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522 LETTRES CANADIENNES 2000 (notamment à La Patrie), une vingtaine de téléthéâtres et une centaine de textes radiophoniques. Ce déferlement scripturaire apparaît paradoxal étant donné que Thériault disait lui-même que l=erreur des écrivains canadiens était * de croire qu=il leur fallait écrire plus d=un livre + ! Le texte de Beaulieu met en très nette évidence un aspect moins glorieux de * l=homme écrivain + qu=était Thériault. Celui-ci a longtemps souffert du fait * qu=être écrivain consistait d=abord à accepter de vivre dans la misère + et ne bénéficiera pas de la notoriété méritée, compte tenu de l=immensité et de la qualité de l=œuvre. Beaulieu relate l=épisode douloureux de la publication d=Agaguk chez Grasset, roman que l=éditeur de Thériault, Paul Michaud, voyait mériter le Goncourt. Toutefois, la libido exacerbée de Thériault auprès du personnel féminin de Grasset fera scandale et aura des répercussions néfastes : boycott français de l=œuvre, abandon de l=édition pour Michaud. L=ombre de cette histoire suivra longuement Thériault, qui se verra obligé de changer d=éditeur coup sur coup pendant plusieurs années, ce qui contribuera à nourrir son ressentiment envers l=institution littéraire. Ces relations tumultueuses entre Thériault et le monde de l=édition se poursuivront quand Beaulieu deviendra son éditeur. Beaulieu récupérera de nombreux manuscrits que d=autres éditeurs auront refusé, faisant plusieurs trouvailles qu=il sera heureux de publier. Mais si Beaulieu trouve en l=ensemble de l=œuvre moult raisons d=être séduit, c=est surtout par son cycle amérindien que Thériault l=émeut. Beaulieu réserve de nombreuses pages à l=analyse des personnages des romans Agaguk, Tayaout, Agoak et Ashini, mettant en évidence les destins de personnages mythiques dans des récits où la langue est épurée, mais dont le pouvoir évocateur n=en est pas amoindri. Loup, Yves Thériault ? Sûrement. Un loup nommé Yves Thériault dresse le portrait d=un être solitaire et sauvage, à qui son premier éditeur, Michaud, ne connaissait pas un seul ami. Ce livre constitue aussi le rappel essentiel d=une œuvre immense et dense, tout aussi sauvage que le personnage de feu qui l=animait. (CLAUDE GRÉGOIRE) René Audet, Des textes à l=œuvre. La lecture du recueil de nouvelles Québec, Éditions Nota Bene, 159 p., 19,95$ Depuis les origines du genre, c=est généralement dans le cadre d=un recueil que nous lisons la nouvelle. Comment cette lecture se caractérise-t-elle ? Peut-on, à défaut de le regarder comme * genre +, considérer le recueil comme une forme textuelle B une couche textuelle distincte de celle de chaque nouvelle ? Sur quelle assise théorique peut-on décrire cette textualité ? Des textes à l=œuvre apporte un éclairage original sur cette composante de la poétique de la nouvelle, bien que les notions ici dessinées puissent avoir SCIENCES HUMAINES 523 pertinemment prise, moyennant quelques ajustements, sur les autres genres constitutivement (ou de manière contingente) brefs (tels le conte, la maxime, l=essai, la poésie, etc.) se retrouvant en recueils. S=écartant des poétiques formelles du recueil, Audet nous amène à une théorie particulière de la lecture du livre de nouvelles où la notion d=hypertexe aura un rôle-clé. Cette conception du recueil, axée sur ses particularités de lecture et sur le rôle crucial du lecteur dans la construction de liens dépassant la lecture de chaque nouvelle, éclaire par une approche théorique originale la complexité irréductible du recueil et le malaise lié à son interprétation. Audet fixe rapidement les particularités du recueil de nouvelles : polytextualité, réunion de textes généralement d=un seul auteur, fréquente prépublication des nouvelles, aspects paratextuels spécifiques et narrativité. Ensuite, il rend compte des principaux modèles théoriques, notamment américains, de leurs particularités et de leurs faiblesses. Il note que * [la] quête d=une organisation du recueil de nouvelles prend une place quasi...

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