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HUMANITIES 293 Deveioppement et rayonnement de La litterature quebecoise: un deft pour l'an 2000 sous la direction de l'Union des ecrivaines et des ecrivains quebecois Quebec, Nuit Blanche editeur, colI. Litterature(s), 443 p., 29,95$ Version imprimee des debats engages lors d'un colloque tenu al'Universite de Montreal en 1992, ce livre brosse un portrait de l'etat actuel et futur de la litterature quebecoise. Se voulant la plus complete possible, cette reflexion suit une demarche qui cible plusieurs aspects de l'industrie litteraire: la creation, la production, la distribution, la mediatisation, la reception et l'encadrement. Or, la publication de ces actes temoigne des efforts de l'UNEQ dans la promotion des lettres quebecoises. De plus, l'envergure du livre et les debats qu'il renferme font de lui un repere utile dans l'etude du «developpement et du rayonnement» de cette litterature. Ouvrage collectif, Ie livre regroupe une grande variete d'articles de gens reuvrant dans Ie domaine litb~raire: ecrivains, critiques, traducteurs, joumalistes, editeurs, etudiants et enseignants de differents niveaux. En plus d'assurer des points de vue des plus divergents, cette approche multiple met en relief I'aspect contextuel et vivant de la litterature. Bon gre, mal gre, la formule «colloque» a ete conservee par les editeurs. Ainsi, Ie livre est divise en cinq grandes sections thematiques: «La specificite de la litterature quebecoise», « La mediatisation et la circulation de la litterature quebecoise », «La mutation de l'ecrivain », «L'avenir de la lecture », et «L'industrie et l'economie du livre ». Chaque partie est divisee davantage en plusieurs «tables rondes» afin de reunir les elements d'un debat precis sur un sujet donne. La section prefacielle est exceptionnellement longue, car elle est composee de plusieurs «Mots» de personnages de differents organismes gouvernementaux, ainsi que de la preface proprement dite de Bruno Roy. Dans la premiere partie, «La specificite de la litterature quebecoise», nombre d'articles tentent d'identifier la «quebecite» dans les lettres quebecoises, et ce, sous differents angles: a) par rapport a une langue quebecoise mise en contraste avec «la» langue fran<;aise; b) par rapport ala litterature fran<;aise, pour ne pas dire tout simplement la France, cette«Mere Patrie [...], Vieille France [...J; Mauvaise Mere qui abandonne ses enfants» (Maihot); c) par rapport a«d'autres» litteratures au sein de la litterature quebecoise, «d'autres » dans Ie sens commun d'autres traditions culturelles aussi bien que dans Ie sens prolonge d'une alterite qui vient habiter l'ecrivain «interculturel» urbain, montrealais en I'occurrence (Harel); d) par rapport aux pays etrangers (hormis la France): Godin parle de la possibilite d'une phase comparatiste possible, surtout avec l'Afrique francophone, et Gould rappelle l'importance des EtatsUnis , ou la litterature quebecoise, bien que tres marginale, est quand meme lue dans Ie milieu universitaire - un lectorat tout de meme important etant donne Ie poids enorme de l'industrie universitaire dans 294 LEITERS IN CANADA 1994 ce pays; e) et finalement, par rapport ace qu'elle sera, l'avenir semblant assez morose aen croire les auteures et les auteurs qui y reflechissent; Guy Cloutier, par exemple, affirme qu'il ecrit pour «echapper aI'enfermement d'ici», et Anne Dandurand declare qu'il existe un taux d'analphabetisme fonctionne14e 47%, ce qui laisse une «vision apocalyptique d'une litterature qui est elle-meme une fiction ». La deuxieme section,« La mediatisation et la circulation de la litterature quebecoise », renferme un debat sur les liens entre les medias et la litterature (a vrai dire, ce debat s'etend atout Ie livre, prenant souvent les contours d'une querelle de famille). En bref, entre les deux camps, les litteraires et les gens des medias, un