heureusement, il y a encore des écrivains de métier qui espacent leurs publications pour se donner le temps de mûrir leurs idées et polir leur style. Ils sont malheureusement le plus souvent de langue anglaise ce qui fait qu’un roman de France Daigle et un autre de Linda Spalding, qui a mis dix ans à écrire le sien, n’ont aucun rapport sur le chapitre de l’excellence même si les deux œuvres ont été, cette année, couronnées du prix du Gouverneur général. Nous nous éloignons d’une année à l’autre des modèles que nous ont donnés les Germaine Guèvremont, Gabrielle Roy et Anne Hébert. Heureusement qu’il nous reste des œuvres qui méritent de passer à la postérité comme celles de Daniel Castillo Durante, Jacques Folch-Ribas, Hans-Jürgen Greif et Jean-Louis Grosmaire. [End Page 655]

Alto

La porte du ciel de Dominique Fortier est un roman historique qui n’a pas la prétention de l’être. L’action a lieu durant la guerre de Sécession aux États-Unis, au cours du XIXe siècle. L’auteure rappelle certains faits, mais elle ne s’éloigne jamais de la fiction qui met en scène des personnages de son invention qui prennent vie sous sa plume qu’elle trempe dans la sueur des esclaves et les larmes des femmes, avec un succès rare.

Un enfant naît et vit au 804 du 5969e étage de l’Édifice. Qu’y a-t-il à l’extérieur, derrière les murs de béton de cette structure qui est à elle seule un monde? Sous béton de Karoline Georges est un roman d’anticipation que dévore la poésie qui soulève quelques questions sans leur apporter des réponses satisfaisantes.

La marche en forêt, le premier roman de Catherine Leroux, est la réalisation d’une promesse faite à sa grand-mère, celle d’écrire des livres. Pour ses débuts, elle ne choisit pas une intrigue facile, un petit nombre de personnages, quelques souvenirs personnels. Au contraire, elle y rassemble quarante membres d’une famille répartis sur six générations qu’elle nous demande de suivre à mesure qu’elle nous les présente, ce qui frise parfois la monotonie, car les quelques premiers chapitres, tous brefs, commencent par la même tournure, procédé facile dont le lecteur se lasse vite: « C’est un homme… C’est l’histoire d’une femme… C’est un homme… C’est une femme… C’est l’histoire d’un homme… » Beaucoup de couples. Beaucoup d’enfants. Autant de drames. Cela ne peut guère finir bien.

Boréal

« Entreprise aux dimensions surhumaines que France Daigle mène à son terme avec une éblouissante virtuosité, Pour sûr, est une somme encyclopédique, un labyrinthe, une exploration de la folie des nombres, un précis de typographie, un reliquaire, une défense de la langue chiac, une réflexion sur les cultures minoritaires et leur obsession linguistique, un jeu de pistes, le roman d’un coin de pays », annonce le premier paragraphe du feuillet publicitaire des éditions du Boréal. Ce roman a...

pdf

Share