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468 LETTRES CANADIENNES 1996 meme de l'universite, la seule fa<;on d'enseigner l'histoire 'aux jeunes est de partir de I'actualite et de leur vie quotidienne, de points de reference qui les interessent. Cette «primaute du present» permet de former des citoyens possedant une conscience historique, sodale et nationale, but uitime de la cormaissance du passe. L'ouvrage fourmille d'exemples et de citations. En , fait, celles-ci sont trop nombreuses. Certains paragraphes, voire des pages et des sections entieres, ne constituent en fait qu'un collage de citations. La these de l'auteur aurait ete aussi efficacement exposee dans un article. *** L'editeur et Ie patron d'Andre Lefebvre, Marc-Aime Guerin, aurait eu avantage alire plus attentivement De l'enseignement de l'histoire. Il aurait peut-etre compris que les auteurs du rapport Lacoursiere-Langlois, Se souvenir et devenir, rapport commandite par Ie ministere de I'Education du Quebec, prechent justement en faveur d'une relecture constante du passe ala lumiere du present, un present qui change constarnment. Ainsi, dans les deux dernieres decennies, les historiens des explorations ont mis au centre de leurs travaux les relations culturelles entre Europeens et Amerindiens, comme en fait foi eloquemment l'ouvrage de Martin Fournier. Leurs predecesseurs avaient d'autres preoccupations et leurs successeurs, ~ul doute, reajusteront aussi leur tiro En se fa:isant les avocats de programmes d'enseignement de l'histoire qui tiennent compte du contexte de globalisation et de la rencontre avec I'Autre, elements avec lesquels doit, bon gre mal gre, evoluer le Quebec, les auteurs du rapport Lacoursiere-Langlois font montre de luddite. Mais pas au dire de MarcAime Guerin qui a commis une plaquette critique sur Ie rapport. Pour Guerin, il faut se connaltre soi-meme avant de connaitre I'Autre, comme si I'Autre restait toujours Autre. En fait, il se degage de son attaque un anti-intellectualisme dontn'auraitpas honte Preston Manning, en depit du fait que l'auteur emaille son texte de citations qui montrent beaucoup de pedantisme. Et tout ~a accompagne d'une bonne dose de xenophobie. Guerin en a gros sur Ie cceur et Ie Iecteur devrait eviter ce petit livre. Qu'il lise plutot cellX de Fournier et de Dawson. (YVES FRENETTE) Yvan Lamonde, Ni avec eux ni sans eux: Ie Quebec et les Etats-Unis Quebec, Nuit blanche editeur, 125 p. La question de l'identite culturelle quebecoise nous ramenenecessairement toujours aune interrogation sur I'influence des Etats-Unis. Dans ce court volume, Yvan Lamonde offre une description bien documentee et clairement exposee de l'evolution de l'americanite quebecoise depuis l'invasion du Canada en 1774 - par les forces revolutionnaires americaines SCIENCES HUMAINES 469 -jusqu'en 1995. Ses propos sont organises en trois parties, dont deux selon un decoupage chronologique. La demiere partie se veut une refiexion autobiographique au l'auteur deerit sa relation ala culture americaine, un terme qui, pour lui, comprend I'Amerique du Nord et YAmerique du Sud. Dans I'avant-propos, Lamonde definit son projet eomme une contribution al'etude des representations quebecoises. 11 voit son livre corrune Ie premier valet d'une serie -d'etudes sur 1a determination de 1a culture quebecoise. Son ouvrage s/inscrit dans une remise en question de la place historiquement preponderante accordee aIa France dans l'imaginaire quebecois et dans une revalorisation de l'irnportance des influences britanniques et romaines au Canada fran<;ais. D'abord, il faut baliser Ie terrain. Lamonde n'aborde pas Ie phenomene des influences culturelles dans une perspective negative, c'est-a.-dire regie par les concepts d'hegemonie et dJacculturation, ce qu'il nomrne«l'americanisation ». Au contraire, «I'americanite» «est un concept d'ouverture et de mouvance qui ,dit Ie consentement du Quebec ason appartencance continentale ». En suivant une organisationchronoIogique, Lamonde retrace l'evolution des attitudes canadiennes-fran<;aises envers leur grand voisin du sud, appuyant son argumentation sur des faits politiques et economiques, sans entrer dans Ies details. Dans Ie but de soutenir ses propos, il cite un nombre impressiormant de textes documentaires. D'une « neutralitebienveillante» caracterisee par son peu d'interet aI'egard des Etats-Unis entre 1776 et 18121 Ie