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132 LETIRES CANADIENNES 1995 blement, modestes Oll considerables, durables ou epherneres, toujours cette fievre de l'imminent Rendez-vous. Il nous arrive d'en perdre l'intelligence, jarnais la nostalgie.» nfaut souvent debroussailler pour arriver ade telles remarques lumineuses: mais l'ecriture n'est qu'une interminable banlieue aut~ur d'un centre indicible ef«egolste». La discursivite, ouvrage collectif publie sous la direction de Lucie Bourassa, est la aussi traverse par un profond malaise. Car autant les chercheurs ayant collabore aces ecrits sur Ie discours revent de pouvoir exalter la theorie, de pouvoir s'y abandonner sans ambages, autant ils restent preoccupes, presque desarmes, par l'insoutenable generalisation que requiert toute conclusion theorique. Lucie Bourassa reussit admirablement bien, dans son introduction, a comerer une coherence intellectuelle a ces textes extremement ctisparates et tres inegaux. Elle fait valoir, avec raison, la necessite d'etablir des modeles comparatistes du discours, afin d'eviter un universalisrne outrancier. La theorie, selon elle et selon l'ensemble des collaborateurs de ce recueil, doit s'interesser aux frantieres, aux cas-limites, al'heterogene. Il ne sera pas possible de rendre compte ici de chacun des textes. Certains (Dumont, Dian, Fortier/Mercier, Nardout-Lafarge) ne sont d'ailleurs que des objectifs de recherche, comme on pourrait les retrouver dans un formulaire de demande de subvention: ils ne meritaient pas franchement la publication en livre imprime. D'autres constituent certainement des reflexions originaies et utiles sur Ie discours. C'est Ie cas notamment des articles de Pierre Ouellet sUr les liens entre Ie discours litteraire et les theories de Ia perception sensorielle, de Paul Bleton sur la lecture serielle (un peu previsible tout de meme), de Richard Saint-Gelai5 sur Ia sciencefiction americaine, et de Barbara Havercroft sur Ie discours autobiographique . Ce demier article me semble de loin Ie plus probant du recueil. Voila done simplement un outil de reference. Contrairement ace que pretend Lucie Bourassa dans son introduction, sa pertinence en litterature quebecoise est minimale, puisque la plupart des chercheurs (pourtant membres du CRELIQ) ne s'y interessent pas. Ce qui manque a un tel ouvrage, c'est une vision au sens fort, une veritable pensee du discours, qui anime l'introduction de Bourassa, mais 5'absente dans la piupart des textes subsequents. (FRAN<;OIS PARE) La jrancophonie ontarienne: bilan et perspectives de recherche, s. la dir. de Jacques Cotnam, Yves Frenette et Agnes Whitfield Ottawa, Le Nordir, 364 p. Les Editions du Nordir viennent de lancer une publication de qualite. De presentation tout a fait moderne, La jrancophonie ontarienne: bilan et SCIENCES HUMAINES 133 perspectives de recherche ne de~oit pas non plus par I'accessibilite de son contenu. II faut en cela rendre grace aux codirecteurs qui, en ayant propose quatre themes precis (Ies inventaires, les relations avec Ie Quebec, les reseaux,l'identib~), permettent au lecteur de ne pas trop se perdre dans Ie jargon disciplinaire, ce qui est malheureusement souvent Ie cas dans des publications de ce genre. Dix-sept chercheurs et chercheuses issus de huit diSciplines (litterature, linguistique, ethnologie, economie, education, science politique, histoire, sociologie) pourSUivent une CEuvre deja entreprise il y a de cela une vingtaine d'annees avec Situation de fa recherche sur fa viefran9aise en Ontario, dont il faut au passage reconnaitre aujourd'hui la valeur. . Plus recemment encore, Linda Cardinat Jean Lapointe et J. Yvon Theriault ont publie Btat de la recherche sur les communautes francophones hors Quebec. Le projet presentant quelques recoupements avec celui publie au Nordir, on ne s'etonnera pas que Ie livre soit cite abondarrunent et, interdisciplinarite oblige, par un nombre important d'auteurs de La francophonie ontarienne... Si l'interet du livre de Cardinal, Lapointe et Theriault ne tenait pas plus a la modestie de son projet (la francophonie hors Quebec) qu'a celie de ses moyens, en revanche, I'ouvrage des Cotnam, Frenette et Whitfield, en restreignant son objet a la communaute franco-ontarienne, puis, en faisant appel au savoir faire de diSciplines