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Lettres canadiennes 1999 SOU5 LA DIRECTION DE MICHEL LORD Roman PIERRE KARCH Aen juger par certains titres (Tombeaux, Depossession, L'abimetiere...), on a eu une fin de rnillenaire plutot triste. Annee glauque au cours de laquelle tant de personnages pataugent dans Ie sang et Ie sperme. De toute evidence, les rejouissances, ce sera pour plus tard.AI'annee prochaine, les feux d'artifice? DRAMES FAM ILI AUX Les Grecs, ceux de I'Antiquite, ont tres bien compris que toute relation humaine pouvait etre pourrie. Mais les exemples qu'ils en donnent sont tires de I'histoire de leurs dieux ou de leurs rois, ce qui eleve aun certain niveau les debats qui se tiennent dans des temples et des palais. Aujourd 'hui, sans doute pour rajeunir les illustrations, on situe I'action dans la rue. Avant de s'etablir aMontreal, Mitchell a vecu ses premieres annees aDenver, eleve par sa grand-mere maternelle. On apprend pourquoi ala fin du roman, alors qu'il fait une confession generale it Simon, Ie voisin qu'il ¢pie comme un voyeur maniaque. S'ille fait, c'est que Simon est un homme interessant, un artiste, Ie fils de William dont il s'est separe, it la mort de sa mere, parce que son pere ne lui a pas laisse sa part de [,heritage. IIs ne sont pas les seuls aentretenir une relation familiale difficile ou tout simplement aavoir coupe avec leur passe. II y a aussi Marianne qui continue de recevoir de son pere, mort depuis trois annees, des cartes de souhait signees de sa main. Ce qu'il y a de plus nouveau dans Oslo de Bertrand Gervais (XYZ editeur), ce sont les descriptions crues, medicales d'amputations et de dialyse, car il faut dire que ces cceurs meurtris battent dans des corps malades. Pas pour les petites sensibilites. Au roman fabrique de Bertrand Gervais, s'oppose, en apparence, Ie recit vrai, vecu, de Diane-Monique Daviau, Ma mere et Gainsbourg (L'instant meme), dans lequel elle tente de faire Ie tour de la relation qu'elle a eue avec sa mere. Mais il ne faudrait pas avoir la naivete d'un lecteur du dimanche et prendre pour argent comptant ce qu'elle dit : " Un recit, quel qu'il soit, ne contient-il pas W1e fin, une conclusion? Rien, ici, ne peut mener ala resolution de quoi que ce soil. » Le recit de Daviau est bel et bien UNIVERSITY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 70, NUMBER 1, WINTER 2000/ 1 2 LETTRES CANADIENNES "999 savamment construit, la fin expliquant jusqu'a un certain point Ie titre et Ie debut: «Entre la naissance de rna mere et celie de Gainsbourg, U n 'y a que deux annees d'ecart. Je n'y avais jamais pense: ils sont de la meme generation, ces deux-Ia. Donc, ils auraient pu, en effet... [...]Ma mere est marte Ie premier dimanche de mars.Gainsbourg? Meme chose. »Elle va meme plus loin: «Je dis "rna mere et Gainsbourg" parce que j'ai eu cette image-Ia. Ce que j'aimerais dire, au fond, c'est: rna mere et moi. »Alors tout change. De «Je t'aime. Moi non plus», Ie recit aboutit a «Je t'aime. Moi aussi.» Mais entre les paroles de Gainsbourg et la version de Daviau, il y a eu une vie, deux vies de fait qui n'ont pas connu l'amour que la mere et la fille cherchaient. A qui la faute, serait-on tente de demander, comme s'il y avait eu faute? C'est d'absence qu'il faudraitparler. D'impuissance aussi, de celie qui rend l'obstacle du silence, de la froideur, du repliement sur soi insurmontable. Comme une vie ne suffit pas a dompter pareils dragons, il faut la mort de l'une, Ie deuil de I'autre, pour commencer de voir ce qui n'allait pas, ce qui aurait pu etre, ce qui aurait dil etre fait. Rien n'echappe, semble-t-il, a I'ceil perspicace de I'enfant, a la sensibilite de I'adolescente, a [,intelligence de la femme milre, sauf la possibilite de changer sa mere, de' modifier les evenements, de faire un tour de passe-passe...

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