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SCIENCES HUMAINES 505 d'ceuvres ·de creation qui l'ont marque, auxquelles Ie professeur de l'Universite Laval donne une vie nouvelle en les plac;ant dans des ruches qu'il construit pour elles, rnais auss! acause de la couche de souvenirs personnels qui les recouvrent. A chacun revient egalernent Ie soin de completer son musee et sa bibliotheque imaginaires, tout en respectant les limites que l'auteur s'est donnees, en ne quittant done pas« les domaines fran, dans une 508 LETTRES CANADIENNES 1998 Onpeut difficilement eviter de comparer1aChronologie du quebecois ason predecesseur, Anatomie du quebecois. On y retrouve le meme gout prononce pour Ia ffietaphore/ la parabole, l'hyperbole, la boutade,lebon mot,l'ironie, 1a question rethorique, Ie sacre (Ie juron) et Ie point d'exclamation. La formule est particuliere :onl'achete ou on ne I'achete pas. Or, si elle m'avait amusee dans Anatomie, elle m'a un peu agacee dans 1a Chronologie. C'est quielle se prete moins bien au propos chronologique. Et que les anecdotes personnelles y sont fort nombreuses. Et que les affirmations ne sont pas toujours fondees, sont rarement argumentees et jamais documentE~es. Et qu'i1 n'y a ni references, ni bibliographie. Et que/ bon, justernent, tout t;a fait un peu «formule ». Bref, si on a ete totalement seduit par Anatomie du quebecois, on suivra Forest avec plaisir dans sa Chronologie. Pour moi, la lecture de }'un au de l'autre eftt suffit. Surtout rautre. *** Commentun petit territoire (a. I'echelle nord-americaine) peuple d'irreductibles francophones resiste-t-il encore et toujours a l'envahisseur? Le frant;ais vit toujours au Quebec; il ne s'est pas assimile a l'anglais, ni tota1ement/ ni au point de dOIU1er naissance aun chiaque ou aune langue mixte. II ne s'estpas non plus deve10ppe dans I'iso1ernent pour devenir une nouvelle langue/ aussi differente du franc;ais europeen que Ie roumam peut l'etre du latin. Non, il s'est de plus en plus rapproche, depuis la querelle du joual, du franc;ais normatif. Le choix de ce destin, parmi d'autres, parmi tous les autres, ne manque pas de surprendre pour peu quIon adopte une perspective historique ou que l'on regarde ailleurs sur la planete, du cote des langues minoritaires. 11 surprend moms quand on lit Chantal Bouchard. En fait, il s'impose cornme Ie seul denouement possible a cette longue Histoire d'une obsession quebecoise. Obsession, Ie terme n'est pas trop fort. Combien de !ivres, combien d'articles, d'emissions de radio, dJemissions de tele, de debats, de coHoques, de discours et de chicanes a-t-on consacre au Quebec a la langue? Et je ne parle pas iei des etudes savantes et des travaux de linguistes. QueUe Quebecoise, quel Quebecois n'a pas queIque chose adire sur la question de la langue? Cette question, cent fois remise sur Ie metier/ prend d'assaut la place publique de fat;on cyclique. Elle prend aussi d'assaut la place privee. En somme, elle prend toute la place. La langue et le nombril. La langue EST Ie nombril. Que 5'est-il passe dans l'histoire quebecoise pour que la langue devienne cet etemel sujet de preoccupation? Voila essentiellement ]a question a laquelle Chantal Bouchard tente de repondre. Et elle y reussit fort bien:« L'etat de 1a langue est I'etalon par lequel nous mesurons notre evolution, et il en est ainsi parce que la langue est devenue l'element central de notre SCIENCES HUMAINES 509 identite. » Parler de la langue, c'est parler de soi, de 1a societe, de la societe par rapport a soi, de soi par rapport a la societe. Bret un fantastique instrument diagnostique. Pour repondre a la question, Bouchard examine revolution de la perception que 1a collectivite quebecoise a de sa langue, depuis 1760, en se concentrant davantage sur une periode qui va de 1867 a1970. II ne s'agit pas pour l'auteure de tracer une evolution objective de la langue, rnais d'analyser ce qu'on en dit, ce qu'on en pense, dans un contexte social donne, de « penetrer 1a conscience collective des francophones du Quebec, generation apres...

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