Canada fran<;ais passe a une admiration pour la reussite republicaine dans les annees 1830. Lamonde explique en grande partie cet interet accnl par la presence sur la scene politique quebecoise de LouisJoseph Papineau et d'Etienne Parent qui regardent du cote des Etats-Unis pour solutionner Ies problemes politiques du Bas-Canada. Dans les aIU1ees qui suivent la defaite desPatriotes, Ie pays voisin revetira une autre importance dans l'imaginaire canadien-fran<;ais lorsqu'il accueillera surson territoire ce que certains experts jugentetreI'equivalentde pres de la moitie de'Ia population francophone du Quebec. A I'instar d/autres chercheurs quebecois -dans le domaine des sciences humaines, Lamonde tente d'evaluer et d'apprecier les consequences de cetteemigration massive pour la culture canadienne-franc;aise. II souligne la division dans les attitudes entre l'elite conservatrice et Ie peuple, ce dernier demontrant son acceptation de Ia societe industrielle americaine par son emigration, alors que l'elite continue de tonner contre ce pays ou regne Ie Veau d/Or. Lamonde situe Ie point tournant de cette evolution vers une plus grande identificationaux vcileurs americaines apres la DeuxiemeGuerremondiale. Je n'ai pas maine a partir avec cette interpretation, mais I'explication materialiste de ce phenomene paraH trop schematique. L'economie du style, une vertu lorsqu'il s'agissait de synthetiser beaucoup de materiel aim de decrire les multiples attitudes, devient un detaut a ce pomt-ci de 470 LETTRES CANADIENNES 1996 l'argumentation ou il aurait fallu avoir recours davantage a l'histoire econornique et sociaIe. Dans Ie dernier volet du livre, Lamonde aborde la problematique de l'Histoire comme construction discursive et traite de la position relative de l'historien en regard de sa narration. Bien que cette partie soit utile camrne temoignage, elle me paraH mains apte aretenir l'attention du lecteur que la narration historique traditionnelle. Serait-ce que cette demiere coule mieux,l'auteur se sentant plus al'aise avec ce genred'ecrit, et qU'uncertain souffle romanesque soit necessaire pour reussir ce qu'a tente Lamonde dans son histoire personnelle? Quoi qu'il en soit, il faut feliciter l'auteur pour cette tentative novatrice. Somme toute, cette etude est 1a bienvenue, car Lamonde reussit a y demeler les grandes lignes de cette americanite quebecoise en continuelle evolution. La grande valeur de ce travail reside dans Ie fait que Lamonde a su brosser un tableau d'ensernble qui fait ressortir ala fois les maillons et la chaine du phenomene de l'americanite quebecoise. (MARY ELIZABETH AUBE) Gerard Etienne, La question raciale et raciste dans Ie roman quebecois Montreal, Editions Balzac, 1995, 216 p. Poete, essayiste et romancier d'origine haltienne, Gerard Etienne est surtout connu pour ses romans cansacres a la question de la negritude (en particulier: Le negre crucifie et La reine soleillevee). Depuis plusieurs annees, il represente une des voix irnpartantes de I'ecriture migrante francophone au Quebec. Aussi,Ia parution de son etude sur la question raciale et raciste dans Ie roman quebecois est-elle un evenement significatif, etant donne l'importance de la problematique dans l'institution litteraire et, de fac;on generale, dans la societe contemparaine. Etienne signale dans son introduction que Ie projet de son etude a ete elabore a la suite d'une relecture de deux romans quebecois (non identifies), ou il a ete frappe par «la perception raciste du negre, de la negresse et du juif, chaque fois qu'on les mettait en scene ou qu'on les utilisait comme signe Mlescopique dans un enonce qui traduit I'agressivite de I'auteur ». II s'est alors donne comme but d'entreprendre unerecherche sur 1a question raciale et raciste dans Ie roman quebecois contemporain. Des l'introduction, la visee de l'ouvrage d'Etienne est plutot ambigue. I)'une part, il precise que son objectif «ne consiste pas acondamner le mode d'expression de certains auteurs, ni a presenter Ie racisrne comme l'un des attributs de la societe quebecoise ». D'autre part, il se dit etonne de constater que, dans Ie contexte des annees 1960-1970, marquees par la publication des Negres blancs d'Amerique de Pierre Vallieres et des textes militants de , Parti pris, «na.issait une litterature dont les principaux axes d'articulation ...

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