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452 LETTRES CANADIENNES 1998 Montreuil. Eventually the presidente, in an echo of Sade's mother, was also to become his worst enemy when she refused to continue protecting him in his scandalous behaviour. While Bongie acknowledges that Sade's relationship to his mother will always remain speculative due to lack of archival information, what is not speculative and more profoundly disturbing is Sade's treatment of prostitutes, whom he regularly sexually abused, whipped and threatened with death. The documentation provided on the Jeanne Testard, Arceuil and Marseilles scandals, to name only the major ones, forces any reader who still wishes to separate the author from his writings to think twice. As Bongie repeatedly pOints out, Sade's abuse ofprostitutes is much less a claim to individual freedom than the immature behaviour of an over-privileged and carefully protected aristocrat. Repeatedly, Sade is safely whisked away under the royal protection of a lettre de cachet, only to return to his old habits upon his release. It is only once he loses the protection of the presidente de Montreuil that he will be imprisoned by the police for a sustained period of time. During the Revolution, Sade's behaviour once again fails the test of heroism. His willingness to deny his aristocratic heritage, after having capitalized on it for so many years, and his sycophantic praise of the Jacobin Marat, who was responsible for thousands of deaths during and after the September massacres, makes for uncomfortable reading. Bongie points out that the only consistent political position held by Sade is his unilateral hatred of priests and the church. However, unlike Andre Chenier , who was imprisoned at the same time as Sade for two weeks, and who was guillotined for his beliefs, Sade's chameleon-like transformations and political opportunismenabled him to survive well into the Napoleonic age. Can Sade, in any sense, be redeemed for Bongie? Underlying his criticisms is a reluctant admiration for the divine marquis, for his manipulative intelligence, his stubbornness, his sheer will to survive. Paradoxically, this brings Sade closer to his mother, a woman who never gave up her fight for family honour and aristocratic privilege. What Bongie condemns in Sade is also what fascinates him as a biographer, namely the aristocratic conviction that the world exists for the marquis, and not the other way around. (CHRISTINE ROULSTON) Fran~ois Leroux, Figures de la souverainete. Nietzsche et la question politiqlle Montreal, Hurtubise HMH, colI. Breches, 1997,341 p., 29/95$ Peu de commentateurs se sont penches jusqu'ici sur la question de la politiquechez Nietzsche etil faut saluer la contribution de Fran~ois Leroux. Cette carence s'explique peut-etre par Ie caractere a la fois trouble et troublant du theme. Qu'il suffise d'evoquer l'idee de la volante de SCIENCES HUMAINES 453 puissance de meme que l'horreur dont l'a revetue son embrigadement par Ie national-socialisme. De plus, bien que recurrent dans l'ceuvre de Nietzsche, Ie theme de la politique ne parvient jamais ase constituer en analyse, voire en programme explicite. Au premier plan, en effet, c'est ala culture et ala morale judeo-chretienne que Nietzsche s'attaque. Quant a son parti pris prowagnerien qui traverse les ecrits de jeunesse et qui constitue sa seule veritable intervention sur la scene publique, Nietzsche Ie repudie retrospectivement. 11 regrette d'avoir assode au drame wagnerien la possibilited'un retour a soi de « I'arne allemande» et d'avoir obscurci par la son veritable probleme, dit rnetaphysique, Ie dionysiaque (cf Essai d'autocritique, §6). Le nom de Nietzsche semble ainsi allonger la liste de ceux qui ont succombe ala tentation d'associer leur pensee ala politique. Conscient de ces difficultes, Fran<;ois Leroux n'en soutient pas moins dans Figures de la souverainete..., que l'ceuvre de Nietzsche a «un caractere profondement )}, voire meme« fondamentalement )},« politique». Ce verdict 5'appuie sui l'idee directrice, affleurant surtout dans les deux premiers chapitres, selon laquelle I'ecriture a une significationet une visee politiques masquees. Plus precisement, c'est la culture, definie comme l'unite d'tU1 style et qui s'etablit sous Ie signe de l'ecriture, qui instaure Ie politique:« [L]a question du style s'annonce d'emblee comme interrogation fondamentalernent politique: elle [...] concentre en elle l'essentiel de la critique de la culture et donne a lire les enonces d'action les plus importants qui s'en degagent. » Bien qu'il s'ernbrouille souvent dans les sinuosih~s du texte, Ie lecteur accordera a Leroux Ie merite d'avoir mis en lumiere Ie rapport de la politique et du style. En revanche, il sera peut-etre mains endin a accepter l'extension du politique qui en resulte et qui apparait reductrice, tout particulierement en ce qui concerne la signification de l'art. Leroux refuse de 5'arreter uniquement it la discussion des prises de position provocantes de Nietzsche vis-a.