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Reviewed by:
  • Droits et voix. La criminologie à l’Université d’Ottawa by Véronique Strimelle and Francoise Vanhamme
  • Cédric Moreau de Bellaing, (ENS/CMH)
Véronique Strimelle et (dir.) Françoise Vanhamme. Droits et voix. La criminologie à l’Université d’Ottawa. Ottawa: Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2010. 284 p.

Le 14 mars 2012, soit à la toute fin du mandat de Nicolas Sarkozy, le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé la création d’une nouvelle section disciplinaire au sein du Conseil National des Universités. Cette nouvelle section est sobrement intitulée « criminologie ». Si l’on aurait pu se réjouir de la reconnaissance institutionnelle d’un espace de recherche aussi riche qu’hétérogène, les porteurs de ce projet de sa création représentent en réalité ce que la criminologie compte de plus conservateur. La création de cette section a alors suscité une mobilisation critique des chercheurs spécialisés dans les sciences sociales consacrées à la police, à la délinquance, ou aux questions de sécurité, mais aussi de l’ensemble du monde universitaire français. En vain, dans un premier temps, puisque la section a été créée et qu’elle ne semblait guère encline à faire une place aux travaux de criminologies critiques ou alternatives ; mais dans un deuxième temps, avec une issue heureuse : le nombre de titulaires s’étant finalement présentés pour constituer la section s’est finalement avéré trop faible, sa création devrait être purement et simplement annulée. Il faut y lire ici [End Page 105] une défaite de la dogmatique réactionnaire qui s’était accaparée de la criminologie en France.

Dès lors, la lecture de Droits et voix offre une véritable bouffée d’air pur dans un climat qui, en France, pourrait conduire à condamner la criminologie de manière trop générale. Ce livre collectif, qui célèbre les quarante années d’existence du département de criminologie de l’Université d’Ottawa, rappelle en effet que la criminologie n’est pas nécessairement une théorie de la réduction du crime à l’acte, mais qu’il y a, en amont et en aval de sa commission, des logiques politiques, économiques, sociales, techniques, et psychologiques dont l’investigation doit pouvoir être menée. Le livre présente ainsi des travaux majoritairement issus de la criminologie critiques ou correctionnalistes dialoguant depuis tant d’années avec les police studies. Tantôt en français, tantôt en anglais, les treize contributions aux sujets, enjeux, et plumes très divers convergent néanmoins autour des thèmes qui offrent au livre son titre sans équivoque : les droits et les voix. Certaines contributions se concentrent sur l’une ou l’autre de ces questions tandis que d’autres font le lien entre droits et voix, rappelant ainsi que la criminologie peut s’intéresser à la manière dont les acteurs donnent de la voix pour faire valoir leurs droits, y compris dans des situations ordinaires. Le livre se partage aussi entre les textes qui dressent un bilan (de l’activité du département de criminologie par Véronique Strimelle et Françoise Vanhamme, de l’impact de la notion de gouvernementalité sur la criminologie avec le texte de Christine Gervais) et ceux qui s’appuient sur un cas empirique pour le disséquer et en tirer des conclusions cumulables en vue d’enrichir cet espace de recherche (on pense, par exemple, au travail sur la danse en prison de Sylvie Frigon et Claire Jenny, ou à la réintégration des femmes âgées dans leur communauté après un séjour en prison par Laura Schantz). Les chapitres peuvent aussi chercher à embrasser des transformations globales, que ce soit celles de la souveraineté de l’État au regard de l’évolution du droit international du traitement des personnes incarcérées (Sandra Lehalle) ou celles induites par des changements de paradigmes sociotechniques, avec le très novateur article de Martin Dufresne, Dominique Robert, Alain Lachapelle, et Marie-Lyne Vachon qui cherche de mani...

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