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1 « Pour qu’il y ait autobiographie [...], il faut qu’il y ait identité de l’auteur, du narrateur et du personnage.» (Lejeune: 15) 2 Voir entre autres Serge Doubrowsky, Autobiographiques. De Corneille à Sartre. university of toronto quarterly, volume 71, number 2, spring 2002 S O P H I E M A R C O T T E De la mort à la naissance. Un après-midi de septembre de Gilles Archambault Maman, à cette époque, allait sur ses soixante-sept ou soixante-huit ans. L’âge que j’ai maintenant, alors que je prends le temps enfin de m’interroger sur ce qu’elle a pu ressentir d’infini chagrin. Tout cela est bien curieux. Il semblerait que l’on ne rejoint vraiment ses gens que lorsqu’on a atteint l’âge qu’ils avaient, alors qu’à côté d’eux, on ne comprenait rien à leur vaste solitude. Gabrielle Roy, La détresse et l’enchantement Un après-midi de septembre de Gilles Archambault, bien que présenté comme un récit, s’apparente à certains égards à une autobiographie, notamment parce qu’il y a identité de nom entre l'auteur et le narrateur, l'une des prémisses fondamentales du genre. Mais l'acteur principal des événements racontés ne peut tout à fait être assimilé au narrateur et à l'auteur, puisqu'il y a alternance, ou plutôt va-et-vient, entre le récit de la mère et le récit du fils. Le narrateur ne met donc pas l’accent sur sa « vie indivuelle », ce qui empêche Un après-midi... d'appartenir au genre autobiographique proprement dit – du moins si l'on se fie à la définition qu’en a proposée Philippe Lejeune – ou même à l’autofiction, cette variante de l’autobio1 graphie définie par Serge Doubrowsky comme un récit dans lequel l’auteur, le narrateur et le protagoniste ont la même identité, mais dont l’intitulé générique le donne pour fictif . 2 Dans le cas qui nous intéresse ici, le narrateur reconstitue sa relation avec sa mère depuis les origines, c'est-à-dire sa naissance, par un « après-midi » de septembre. Mais il ne s'attache pas à reconstituer sa vie depuis sa petite enfance sous l'éclairage de ce qu'il est devenu – la plupart des autobiographies rédigées par des écrivains, on le sait, ont pour fil conducteur la venue à l'écriture –, mais bien sous celui de la relation qu'il a entretenue avec sa mère, plaçant cette relation au centre même de son existence. Il a tout de même fallu la mort de la mère pour que se déclenche, chez le narrateur, le désir, voire la nécessité d'effectuer un retour sur son passé et de réévaluer, en quelque sorte, la place que tient, ou qu'aurait dû tenir, sa mère dans son existence. Ce livre se présente donc comme un hommage à la mère, dont la mort devient le prétexte, pour « Gilles », d’une re-création, plus encore d’une ré-assumation de son passé à la lumière de sa relation avec sa mère depuis sa naissance et, surtout, d’une tentative de 666 sophie marcotte 3 L’écriture de ce livre consacré à sa mère a aussi pour le narrateur une certaine fonction thérapeutique: « C’est un peu pour chercher à voir clair en moi que j’entreprends la rédaction de ce petit livre.» (9) university of toronto quarterly, volume 71, number 2, spring 2002 réparation de cette même relation . Cette tentative, le narrateur la croit 3 d’ailleurs vaine, puisque la mort, selon lui, « est venue qui scelle tout » et le condamne à « sans cesse [...] tourne[r] autour de nous [le narrateur et sa mère] » (27). Un après-midi de septembre est donc le récit de la culpabilité, de l'aveu, un récit qui oscille constamment entre deux pôles, la mort et la naissance. Cette oscillation se manifeste entre autres dans le titre choisi par l’auteur : le livre parle en effet de la mort...

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