Poésie

432 LETTRES CANADIENNES 2000 Collectif, Récits de la fête, Montréal, Québec / Amérique, coll. Mains libres, 257 p. Dickner, Nicolas, L=encyclopédie du petit cercle, Québec, L=instant même, 113 p., 16,95$. Dubé, Marcel, Yoko ou le retour à Melbourne, Montréal, Leméac, 84 p., 11,95$. Lantagne, Suzanne, La marche, Québec, L=instant même, 109 p., 14,95$. Lapierre, Frédéric, Le banc, Montréal, Varia, 131 p., 17,95$. Larochelle, Luc, Ada regardait vers nulle part, Montréal, Les Herbes rouges, 94 p., 14,95$. Massicotte, Sylvie, Le cri des coquillages, Québec, L=instant même, 123 p., 16,95$. Matteau, Michèle, Quatuor pour cordes sensibles, Vanier (Ontario), L=Interligne, 112 p. Morisset, Micheline, États de manque, Laval, Trois, 231 p., 20$. Poésie ROGER CHAMBERLAND L=année 2000 marque la fin d=un siècle où la poésie de langue française au Canada a connu un développement sans précédent. Si l=invention de l=imprimerie a permis une démocratisation de la lecture B encore fallait-il avoir appris à lire B, la micro-informatique a littéralement transformé le paysage de l=édition et facilité la diffusion de la poésie. Même si le livre de papier reste le médium le plus utilisé pour le moment, il n=en demeure pas moins que tout le travail de graphisme et de mise en page a été facilité et a réduit les coûts de production. En revanche, l=édition de poésie en revue a perdu de sa vitalité et la jeune poésie cherche encore le meilleur moyen d=atteindre un vaste public. Il y a à peine un siècle, Émile Nelligan venait tout juste d=être interné et son œuvre était travaillée pour l=édition par Louis Dantin, son mentor des dernières années. Dès lors, la poésie écrite et publiée au Québec se développait tranquillement à travers des querelles de chapelles ou de franches affirmations d=une modernité en voie d=émancipation. Le parcours de la poésie québécoise depuis cent ans nous permet de constater à quel point ce genre littéraire reste l=un des plus cotés institutionnellement même si, en revanche, il est l=un des moins lus B du moins si l=on se fie aux tirages rapportés. On peut donc considérer que les recueils parus en 2000 constituent une poésie de fin de siècle, du genre de celle qui, normalement, devrait clore un cycle et préfigurer celui qui est à venir. Dans le contexte actuel de l=édition, où le langage html se le dispute avec la grammaire traditionnelle, où l=informatique transforme l=écrivain en éditeur de sa poésie, et où le réseau Internet assure une circulation planétaire au moindre poème mis en ligne, on aurait intérêt à s=interroger sur l=avenir de l=édition et sur le sort qui sera fait à la poésie. Alors que l=éditeur consciencieux jouait le rôle de gardien du domaine poétique, dorénavant ce même domaine POÉSIE 433 pourra être fréquenté par n=importe quel quidam. Il ne faut pas croire que la poésie n=appartient qu=aux seuls poètes, mais la diffusion massive ne risquet -elle pas d=entraîner un tel point de saturation que le véritable amateur de poésie se tournera immanquablement vers le livre, non pas comme lieu de pèlerinage ou par nostalgie, mais parce que le livre seul sera une garantie d=authenticité et de sincérité ? Le réseau Internet rend les écrits encore plus volatiles qu=ils ne l=étaient et un site disponible une journée devient inaccessible le lendemain. Ou pire encore : la version que l=on a pu lire lors d=une visite sur un site peut devenir caduque en quelques heures, voire en quelques minutes, et donner lieu à une nouvelle version sans que les traces de la précédente soient consignées quelque part. * La poésie doit être...