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HUMANITIES 285 Chaque entrevue presente I'ceuvre ainsi que l'ecrivaine elle-meme. La plupart d'entre elles ayant eu lieu chez l'artiste, elles affichent une certaine intimite, decouvrant un peu du monde interieur des femmes creatrices. Les faire parler d'elles-memes et de leur travail approfondit notre appreciation des ceuvres et des voix des femmes artistes au Quebec. De fa<;on globale, Ie recueil atteste du dynamisme d'une creation et d'une pensee feminines toujours en plein essor. Livre passionnant, La passion au jeminin accomplit un travail semblable acelui de L'autre lecture: constater et celebrer la sante et l'epanouissement actuels du feminisme au Quebec. Ces entrevues sont de vrais dialogues, en ce sens qU'elles donnent l'impression d'entrer dans la vie et l'esprit des artistes. Les questions posees sont probantes et pertinentes, et elles suscitent des reponses detaillees, interessantes et, semble-t-il, franches. Les informations biobibliographiques sont completes et bien ordonnees, et la structuration rigoureuse de la presentation donne une forte coherence a l'ouvrage. L'entrevue finale avec Claudine Bertrand sert de synthese et de conclusion utile. La variete des genres discutes (Ie theatre, Ie cinema, Ie roman, la poesie) ne fait que renforcer la dynamique du recueil et temoigne egalement de l'importance des femmes dans Ie monde artistique et litteraire. A l'instar de L'autre lecture, cet ouvrage est ane pas manquer si l'on s'interesse au feminisme et a la creation artistique quebecoise. (PAULA ROBERTS) Rene Dionne, La litterature regionale aux confins de l'histoire et de la geographie Sudbury, Prise de parole, colI. Ancrages, 1993,87 p. La litterature regionale aux confins de l'histoire et de la geographie de Rene Dionne contient trois etudes (ou chapitres) consacrees a la litterature regionale. Dans la premiere, l'auteur, qui s'est beaucoup interesse ala litterature outaouaise et franco-ontarienne, definit Ie concept de litterature regionale qu'il distingue de la litterature regionaliste qu'elle englobe, comme la litterature nationale englobe la litterature nationaliste que l'auteur met d'ailleurs en parallele. Ce qui m'interesse, dans ce premier texte, ce sont les criteres qui permettent la constitution du corpus litteraire regional. Dionne enonce d'abord comme premier critere, celui de la naissance. Font partie du corpus de la litterature regionale les reuvres des ecrivains qui sont nes dans une region, au meme titre que les ceuvres d'un ecrivain ne dans un pays font partie de la litterature de ce pays, meme si cet ecrivain a choisi, comme Anne Hebert ou Jacques Poulin, de vivre dans un autre pays. Les Fran<;ais ont beau vouloir considerer l'un et l'autre comme des ecrivains de la litterature fran<;aise, ils n'en demeurent pas moins, par leur naissance, des ecrivains quebecois. Je suis d'accord aussi avec Ie deuxieme critere: font egalement partie de 286 LETTERS IN CANADA 1994 la litterature d'une region (ou d'un pays) les reuvres des ecrivains qui, un jour ou l'autre, ont decide de quitter la region (ou Ie pays) pour une autre. Gerard Bessette, ne aSabrevois au Quebec, a enseigne une bonne partie de sa vie aKingston, comme Rene Dionne lui-meme ou Gabrielle Poulin, son epouse, nes tous deux au Quebec, ont fait carriere aOttawa et font tous deux partie de la litterature quebecoise et de la litterature franco-ontarienne. II est toutefois un point que n'aborde pas Dionne: Bessette a ecrit ses premiers poemes et ses premiers romans au Quebec, avant son exil en Ontario. Je ne crois pas que ces reuvres ecrites dans une autre region qu'il habitait alors fassent partie des reuvres de sa nouvelle region. Le cas de Louis Hernon (que je connais bien) me permettra d'etre mieux compris: Hernon a redige au moins trois romans et un recueil de nouvelles a Londres avant de venir s'etablir au Canada. Ces reuvres seront publies a titre posthume, bien apres sa venue au Quebec OU il redige Maria Chapdelaine , quelques recits sportifs, des lettres a sa famille, a sa mere en particulier, et un recit de voyage, Itineraire. Ces dernieres reuvres, redigees au pays, fort partie de la litterature de ce pays. Mais il n'en est rien des premieres reuvres, ecrites a Londres et publiees en France. L'equipe du Dictionnaire des a;uvres litteraires du Quebec a eu raison de les ignorer dans son inventaire. II en est ainsi des reuvres de Marie Cardinal ecrites et publiees avant sa venue au Quebec. La clefsur la porte, La cause des femmes, Les mots pour Ie dire, Autrement dit, etc., n'ont rien avoir avec la litterature quebecoise. Je ne suis pas d'accord avec cet autre critere qu'enonce Dionne quand il pretend que les reuvres qui portent sur une region ou sur un pays font partie de la litterature de cette region ou de pays. Dans un texte que Dionne cite en note, j'ecrivais en 1988: «Le fait d'avoir ecrit sur une region ne justifie pas [...Jl'inclusion de cet auteur dans un Repertoire des auteurs de cette region. Cela voudrait dire qu'Arthur Buies, qui a publie quelques ouvrages sur la region [du Saguenay], serait un ecrivain sagueneen. Eugene Cloutier serait alors et un auteur quebecois et un auteur japonais, ou turque, ou russe, parce qu'il a ecrit sur ces pays et sur bien d'autres encore.» Toutes ces reuvres ne font pas partie des reuvres de la region, meme si elles portent sur cette region. Rene Dionne a beau continuer d'affirmer que L'appel de la race de Lionel Groulx est une reuvre franco-ontarienne, je ne partage pas du tout ce point de vue, meme si cette reuvre de Groulx se deroule en bonne partie aOttawa. Le Tableau statistique d'Isidore Lebrun, ou Les Natchez de Chateaubriand ne sont pas des reuvres quebecoises, meme si elles parlent de realites d'ici, pas plus que Ie dernier ouvrage de Pierre Gobeil, Cent jours sur Ie Mekong, ne peut etre considere comme une reuvre vietnamienne, ni Ie tome II de L'univers Gulliver de Lili Gulliver, qui se deroule en Thailande, ne fait partie de la litterature thailandaise. Pour qU'une reuvre soit consideree comme un HUMANITIES 287

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