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SCIENCES HUMAINES 199 Franc;oise Tetu de Labsade explique dans son introduction que la mise en rapport des questions d'identite etd'interculture visait d'abord aevaluer !'impact positif de Ia mouvance identitaire en Amerique du Nord ala fin du xxe siecle. A ce titre, une communication importante de Sergio Kok.is, lors du colloque de 1995r publiee apart par la CEFAN et Nuit Blanche, aurait beaucoup contribue afixer les limites du debat. II est dommage que cette intervention ait ete ainsi detachee de son contexte, provoquant un appauvrissement des debats. Cela dit, les textes theoriques reunis ici me semblent constituer des jalons importants pour une comprehension plus aigue de la complexite infinie des rapports avec les autres cultures. Dans un tres bel article, Daniel Castillo-Durante fait bien voir jusqu'a quel point, en depit de l'ouverture a1'Autre, signalee et annoncee par notre epoque, la pensee philosophique occidentale est restee tres profondement une construction du Meme, I'Autre etant toujours vu dans son« agonicite » et dans la necessite d'une constante negotiation. Ce texte fait echo acelui de Rodney Saint-Eloi qui souleve, a travers une reflexion sur 1'ecriture haltienne, la question du sujet singulier toujours en position d'equilibre dans un monde qui ne garantit jamais son integralite. Cette difficulte d'etre est pour ainsi dire constitutive de l'histoire du sujet ha1'tien: son identite, dira Saint-Eloi, «est une immense blessure ». Parmi les ref1exions theoriques , on trouvera egalement celles de Jean Bernabe sur l'oralite dans Ia culture antillaise, de Claude Corbo sur les aspects politiques du dialogue interculturel, de Hans-Ji.irgen Liisebrink sur certains romans africains recents, et enfin de Real Ouellet et Emmanuel Bouchard conjointement sur les rapports entre colonisateurs et autochtones au xvne siecle au Canada. Comme on Ie voit, il s'agit d'un ensemble assez eclate, un peu a}'image de la societe qu'il tendait adecrire. Les limites des trois ouvrages recenses ici montrent bien jusqu'a quel point il est difficile de composer avec l'heterogeneite. Et un curieux attachement aux formes les plus sourdes de l'identite collective continue d'affleurer, en depit de notre volonte de preter voie aux multiples singularites qui traversent notre conscience contemporaine. Dans cette voie, c'est encore l'ouvrage de Linda Cardinal qui nous entraine sur les chemins les plus nouveaux. (FRANc;ois PARE) Simon Battestini, Ecriture et texte. Contribution africaine Sainte-Foy, Les Presses de l'Universite Laval [et] Paris, Presence africaine, 475 p., 35$ Joel DesRosiers, Theories Caraibes. Poetique du deracinement Montreal, Triptyque, 1996, 226 p. L'auteur et son prefacier presentent Ecriture et texte. Contribution nfricaine comme une etude semiotique visant a reconceptualiser les notions .200 LETfRES CANADIENNES 1997 d'ecriture et de texte par !'integration dans la > et a amplifier I'importance de l'oralite; pour y remedier, le semioticien relevera tout ce qui apparait comrne des modes d'ecriture dans les pratiques artistiques africaines (ecrirure parietale, poids ashan, peintures corporelles, motifs sur textiles, sculptures, masques, ornements, danse, langage tambourine, etc.). Le volume reviendra ensuite sur des questions de definition et sur le probleme de Ia transcription des langues orales, exposant les limites de !'approche linguistique et citant des etudes et des experiences qui tendent a demontrer le potentiel des scripts locaux et !'inaptitude de l'alphabet latin a noter les langues africaines. Ce tour d'horizon des dimensions de la question de 1'ecriture se termine sur trois chapitres plus courts ou sont abordes encore (entre autres) la diffusion de certaines connaissances (mathematiques, pharmacopees, astronomie, etc.) par des textes divers tels que des traites de medecine en arabe et scripts locaux,le fonctionnement des systemes symboliques et !'acquisition d'une culture generale atravers differents types d'ecriture, ainsi que la production encore largement ignoree d'une litterature populaire et specialisee ecrite en ]angues africaines. Devant tant de preuves du contraire, nul n'osera, en effet, parler desormais d'un continent «sans ecriture >>. Cependant, si par le grand nombre d'etudes commentees, le livre de Battestini se lit comme un resume tres instructif del'etat actuel des connaissances sur la question (publiees en frant;ais et en anglais), la reconceptualisation proposee est loin d...

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