differentes, permet autCUlt de renforcer la coherence de l'ensemble des articles que d'eviter Ie piege de l'unanimisme . Enfin, il me semble que c'est precisernent l'interdisciplinarite qui arrive Ie mieux ane pas dissocier 1a critique du bilan. Par exemple dans l'article intitule «L'efficacite du symbolique: Ia socioeconomie spectrale» Ies auteurs (Henault, Laurent et Paquet), se plaignent de «la reaction febrile» des professeurs de sociologie qui «attribuent aux economistes un simplisme navrant». Il arrive aussi que la critique provienne d'une meme diScipline. Roger Bernard, dans son article percutant «Reflexions critiques d'un chercheur» met en doute la rigueur scientifique de certaines recherches qui 5'effectuent en sociologie sur l'Ontario franc;ais. Encore la, c'est Ie livre ftat de la recherche... qui est cite. Si Roger Bernard s'etait contente de critiquer ses collegues, on aurait pu difficilement parler de courage, mais I'humilite de l'auteur va heureusement jusqu'a l'autocritique. Car en sciences, on admet difficilement 1a «molIesse», Ie critere d'entree etant bien sUr la «purete», gare aux aveux,.la pretention n'est jamais loin. Puisque je dois proceder ades choix pour les besoins de ce compte rendu, j'aimerais souligner en terminant Ie texte forfinformatif de Sylvie d'Augerot -Arent intitule «La condition des femmes francophones en Ontario: de l'unicite patriarcale a la multiplidte des realites», ou l'auteur arrive a dresser un bilan eloquent de la condition feminine de 1940 anos jours. 134 LETTRES CANADIENNES 1995 Mentionnons aussi cet article sur «Les medias et I'alterite» de Larose et Nielsen, une courte etude qui s'interroge sur les consequences de la multiplication des nouvelles technologies de la communication sur la reconnaissance de l'Ontario fran~ais. Toujours au chapitre de la reconnaissance , Jean-Pierre Pichette recommande que ron fasse une synthese du patrimoine traditionnel des differentes regions francophones de l'Amerique , al'heure OU elles cherchent afaire reconnaitre leur enracinernent. Il serait peut etre imprudent de tirer une conclusion sur I'ensemble de ces etudes. Pourtant, il me semble que c'estjustementIe caractere eminemment politique de ce bilan qui ressort Ie plus dans ce livre et, en ce sens, on peut se demander si les sciences humaines ont reellement d'autres choix que celui de reconnaitre qu'elles ne peuvent pretendre ala verite sans une bonne dose de modestie. (MAURICE LAMOTHE) Greg Marc Nielsen, Le Canada de Radio-Canada. Sociologie critique et dialogisme culturel Toronto, Editions du GREF, coll. Theoria, nO 4, 1994,206 p. Jusqu'ou une societe peut-elle s'autocritiquer al'interieur d'une de ses institutions, dont on pourrait croire a priori qu'elle en est Ie vehicule de l'ideologie dominante? Et sur quoi porte alors la critique? QueUe place faitelle a I'alterite? La question devient encore plus interessante lorsque l'institution, Radio-Canada en l'occurrence, est partagee par - ou entredeux societes. La ou Ie discours officiel affirme que Radio-Canada contribue al'unite canadienne par sa diffusion en deux langues from coast to coast, l'histoire que retrace Nielsen montre al'evidence qu'on est bel et bien en presence de deux «societes distinctes): CBC et Radio-Canada, ala genese et aux traditions non moins distinctes. Nielsen centre son disours sur les annees 1950 et consequerrunent sur la production radiophonique. Ce serait la periode «pre-postmoderne» ou les medias se mettent en place, mais n'ont pas encore transforme Ie mode de connaissance et la perception que les societes ont d'elles-memes. En analysant des productions radiophoruques appartenant au registre de la comedie satirique, Ie pari est de cerner les limites de la critique institutionnelle et les parametres de 1a critique admissible. L'auteur se reclame de la sociologie critique pour analyser la critique a 1'reuvre dans les productions culturelles. Entre les deux, subsiste un hiatus que Ie recours aBakhtine ne comble pas et que I'auteur n'explicite pas. On demeure avec I'impression soit qu'il en dit trop et que ce cadre theorique, au fond, ne lui sert pas vraiment, soit qu'iln'en ditpas assez et qu'il a garde dans sa manche plusieurs atouts theoriques et methqdologiques, sans nous les devoiler.' . ...

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