Abstract

Illustrateur célèbre de Fielding ou de l’abbé Prévost, Hubert François Gravelot (1699–1773) croise le chemin de Rousseau à l’occasion de l’illustration de La Nouvelle Héloïse (1761). On considère généralement qu’en dessinant la série des douze planches commandées par Rousseau, Gravelot s’acquitta fidèlement de sa tâche et qu’il suivit les consignes de l’écrivain, parvenant ainsi à une pleine réussite. Cette étude se consacre à l’une des planches les plus énigmatiques de la série, la dixième, que Rousseau appelait l’estampe des fantômes. À travers analyse de ses dessins préparatoires apparaît une divergence entre le projet initial de l’artiste et sa réalisation finale. Quels sont les modèles intervenus en cours de route? La culture littéraire de Gravelot, son goût pour le théâtre et les acteurs, et son expérience antérieure d’illustrateur lorsqu’il se trouvait en Angleterre surgissent brusquement et réservent des surprises en introduisant contre toute attente la présence de Shakespeare dans La Nouvelle Héloïse. Une autre image du travail de l’artiste apparaît dans son rapport à Rousseau, non plus faite de docilité voire de ‘servitude’ comme l’a dit la critique, mais apparaissant comme une création libérée, voire provocatrice.

pdf

Share