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132 lettres canadiennes 1999 ou négligées. D'entrée de jeu, Antoine Sirois consacre trois chapitres à l'œuvre d'Anne Hébert, dont il propose une nouvelle lecture d'ensemble au moyen de l'analyse de trois motifs: celui du regard en arrière (regard d'Orphée vers Eurydice, regard de la femme de Loth vers Sodome et Gomorrhe en flammes), celui du rituel initiatique et, enfin, celui des métamorphoses. Les deux chapitres subséquents portent sur les romans de Jacques Ferron, qui sont abordés dans la perspective des nombreux récits mythologiques auxquels ils font référence: mythes bibliques, grécoromains , nord-américains ou encore littéraires, comme le mythe de Faust, qui trouve des échos dans plusieurs des œuvres de Ferron. Deux autres chapitres sont consacrés aux romans de Jacques Poulin, dont le premier, qui porte sur Volkswagen Blues, me semble magistral. Sirois y met en lumière l'action structurante de l'archétype de la quête antique et de la descente aux Enfers, et la lecture qu'il suggère du roman de Poulin est à la fois neuve et magistrale. Un dernier chapitre, intitulé *Le Nord mythique+, porte sur quatre romans de Gabrielle Roy et de Yves Thériault: La montagne secrète, La rivière sans repos, Agaguk et Tayaout, fils d'Agaguk. Au delà de la richesse et de la fécondité des analyses proposées dans Lecture mythocritique du roman québécois, la rigueur de la méthode (qui s'inspire essentiellement des travaux de Pierre Brunel, de John J. White et de Gérard Genette) utilisée par Antoine Sirois tout au long de son ouvrage mérite d'être soulignée. À cet égard, le texte d'introduction s'avère un modèle du genre qui devrait être cité en exemple dans tous les cours d'introduction à la mythocritique. (JEAN MORENCY) Jósef Kwaterko, Le roman québécois et ses (inter)discours Québec, Nota Bene, coll. Littérature(s), 1998, 224 p., 24$ Josef Kwaterko poursuit, étend et précise ici la lecture sociocritique amorcée dans son précédent livre, Le roman québécois de 1960 à 1975 : idéologie et représentation littéraire (1989). Croisant l'analyse de discours de Michel Pêcheux et la sociocritique de Claude Duchet à laquelle est empruntée notamment la notion de *socialité du texte+, l'introduction définit souplement le concept d'interdiscours, considéré, à la suite des travaux de Régine Robin, comme ce qui englobe et redéploie l'intertexte. Une double démarche est proposée, qui vise à saisir à la fois les opérations de *textualisation du discours+ dans les romans et les romans eux-mêmes dans un ensemble discursif plus vaste, *parmi d'autres ``textes'', écrits et oraux, littéraires et non littéraires+, contemporains et anciens, explicites et implicites, que l'époque donne à entendre. Chacun des cinq chapitres qui suivent, et dont les premières publications sont signalées en fin de volume, mettent à l'épreuve ce dispositif théorique dans des analyses serrées de neuf romans parus au Québec entre 1965 et 1983. sciences humaines 133 Le premier chapitre, *Discours de l'aliénation et de l'historicité textuelle chez Jacques Ferron, Hubert Aquin et Roch Carrier+, s'attache à montrer comment est mise en texte et rejouée, sous des modalités différentes dans La Nuit, Prochain épisode et La Guerre, yes sir!, l'affirmation de Lord Durham stigmatisant *un peuple sans histoire et sans littérature+, et, plus largement, comment ces textes sont travaillés par *l'idéologème [...] de l'absence historique+. Le second chapitre, *L'intertexte et le discours essayistique chez Réjean Ducharme+, reprend un texte de 1994, bien connu et souvent cité, *Ducharme essayiste ou ``Sartre maghané''+, dans lequel l'auteur dévoile les procédés de détournement, de perturbation et finalement de dissolution de l'idée sartrienne de *travail sur soi+ à l'œuvre dans L'avalée des avalés, Le nez qui voque et L'hiver de force, ainsi réordonnés en trilogie de la *crise du...

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