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university of toronto quarterly, volume 70, number 3, summer 2001 FRANÇOIS PARÉ * An American in Paris in Montréal + : la ville palimpseste de J. R. Léveillé C=est un espace sur lequel porte un double regard. En suivant le SaintLaurent , on peut voir cette ville aussi bien * d=en bas + que * d=en haut +. C=est cette dernière perspective qui m=intéresse ici. Montréal * vue d=en haut + nous entraînera vers l=Ouest dans l=imaginaire continental américain. C=est dans ce contexte spatial assez particulier que je me propose de commenter deux œuvres de J. R. Léveillé, l=un des écrivains francomanitobains les plus importants de la génération des années 1970. Cette œuvre voit Montréal * d=en haut + et en ce sens elle fera contrepoids aux autres points de vue, moins marginaux, qui nourrissent les textes rassemblés dans ce numéro. Mais avant d=aborder l=œuvre de Léveillé, il convient de mieux cerner, je crois, les qualités particulières de ces deux versants de Montréal. LES DEUX VERSANTS DE MONTRÉAL D=abord, dans la perspective qui serait celle de l=aval, nous descendrions tous d=une manière ou d=une autre de cette ville monstrueuse. Nous serions tous aux sens propre et figuré ses descendants. Et elle serait, cette ville, pour chacun de nous le lieu d=une origine angoissante où s=afficheraient déjà les conditions de toutes les migrations futures. Montréal regarderait sa descendance de haut. Et nous, jetant les yeux sur elle, nous lui rendrions sa complaisance. Ce regard condescendant n=est-il pas celui qui appartient en propre à l=aval ? Vue ainsi d=en bas, comme si le mouvement du retour accompagnait forcément la grande brèche du Saint-Laurent, Montréal semblerait s=ériger au loin comme une ultime limite du sens, au delà de laquelle n=opéreraient que la métamorphose et la démesure du pouvoir. Mais que peut-il y avoir plus loin que cette ville vers laquelle, comme dans les deux romans de Germaine Guèvremont (Le Survenant et Marie-Didace) ou les textes en prose de Gaston Miron, toute la culture remonte ? On ne pourrait l=apercevoir qu=en contre-plongée, car cette ville, celle que Pierre Nepveu évoque aussi dans Romans-fleuves, signifierait avant tout le centre enfin réapproprié de la culture et en lui toutes les figures antagonistes de la dispersion. Vue d=en bas, * flamboyante au bord du fleuve +, Montréal nous ramènerait à notre point de départ, * au pied du courant, seuls avec cette part de nous-mêmes qui sait puiser dans le vaste monde pour survivre +. Or la question se pose tout particulièrement à moi aujourd=hui : qu=en est-il du regard en amont ? Dans quel discours singulier * Montréal vue d=en haut + , cette fois, peut-elle exister ? Car il y a bien un autre versant le long du même axe familier du Saint-Laurent. Il est certain que l=Ontario et l=Ouest ont constitué très tôt dans l=histoire du Québec B et de Montréal surtout B les lieux d=une quête ascensionnelle vers le * grand portage +, ouvrant l=espace jusque-là confiné de l=île aux puissances de l=excentrique. Dans Intérieurs du Nouveau-Monde, Pierre Nepveu évoque la fascination qu=a pu exercer, de l=abbé Casgrain jusqu=à Lionel Groulx, ce * véritable cœur du continent + (Nepveu, 1997 : 63), ce domaine * impénétrable, où ont pourtant osé pénétrer les Français des origines + (Nepveu, 1998 : 105). Cette découverte du continent a été du même coup son renvoi dans l=imaginaire. Et ainsi, écrit encore Nepveu, l=ouverture continentale renvoyait à l=intériorité d=un sujet à la fois intérieur et extérieur, migrant et nostalgique. Montréal * vue d=en haut + se fonde dans ce paradoxe : En somme, redécouvrir le Nouveau Monde, reparcourir ou évoquer ce vaste continent qui appartient surtout à notre mémoire et dont il nous faut bien faire notre deuil (pour ce qui est de...

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