gouffre noir semble exister irremediablement . Les litteraires accusent les medias de favoritisme envers les ecrivains etrangers et deplorent Ie manque d'attention pour les ecrivains et les livres quebecois, reservant leur critique la plus severe aux journalistes, cette «bande de paresseux, de pique-assiette, de teteux de livres, de transcriveux de communiques, de lecteurs en diagonale et de copieurs de quatrieme de couve.rture» (Robert Soulieres). Pour sa part, Nathalie Petrowski defend ses collegues en demontant, de maniere typiquement petrowskienne, l'image d'un media quebecois castrateur: 11 est aussi vrai que nous avons neglige certains romans quebecois, que nous n'en avons en fait jamais parle et que nous n'en parlerons probablement jamais tout simplement parce qu'ils n'etaient pas bons, voire parce qu'ils etaient pourris, parce qu'il avaient ete a peine corriges, a peine reecrits, a peine retravailles, parce que les ecrivains et ceux qui pretendent l'etre refusent de remettre leur ouvrage cent fois sur Ie metier, parce que de toute fa<;on ils n'ont qu'a aller dans une autre maison d'edition pour etre publies, parce que les editeurs sont subventionnes pour les publier et que moins ils vendent, plus gros sera leur deficit et plus grosse la subvention. Que cette partie ait ete mouvementee au colloque, on n'en doute pas, mais dans Ie contexte d'un livre, la discussion paraH repetitive, diffamatoire et souvent depourvue d'interet. Une selection d'articles aurait fait toute la difference, des articles qui articulent mieux les termes du debat au lieu de tout publier dans une tirade de recriminations et de jeremiades qui, ala longue, ne suscitent que la plus grande indifference. La troisieme section, la plus mince, a pour sujet «Le role de l'ecrivain dans une societe en mutation ». Cette partie contient de lucides reflexions sur Ie metier d'ecrivain et sur ce que Ie choix d'exercer ce metier implique. Paul Chamberland, par exemple, parle de la necessite de l'ecrivain de pouvoir parler en son nom personnel au sein de la societe:«Ne lui revient-il pas [au poete], dans I'exercice farouchement non servile de l'ecriture, de la pensee, de preserver, au benefice de ses contem- HUMANITIES 295 porains, la ressource d'une langue, et d'un parler, qui ait la vertu de dejouer, de percer a jour, comme en se jouant, les fa<;ons de l'immonde ?» La quatrieme partie, la plus longue, a pour titre «L'avenir de la lecture » et regroupe des intervenants qui abordent la litterature sous differents angles, tous relies, a la lecture: Ie rapport entre lecteurs et auteurs, la formation de lecteurs al'ecole et dans des ateliers d'ecriture, leur encadrement par des bibliotheques et des librairies, et Ie profil des lecteurs au Quebec, de tout age mais surtout les jeunes, et de toute formation, ceux de «culture savante» aussi bien que ceux de «culture populaire ». Une preoccupation generale dans cette section: les problemes de lecture au Quebec. Yves Prefontaine sonne 1'« alerte rouge» sur la situation de la langue fran<;aise au Quebec, situation qui cree un «fosse entre la litterature et son public», et qui fait des livres un «don des morts ». Cette vision alarmiste est cependant attenuee par 1'article de Pronovost, base principalement sur trois sondages representatifs menes au Quebec et qui viennent contredire les presages funestes de certains participants. Une autre question a laqueUe s'attaquent les participants est celle de l'enseignement: queUe est la place de la litterature quebecoise dans les ecoles quebecoises ? Evidemment, et comme Ie dit tres clairement Denise Desautels, sa place est tres importante: «Comment ne pas parler d'abord de litterature quebecoise ades etudiants qui vivent au Quebec? » Par ailleurs, d'autres intervenants affirment que cette instruction peut commencer tres tot. Ainsi, Bertrand Gauthier soutient que la litterature est un defi, car il faut