In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

SCIENCES HUMAINES 459 Patricia Smart, Les femmes du Refus global Montreat Boreal, 332 p., 29,95$ L'annee 1998 ayant ete Ie cinquantenaire du Refus Global (1948), on a beaucoup ecrit sur ce manifeste qui constitue Ie jalon initial dans l'accession du Quebec ala modernite.Toutefois, aucun ouvrage officiel n'avait jusqu'ici aborde systematiquement 1a contribution des femmes signataires de ce manifeste. C'est ce manque que vient intelligemment combler l'essai de Patricia Smart intitue Les femmes du Rejus global. L'ouvrage de Smart repond atrois intentions: I'auteure a voulu retracer, avec eet ouvrage,le contexte historique du Refus global afin de comprendre les motifs de ces femmes et leur place au sein de l'automatisme; elle a cherche amettre en lumiere les aspects du rnouvement qui ont permis aces femmes d'epanouir leur creativite; enfin, elle visait a rendre compte de Ia totalite de l'ceuvre de ces artistes dans Ie contexte de leurs vies famiHaies et parfois amoureuses. Smart defend cette approche autobiographique en ce qu'elle permet tIDe attention soutenue sur la maniere dont ces femmes ont vecu les evenements: «Considerer l'histoire du groupe et de son epoque par Ie biais de l'experience de ces sept femmes, c'est prendre conscience des enormes differences d'attitudes qui pouvaient coexister a l'interieur d'un milieu durant la pretendue grande noirceu[». L'essai de Smart brosse en effet un tableau heterogene de l'epoque en etudiant la vie et l'ceuvre des quinze signataires du manifeste et leur milieu, bien qu'il se concentre sur les femmes signataires. On y apprend beaucoup sur cette periode chamiere d'apres-guerre, moment de bourgeonnement intense- ]a revolution tranquille ne tient pas de la generation spontanee - autant que de conservatisme effrene. Les sept femmes signataires, «pleinement presentes en tant qu'ecrivaines et interpretes des productions culturelles montees par Ie groupe» etaient aussi les rnembres du groupe quiont applique Ie plus systernatiquement Ie message du manifeste autornatiste dans leurs productions, sortant leurs ceuvres des cadres de l'academisme. Ainsi, les choregraphies de Fran<;oise Sullivan, de Jeanne Renaud et de Fran<;oise Riopelle, a l'origine de la danse rnoderne aMontreal, Ies creations de Madeleine Arbour pour la teIe, la publicite et Ie design pour de grandes cornpagnies, les verrieres pour des edifices publics de Marcelle Ferron, montrent l'ampleur de la revolution operee dans tous les secteurs de l'art et de la societe par ces femmes, qui n'ontjamais accede aune renommee ala hauteur de celle des Riopelle, Borduas, Leger, Gauvreau, eminents membres du groupe automatiste . Le succes tres relatif de ces femmes n'est peut-etre pas etranger aux mediums choisis. En efiet, il est difficile de conserver les traces d'une choregraphie, de roles au theatre comme ceux de Muriel Guilbault. Smart note par ailleurs que les femmes, en general moins conscientes de leur 460 LETTRES CANADIENNES 1998 importance que les hommes, n'ant pas tendance aconserver de traces de leur correspondance ecrite, ce qui augmente la difficulte des recherches des deceIUlies plus tard: c'est Ie cas des femmes etudiees ici. Mais c'est aussi la variete des mediums explores par ces femmes artistes qui constitue leur specificite feminine. Cette approche non sectaire de I'art, desinteressee (puisque la posterite n'etait pas consideree), refU~te d'une certaine maniere des frontieres infiniment mains etanches entre la vie familiale ou amoureuse et Ie travail que celles qui ont ete etablies par les hommes signataires. Cela presentait un danger que certaines ont difficilement evite: Madeleine Arbour, qui trouve dans la peinture un,eprofondeur que son travail d'etalagiste et de designer ne lui permet pas, laisse son mari, Ie peintre Pierre Gauvreau (frere de Claude), utiliser ses peintures comme fond (!) pour ses peintures alui,« illustration frappante de la tendance des femmes artistes et de leurs conjoints ou confreres rnasculins atenir pour acquise la plus grande importance de la carriere et des ceuvres des homrnes», comrne Ie dira Smart. Si Ie recent film de Manon Barbeau a montre Ie tribut paye par les enfants des automatistes, on pourrait affirmer que les femmes du Refus global ont aussi vecu cette aventure tres differemment de leurs confreres, certaines payant une plus lourde dette que d'autres au mode de vie choisi: aux deux extremites-de ces tendances, il y a Muriel Guilbault, qui s'est suicidee a vingt-huit ans - c'est la Beaule baroque decrite dans Ie roman eponyme de Claude Gauvreau - et Marcelle Ferron (sceur de Jacques), mariee, divorcee, mere de trois enfantsJ qui a pratique son art de verriere et de peintre envers et contre toutJ sur deux continents et pres dJun demi-siecle, malgre un sante chancelante. Les nombreuses analyses consacreesau Refusglobal ont, selon Smart, fini par tiger Ie dynamisme du groupe, et Ie souvenir des fenunes du mouvement automatiste, qui etaient pourtant tres presentes a l'epoque, s'est estompe; aussi fallait-il ecrire un tel livre, afin de « suppleer aune sorte d'amnesie culturelle». (NICOLE C6T1~) Daniel Canty, Etres artificiels. Les automates dans fa litterature americaine Montreal, LiberJ 1997, 155 p. Jean-Claude Beaune ouvre son livre intitule L'automate et ses mobiles, publie en 1980 chez Flammarion, par Ia definition suivante:« L'automate est une machine porteuse du principe interne de son mouvement qui, en consequence , garde inscrits en ses composants materiels ou ses actionsJ l'illusionJIe reve ou la feinte de la vie.) Cette definition, vaste (rnais c'est aussi son interet), ne correspond pas necessairernent aI'image d'epinal du robot de science-fiction a laquelle on reduit souvent l'etre artificiel. Des etres crees par Hephalstos jusqu'a l'ordinateur de la demiere generation, des pouvoirs de Prornethee jusqu'a ceux des chercheurs travaillant en ...

pdf

Share