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Reviewed by:
  • Rethinking Medieval Translation: Ethics, Politics, Theory edited by Emma Campbell and Robert Mills
  • Serge Lusignan
Rethinking Medieval Translation: Ethics, Politics, Theory. Edited by Emma Campbell and Robert Mills. Cambridge: D. S. Brewer, 2012. 304 pp., ill.

La riche polysémie du terme anglais translation permet au présent ouvrage de revendiquer un champ de compétence très vaste, trop sans doute. En français, il faudrait convoquer les mots ‘traduction’, ‘transmission’ et ‘transformation’ pour décrire les champs de recherche dont relèvent les onze contributions qu’il regroupe. Cinq articles portent sur la traduction linguistique et la situation de langue en contact qu’elle provoque. Marilynn Desmond examine la traduction d’Homère en italien et ses implications culturelles. Miranda Griffin illustre la fonction glossatrice de la traduction dans l’Ovide moralisé. Catherine Léglu analyse la représentation textuelle et iconographique de Lucrèce dans la traduction de Valère-Maxime par Simon de Hesdin. Jane Gilbert étudie la prise de conscience de la distance linguistique à l’intérieur du français chez les dérimeurs de la cour de Bourgogne. Quant à Ardis Butterfield, elle ouvre des perspectives éclairantes sur le rapport entre le français et l’anglais dans sa belle étude comparative des poèmes de Charles d’Orléans, John Lydgate et Thomas Hoccleve. Dans une tout autre perspective, Robert Mills considère la figure du traducteur dans la vie de Thomas Becket dans le South English Legendary, alors que Zrinka Stahuljak traite de la fonction du traducteur dans une situation de guerre. Quant aux quatre autres contributions, deux explorent la notion de transmission, soit d’un point de vue fonctionnel dans l’oeuvre de Ramon Llull (William Burgwinkle), soit textuel, à partir de la Chanson de geste (Luke Sunderland), alors qu’une troisième se penche sur la transformation morale de Théophile dans le Miracle du même nom (Emma Campbell), et qu’une dernière sur la basoche reste excentrique quant au thème de l’ouvrage (Noah D. Guynn). En guise de conclusion et de synthèse, Simon Gaunt élargit la réflexion sur l’au-delà de la traduction, en discutant à la lumière de Jacques Derrida de la non-traductibilité des noms propres en glosant sur le toponyme ‘Babel’. Dans l’ensemble, on est frappé par l’omniprésence du fait français dans l’étude de la traduction vernaculaire médiévale. Huit des onze contributions sont consacrées entièrement ou partiellement à l’étude de textes en français ou à des phénomènes concernant le monde francophone. Seules trois autres se positionnent complètement à l’écart de ce domaine linguistique, Mills considérant une question anglaise, Desmond, un sujet italien, et Burgwinkle, l’incroyable polyglotte Ramon Llull. On est d’ailleurs surpris en parcourant la bibliographie cumulative de l’ouvrage de constater la faible proportion de références en français, un peu moins d’un quart environ. Des noms majeurs de la bibliographie française sur la traduction vernaculaire médiévale sont absents, tels François Bérier, Charles Brucker, Joëlle Ducos, Jacques Monfrin ou Pierre Nobel. D’autres cités, le sont peu eu égard à l’importance de leurs travaux: je pense en particulier à Claude Buridant. Ce n’est pourtant pas à cause d’une fermeture à la culture académique française: Derrida est omniprésent dans la bibliographie et dans les différentes contributions. Tout cela reflète sans doute le postulat du recueil que la réflexion théorique moderne sur la traduction est susceptible de mettre en évidence des aspects de la traduction médié-vale restés inaperçus jusqu’à maintenant. Il est intéressant de comparer sous ce rapport [End Page 547] Rethinking Medieval Translation avec le récent Translations médiévales éditées par Claudio Galderisi (3 vols, Turhout: Brepols, 2011).

Serge Lusignan
Université de montréal
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