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144 lettres canadiennes 2001 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 Lire Rimbaud. Approches critiques. Hommages à James R. Lawler, s. la dir. de Paul Perron et Sergio Villani Toronto, Canadian Scholars= Press, 2000, XVI-328 p. D=emblée, il faut le souligner, les collectifs sur la poésie se font rares au Canada et l=idée de recueillir des études sur Rimbaud menées à partir d=approches méthodologiques variées est heureuse. L=œuvre du jeune poète exerce ici comme ailleurs une fascination légitime sur les chercheurs, qu=ils soient professeurs ou étudiants. Qui plus est, l=ouvrage comprend vingttrois études issues d=un colloque international, tenu à Toronto, en mai 1999, dont quelques-unes témoignent de l=effort actuellement consenti pour le renouvellement de la critique rimbaldienne. Dix-sept articles explorent l=œuvre d=un point de vue historique, sociologique, sémiotique ou narratologique, et six autres, d=inspiration intertextuelle, se penchent sur les lectures ou les lecteurs de Rimbaud. Dans une préface aussi émouvante que précise, Yves Bonnefoy rappelle que Rimbaud a été un grand lecteur, notamment de Baudelaire qui lui a indiqué la voie à suivre pour reconnaître la double postulation de la poésie moderne, tout à la fois portée par le rêve et la lucidité, le désir de la beauté et la compassion pour les êtres souffrants. James R. Lawler, professeur émérite de l=Université de Chicago et spécialiste du symbolisme français, à qui le livre est dédié, voit aussi en Rimbaud un héritier de Baudelaire, notamment dans * Mystique +, qu=il situe dans la filiation du sonnet * Correspondances +, car ce poème en prose fait appel aux synesthésies et aux correspondances. Edward J. Ahearn fait ressortir, pour sa part, une série de thèmes qui n=ont guère vieilli chez Rimbaud, tels le désir de * réinventer + l=amour, la conception du moi, l=idée de la voyance et les remarques sur les relations entre les hommes et les femmes. Il met ces thèmes en relation avec les intuitions de Rimbaud sur l=histoire comme exploitation mondiale et son refus de croire au progrès, à l=instar de son prédécesseur. La lecture que propose Holly Haahr du sonnet * Sensation + met en évidence les emprunts de Rimbaud aux parnassiens François Coppée et Albert Mérat. Mais plus surprenantes encore apparaissent les transformations que Rimbaud fait subir au poème * Demain, dès l=aube + de Hugo dans son texte. Il est en effet étonnant de constater que le jeune poète y renverse systématiquement les valeurs élaborées par son aîné, de la contemplation à la sensation, et du repli sur soi à l=éveil à la nature. Natasha Lee réussit à montrer de manière éclairante que l=innovation poétique est indissociable d=une réflexion politique et d=une conception éthique du sujet chez Rimbaud. Suivant le paradoxe inhérent à la modernité identifié par Paul de Man, à savoir que l=appel au nouveau s=inscrit dans un passé tout à la fois rejeté et incorporé, elle étudie la temporalité paradoxale dans le texte. Elle observe que celui-ci acquiert une dimension politique sciences humaines 145 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 sous forme de présent tourné vers l=avenir, par l=idée de la voyance notamment, et sous forme de discours sur la tradition, par de constants retours en arrière formulés au passé simple. Après avoir souligné le rôle de l=ironie et de la conscience de soi dans l=œuvre, G. M. Macklin met en rapport trois poèmes des Illuminations : * Dévotion +, * Nocturne vulgaire + et * Métropolitain +. Il constate dans ces textes que, si le sujet énonciateur semble accepter avec respect les lois qui régissent certaines formes du discours, telle la prière, c=est pour mieux les remettre en question par la suite, en les tournant en dérision, dans une finale qui transforme complètement alors le poème. Dans le même ordre d=idées, et dans la foulée...

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