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74 LETTRES CANADIENNES 1995 pourtant, de telles notions relativistes etaient assez repandues (Montaigne, CharronJ Pascal, Bernier, Gassendi, La Fontaine). Dans ce troisieme chapitre, une exploration plus poussee du mileu intelleduel de l'epoque aurait mieux eclairci la nature radicale du point de vue de La Rochefoucauld . Neanmoins, c'est avec beaucoup d'adresse que Hodgson demontre que ce qui distingue La Rochefoucauld, c'est surtout la profondeur de son analyse des secrets du labyrinthe du cceurhumain, secrets que, paradoxalement , l'etre humain cornprend tout en se les cachant. Dans cette etude sur La Rochefoucauld, Hodgson reussit admirablement apresenter sa fa~on d'envisager l'amour-propre, les vices, et les vertus. Les chapitres·4, 5 et 6 (> afin de mettre en evidence, ainsi que je l'ai indique ci-dessus, la fonction persuasive exercee par maintes sequences narratives et Ie role orgarusateur des innombrables raccords argumentatifs hugoliens. On s'en doute, Ie projet est quelque peu austere, et il est conseille aceux qui ne supportent pas les terminologies techniques de ne pas s'aventurer dans la lecture de eet ouvrage sans une bonne dose prealable de decontractants . II y a la, dans Ie corps de l'ouvrage, un enorme travail de description, precis, tenace et ardu. Pour en donner une idee, je citerai simplement un court extrait de 1a table des matieres. ns'agit de la section «3.2. Figures du pathos mimetique», cloturant Ie troisierne chapitre eonsacre au pathos narratif. Elle se lit comme suit: «3.2.1.l'exuscitatio; 3.2.2.l'aposiopese; 3.2.3. l'exclarnation; 3.2.4.l'interrogation dite II 0 ratoire";3.2.5.l'apostrophe; 3.2.6. l'anamnese; 3.2.7. Ie threne; 3.2.8.l'optation; 3.2.91a deesis; 3.2.10.1a mempsis ; [...] 3.2.20. la bdelygmia; 3.2.21.]a cataplexis; 3.2.22. l'ara». Or, cela ne se trouve ni dans un gradus ni dans un traite. C'est dire que chaque figure, que chaque ton, que chaque procede, apres avoir ete defini par Ie critique pour faciliter la comprehension, est ensuite saisi et analyse dans un exernpIe tire de la prose hugolienne. A cet egard, la description est irnpressionnante et tres interessante. Eile attire l'attention sur des caracteristiques irnportantes de l'ecriture hugolienne (par exemple sur la recurrence d'une metarhetorique conduisant Ie narrateur hugolien a cornmenter et aevaluer les prestations rhetoriques des persormages) et met en evidence la variete de la palette et l'immense metier dont disposait Hugo. Cette description suffit-elle aprouver la these principale? C'est plus discutable. Si la conclusion de l'ouvrage est fermement posee, si elle dit clairement que 1a preuve a eM apportee que «Ie recit hugolien affre l'exemple d'une argumentation c1assique», que «les narrateurs et les personnages du recit hugolien doivent [d'innombrables figures et arguments] ala rhetorique classique»,elle passe cependant par cette concession OU germe, me semblet -il, un doute: Or, dans un corpus aussi impressionnant que Ie recit hugolien, et par ses dimensions et par sa puissance ideologique, il serait paradoxal, pour en dire Ie mains, que l'on ne reussisse pas atrouver plusieurs exemples des principales figures et des arguments identifies par des rheteurs et critiques litteraires cornrne Gorgias et Aristote, Quintilien et le pseudo-Longin, A1cuin et Isidore de Seville, Erasme et La Ramee, Lamy et Boileau, Dumarsais et Blair, Fontanier et De SCIENCES HUMAINES 77 Quincey, Curtius et Perelman, Ie Groupe 11 et Lanham. Ce n'est done pas la seule presence massive de ces figures et arguments qui prouve !'importance de la rhetorique classique dans Ie recit hugolien, c'est plutot l'absence de formes diseursives "nouvelles". Outre que cette affirmation est contredite, en quelques occasions, par la devolution acertaines figures d'un caractere specifiquement «romantique», elle attire l'attention sur Ie caractere parfois trop statique du raisonnernent et sur une conception anaxiologique de la litterature qui presente quelque mconvenient. II n'est pas evident en effet que I'age d'une metabole depende simplement de sa recension dans tel ou tel traite de rhetorique. Si I'a priori selo~ lequel l'etude se refuse atoute ouverture vers l'hermeneutique...

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