apprendre comment lire, et la litterature de jeunesse, en plein essor au Quebec, constitue une etape fondamentale dans I'entramement d'un futur lecteur. Toujours par rapport ala lecture, on evalue aussi l'importance des bibliotheques et des librairies aupres des lecteurs, arrivant ala conclusion que ces institutions fournissent un encadrement essentiel a plusieurs niveaux: communautaire, scolaire, culturel et economique. La derniere section, qui porte sur «L'industrie et 1'economie du livre», met en lumiere les processus qui entourent la production et Ie marketing d'un livre, surtout axes sur les relations entre l'auteur et son editeur. Cette partie, quoique tres courte, offre des aper<;us interessants touchant la demarche necessaire pour mettre au jour un livre, et Ie role que l'editeur detient dans la realisation d'une ceuvre. Comme Ie dit Larouche:«Le plus beau des manuscrits s'il reste inedit n'apporte pas grand-chose au developpement de la litterature [...]. Le role de l'editeur est primordial pour Ie developpement de la litterature d'une societe.» Cette affirmation se revele d'autant plus vraie en ce qui concerne un livre critique tel que Developpement et rayonnement de la litterature quebecoise, car la premiere question que souleve cette publication se 296 LETTERS IN CANADA 1994 rapporte ala nature meme d'un livre qui se veut «actes d'un colloque ». Or, que se passe-t-il entre la tenue d'un colloque proprement dit et la publication de ses actes? D'emblee un autre evenement. Si un colloque est un lieu OU s'entrechoquent les idees, il est aussi un lieu de repetition; comment l'eviter? Plusieurs intervenants reprennent les fils du debat, d'autres se rangent derriere un «representant», surtout dans un colloque ou «<;a chauffe », comme ce fut Ie cas al'Universite de Montreal en 1992. Malheureusement, en adoptant la forme d'une simple transcription des debats, ce livre souffre enormement de redites, de «pensee molle» et de platitudes. Un choix judicieux d'articles aurait fait toute la difference. Un autre probleme concerne certains articles qui ne sont, en fait, que des resumes de communications. Comptetenu du nombre assez important de ces resumes, il y en a neuf, la credibilite du livre £role les limites de l'acceptable. Si les participants d'un COllOqUe ne veulent pas, ou ne peuvent pas, pour quelque raison que ce soit, retravailler leur communication en vue d'un article, on ne devrait pas tout simplement les publier. Dans la meme veine, les resumes de discussions a la fin de chaque section sont discutables: qui fait Ie resume? quel intervenant souleve telle ou telle question? qu'est-ce qui a ete omis? Des questions de cette taille viennent ebranler presque tout l'interet qu'un tel resume aurait pu ajouter ace livre. En derniere analyse, l'importance et l'interet de ce livre resident dans Ie fait qu'il fait intervenir une foule de gens qui s'interessent tous a la litterature quebecoise et qui travaillent a la promouvoir et ala preserver. Malgre Ie manque de selection et d'autonomie par rapport au COllOqUe qui l'a precede, ce livre demeure pertinent a bien des egards et reussit lui-meme a «rayonner» parfois. (SHAWN HUFFMAN) Jacques Pelletier, Les habits neufs de la droit culturelle. Les neo-conservateurs et la nostalgie de la culture d'ancien regime Montreal, VLB editeur, coIL Parti prisactuels, nO I, 126 p., 14,95$ Jean Larose, La souverainete rampante Montreal, Boreal, 112 p., 15,95$ Bruno Roy, Enseigner la litterature au Quebec Montreal, XYZ editeur, colI. Documents, 1994, 116 p. Depuis quelques annees, l'agora de la cite des lettres montrealaise est en effervescence. Les textes polemiques, voire pamphletaires, se succedent; la posture ideologique des uns devient ainsi l'imposture des autres. En fait, pour paraphraser Bourdieu, la posture des uns est l'imposture de la posture des autres. ...

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