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602 LEITERS IN CANADA 2002 Marguerite Paulin, Maurice Duplessis. Le Noblet, Ie petit ro; Montreal, XYZ editeur, colI. Les grandes figures, 245 p. Louis-Martin rard, Camillien Houde. Le Cyrano de Montreal Montreal, XYZ editeur, colI. Les grandes figures, '999, 216 p., 15,95$ La collection"Les grandes figures», chez XYZ editeur presente de courtes biographies d'individus juges importants dans I'edification des recits historiques canadien et quebecois. Sous cette egide se cotoient nombre de ces personnages: Norman Bethune, Jacques Cartier, Marc-Aurele Fortin, Louis Hernon, A. M. Klein, SamuelHearnes, Marie de I'lncarnation, Michel Sarrazin, Laura Secord pour ne nommer que ceux-lii.. Camillien Houde et Maurice Duplessis se joignent desormais ii. ce groupe, avec ces brefs recits issus respectivement de la plume de Louis-Martin Tard et de Marguerite Paulin. En depit des denegations rhetoriques de l'auteure de Maurice Duplessis ..., les ouvrages de celte collection relevent du genre hagiographique, plus precisement de ce que certains appellent des vit", exemp/"'. Non pas parce que Camilliel! Houde... et Maurice Duplessis... seraient univoques dans une certaine complaisance apologetique dans Ie traitement du sujet. Quoi qu'en disent rapidement les depreciateurs du genre, la pratique de I'hagiographie n'est pas du tout la chasse gardee de quelques thuriferaires prompts ii. la sanctification de leur heros. Bien qu'epique, ce discours n'impligue nullement ici un quelcongue laxisme dans la construction de I'objetbiographique; lasympathie pour Ie maire de Montreal ou Ie premier ministre quebecois percebiensur, mais les narrateurs esquissentegalement des parts d'ombre. Plus encore, ils integrent 11 leurs recits des" dispositifs de verite», tel que dirait Paul Ricreur, ces annexes techniques affirmant au lecteur soup~onneux I'existenced'une demarche methodique prealable. Les chronologies couplant la vie du personnage et Ie contexte pan-canadien (CH,p. 191-212; MD, p. 225-240), I'iconographie tiree de photographies de I'epoque, les elements de bibliographie comme preuves normatives de l'etablissement des sources, participent de ces dispositifs de validation du discours hagiographique, qui peut des lors se reclamer d'une certaine vraisemblance au lieu d'une veracite certaine, d'une relative scientificite historienne plutot qu'une science relationnelle de l'histoire. De I. ii. assimiler les vii", exemp/", aux biographies historiennes, il y a un pas que l'historien avise ne franchira point. En effet, Ie genre hagiographique possede une autonomie par rapport aux genres de la discipline historique, entre autres sur Ie plan des finalites de la mise en recit. Si celles de I'histoire poursuivent I'etablissement d'un recit vrai (voir Paul Ricreur, Du texte ataction), celles de I'hagiographie cherchentplutot I'edification du lecteur en lui offrant I'exemple d'une vie d'exception. Camillien Houde n'est pas un enieme maire montrealais: il est I'un "des noms qui sont • tout UNIVERSITY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 73, NUMBER 1, WINTER 2003/4 SCIENCES HUMAINES 603 jamais lies a des lieux ou a des evenements» [CH, quatrieme de couverture ], devenant ainsi Ie «Cyrano de Montreal», celui dont Ie creur a ete «si longtemps donne a Concordia». Maurice Duplessis, «Ie petit roi», n'estpas n'importe quel premier ministre: c'est un «homme, que son pere destina a la politique des sa naissance » et qui «a marque son epoque de fa~on indelebile » [MD, quatrieme de couverture]. Ce profond ecart entre historiographie et hagiographie, il se trace d'abord la, sur cette ligne de fracture du texte verse en offrande a la lecture. Rechercher alors la seule authenticite d'un nkit hagiographique serait «demanteler un type propre de discours pour n'en retenir que ce qu'iI n'est pas » (Michel de Certeau, L'ecriture de l'histoire). Camilliell Houde... et Maurice Duplessis... ne sont pas reuvres de pure fiction, mais elles se soumettent peu au regime severe de la realite historique: elles se situent en de~a de ce prisme en cherchant essentiellement a innerver Ie regard du lecteur. Toute I'organisation du genre hagiographique repose sur une mise en scene de I'exemplarite. D'emblee, Ie sujet de la vita exempla est moins une individualite qu'un «personnage », une figure affectee d'un «sens » (de Certeau). En avant-propos de son recit, Marguerite Paulin...

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