Abstract

Une idée reçue veut que les lectures de l'œuvre de Mordecai Richler aient été teintées au Québec francophone par la publication des différents essais et articles de l'auteur sur les questions linguistiques et sur le nationalisme. Cependant, un retour sur l'histoire de la critique richlérienne au Québec permet de mieux comprendre comment des mécanismes argumentatifs déjà en place, articulant les rapports au « nous » et à la nation, n'ont fait qu'être exacerbés par les polémiques. Cet emballement de la critique durant les années 1980 et 1990 aura eu pour effet paradoxal de projeter Richler à l'avant-plan en tant que figure antagonique, un rôle que ses défenseurs utiliseront par la suite pour s'en prendre à une vision restreinte de l'appartenance nationale. Loin d'être le résultat d'une hybridation ou d'une rencontre des cultures, la réappropriation de l'œuvre richlérienne par une partie de la critique québécoise sert ainsi davantage à mettre de l'avant une nouvelle conception de la québécité.

Abstract

There exists a preconceived notion that the works of Mordecai Richler have, in francophone Quebec, been tainted by his various essays and articles on linguistic issues and nationalism; however, a review of the history of Richlerian criticism in Quebec yields a better understanding of how existing argumentative mechanisms, articulating the relationships between "us" and the nation, were only strengthened by such polemics. The runaway criticism of the 1980s and 1990s had the paradoxical effect of projecting Richler to the forefront of debates as an antagonistic figure, a role that his defenders subsequently used to attack a restrictive vision of national membership. Rather than resulting from a hybridization or meeting of cultures, the reappropriation of Richler's work by a portion of Quebec critics serves to frame a new conception of what it means to be Québécois.

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