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SCIENCES HUMAINES 507 * quelques millions de personnes qui le parlent, vivants décalques de cet envahissement ou colonisation ou conquête +. On pourra ne pas suivre jusqu=au bout une lecture qui s=attache de si près à la matérialité du texte, mais on concédera que l=exercice est convaincant. Ce petit ouvrage a l=intérêt de lier de manière inextricable glossaire et glose pour une meilleure connaissance des origines de la langue et de ses répercussions dans l=œuvre d=un poète réputé pour ses créations lexicales et son parti pris pour * la langue verte, populaire et quelquefois française +. Voilà donc un ouvrage que tout lecteur, peu importe le degré de son érudition, pourra consulter et apprécier s=il est amateur de la poésie des cantouques. (JACQUES PAQUIN) Gilles Marcotte, Le lecteur de poèmes précédé de Autobiographie d=un non-poète Montréal, Boréal, 216 p., 25,95$ Il y avait longtemps que Gilles Marcotte avait écrit un ouvrage exclusivement consacré à la poésie; cela remonte à la publication du Temps des poètes en 1969. Mais alors que cet ouvrage proposait, en sous-titre, une * description critique de la poésie actuelle au Canada français + et s=inscrivait, dès lors, de plain-pied dans l=activité professionnelle du critique, Le lecteur de poèmes, comme la première partie du titre l=indique, n=écarte pas pour autant le savoir et l=expertise de l=auteur en poésie. Cette dénomination est significative du paradoxe de la critique qui a cours après 1960. Cette dernière est écartelée entre un discours savant et un discours impressionniste , ce dernier discours étant principalement délivré, par exemple, à l=intérieur de la chronique journalistique, genre qu=a longuement pratiqué Marcotte. Mais dans son cas, c=est parce qu=il était journaliste et non pas écrivain qu=il a privilégié cette forme de critique. Aussi, ne l=oublions pas, Marcotte est pratiquement de la génération de La Relève, génération avec laquelle, a-t-il déjà confié en entrevue, il s=est toujours reconnu des affinités. Or, les écrivains de La Relève ont fait la promotion d=une lecture d=identification , à l=encontre d=une critique dogmatique, attitude critique dont Marotte a montré l=importance dans un article remarquable. Toutefois, l=auteur du Roman à l=imparfait ne se réclamera jamais d=une écriture qui le rapproche de la critique de créateurs, bien qu=il sollicite le droit à la subjectivité. Ce caractère subjectif s=exprime de belle façon dans un texte d=introduction au recueil intitulé * Autobiographie d=un non-poète + où le critique et romancier raconte les rapports ambigus qu=il entretient avec la poésie. Voilà un lecteur qui, à la différence de Jacques Brault, Fernand Ouellette, Pierre Nepveu ou Pierre Ouellet, n=a pas accès au lire-écrire du poète. Le malaise a pour origine la honte qu=il a ressentie après avoir écrit son premier poème. Voici l=aveu troublant qu=il fait, plusieurs décennies plus tard, de cette 508 LETTRES CANADIENNES 2000 première et unique expérience de poésie : Qu=elle m=étonne ou qu=elle m=ennuie, qu=elle me ravisse ou me laisse froid, qu=elle alimente ma vie intérieure ou qu=elle m=oppose nue étrangeté sans fissure, elle demeure, à mes yeux, toujours pourvue de cette aura d=impossibilité qu=elle a reçue durant mes années de collègue. Plus encore, il ne se considère pas comme un amateur de poésie, comme celui qui, à l=instar de tant d=autres, a connu cette révélation; c=est la prose, plutôt, qui emporte l=adhésion du futur intellectuel, et même la prose la plus classique, la plus rhétorique, celle du Bossuet des Oraisons funèbres. Ce fut la première découverte du jeune élève Marcotte. S=il y a révélation, elle s=effectuera donc dans un autre sens, du texte...

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