-vis des doctrines politiques et de l'hegemonie de l'13tat rnoderne, car il y a chez ce dernier « tme veritable analyse politique [...] que porte l'entreprise de la genealogie », analyse qui permet non seulement d'eclairer les prises de position de Nietzsche, mais aussi de mettre en relief l'utopie qui s'y dessine. Par utopie, il faut comprendre l'evocation d'un avenir. En fait La genealogie, dont Ie travail marque deja. La naissance de la tragedie selon Leroux et qu'il comprend dans une veine derridienne, decouvre l'intrication de la politique, telle que con<;ue par Machlavel, et d'une autre dimension, qu'on pourrait qualifier de souterraine, celle de la douleur de l'existence ou, dit en d'autres termes, dela dimension dionysiaque des passions. Leroux relie donc la « metaphysique de la douleur)} a l'univers de la politique et, a l'inverse, situe la politique dans l'horizon d'un retour de 1a violence et de la douleur qu'il assimile au dionysiaque. Paradoxalement, c'est cette resurgence de la violence dans une rnodernite emportee par l'avidite du pouvoir qui rend 454 LETIRES CANADIENNES 1998 possible sa resorptioncivilisatrice. L'utopie s'elabore sur fond d'eschatologie . Au troisieme chapitre, Leroux interprete ainsi La naissance de la tragedie comme une« fabuleuse dramatisation» de la question politique qui vise a en fixer la limite. Cela signifie sa cloture et, ala fois, sa legitimation. Leroux decele trois figures successives de cette dramatisation dans I'ceuvre nietzscheenne, lesquelles, selon lui, assignent une meme visee au poEtique :la souverainete. ns'agit d'abord du genie, ensuite du surhomme, et enfin de Nietzsche 1ui-meme. Abon droit, Leroux restreint son investigation ala figure du genie. Mis apart Ie dernier chapitre ou il jette un regard prospectif sur l'ceuvre ulterieure (au il ne fait cependant pas mention des fragments consacres a la «grande politique »), il se concentre par conse- - quent sur les textes de jeunesse et, plus particulierement, sur la Naissance de la tragedie, la seconde Intempestive sur l'histoire et un manuscrit non publie de 1871, figurant parmi les ecrits preparatoires aLa naissance de La tra$edie, Ie Fragment de Lugano, que Nietzsche refondra en 1872 SOllS Ie titre L'Etat chez fes Grecs. Leroux attribue ace manuscrit une importance decisive et lui consacre Ie quatrieme chapitre intitule «La scene primitive de l':Etat », ou I'Etat et Ie genie sont envisages dans une sorte de rapport clialectique: Ie genie represente I'origine de l'Etat et l'Etat I'origine du genie. Notons que Ie genie, pour Leroux, ne signifie pas l'individu d'exception, mais plutot la metaphore ou encore Ia voix du peuple. Par son CEuvre, il fournit au peuple la possibilite d'un renouvellement de sa memoire collective, laquelle fonde son unite et son identite, c'est-a.-dire sa souverainete. L'existence de l'Etat repose sur cette souverainete qu'on pourrait qualifier de culturelle, bien que, cornme Leroux Ie remarque, elle depasse Ies lirnites de la nation. L'Etat doit en tout cas avoir pour but la production du genie, ce qui limite sa pretention al'absolu de meme que I'ego'isme des individus qui utilisent Ie pouvoir aleurs propres fins. Toutefois, s'll permet de resoTher 1a douleur, Ie genie la presuppose egalement. Le genie nait en effet de la necessite de l'<-< esclavage», soit de la violence, notamment guerriere, de l'Etat qui rassemble les individus et les civilise. L'art realise ainsi ]'assomption de la souffrance, c'est-a.-dire en quelque sorte son oubli, dans la memoire collective . L'art et la tragedie sont consideres ici comme un enjeu politique allegorique . De meme, Ie· dionysiaque est identifie a 1a passion politique qui detruit et offresimultanement la possibilite d'un salut. Cette politisation de I'art etsurtout du dionysiaque apparau tres discutable, meme lorsqu'on fait abstraction de toute preoccupation philologique. Comment la joie dionysiaque s'y inscrit-elle ? A1'inverse, quoiqu'elle manifestel'opposition de Nietzsche ala violence et al'appetit de pouvoir qui caracterisent la politique rnoderne, cette dramatisation du politique nous laisse sur notre faim, comrne s'il £allait se resigner ace que Ie remede reside uniquement dans Ie mal. (MARIE-ANDREE RICARD) ...

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