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HUMANITIES 269 dont Pare ne cesse de parler. II evoque aussi clairement d'autres zones de questionnements, comme la relation conflictuelle avec Ie Quebec, qui se demarque pour Ie Franco-Ontarien ou l'Acadien, comme «une profonde alterite» et qui, en meme temps, «est en nous [...] parle en nous, il [Ie Quebec] nous parle, il parle de notre absence tandis que nous Ie designons ». Pour toutes ces questions soulevees et bien d'autres, ces deux essais me semblent representer des jalons essentiels, si l'on veut comprendre un certain Canada fran~ais aujourd'hui. II y a la une sorte de diagnostic a la fois sociologique, esthetique et meme historique. S'inscrivant lui-meme dans l'univers de l'exiguile et de la fragilite dont il parle, Fran~ois Pare n'en garde pas moins tous ses moyens, qui lui permettent de tenir un discours a la fois libre et rigoureux, genereux et decapant, rempli d'inquietudes et de serenite, sur ce monde qui est un peu ou beaucoup Ie notre. (MICHEL LORD) Collectif, Frontieres et manipulations generiques dans la litterature canadienne francophone Hearst, Le Nordir, 1992, 154 p. Lucie Hotte (dir.), La probJematique de l'identite dans Ie litterature francophone du Canada et d'ailleurs Ottawa, Le Nordir, 138 p. La quete d'identite peut etre per~ue tant comme une poursuite du moil une definition d'un moi, que comme une recherche du pareil a soi done comme une recherche d'une appartenance. Ni chair ni poisson, empetree dans ce tiraillement, l'identite, loin d'etre une notion acquise apparait ainsi dans toute son ambivalence. Chacun a sa maniere, les deux ouvrages retenus ici posent la question de l'identite. De queUe maniere se manifeste litterairement une appartenance donnee, queUes sont les conditions de realisation d'une identification particuliere, voila les questions fondamentales que soulevent La problematique de l'identite dans la litterature francophone du Canada et d'ailleurs et Frontieres et manipulations generiques dans la litterature canadiennefrancophone. Le premier ouvrage, sous la direction de Lucie Hotte, s'attarde aux questions identitaires d'un point de vue narrati£, discursif, voire sociocritique; Ie second, preface par Lucie Lalonde et Pierre Siguret, s'interroge sur 1'appartenance aux genres d'un point de vue resolument poetique. Les deux recueils ont aussi un autre point commun puisqu'ils sont en fait les actes de colloques etudiants tenus a1'Universite d'Ottawa respectivement en 1994 et en 1992. Les textes reunis dans La problematique de l'identite dans la litterature francophone du Canada et d'ailleurs s'interessent a l'identite sous plusieurs 270 LETTERS IN CANADA 1994 des formes qu'elle adopte dans les textes litteraires: nationale, culturelle, linguistique, religieuse, etc. Le choix de cette thematique n'est pas anodin puisque Ie questionnementidentitaire est d'une vive actualite, soutiennent les membres du comite organisateur. «Heureusement qu'il y a la litterature », affirme Robert Major dans une entree en matiere fort judicieuse,«qui permet justement de prendre la parole ou la plume; non pas pour clamer son identite, mais pour la traquer, toute fugitive qu'elle soit. Soi, l'autre; identite, alterite; l'autre en face de soi, l'autre au cceur de soi.» La problematique, consideree tant sous l'angle de I'identite du sujet que sous l'aspect de I'identification a une communaute, est soumise ici a differentes approches: psychanalytique (Michel Theriault, Linda Riffon, Fran<.;ois Ouellet), sociocritique (Carine Bourget, Kenneth Hulslander, Cyriaque L. B. Lawson-Hellu, Dominic Thomas, Kenneth Johns), semiolinguistique (Katherine Lagrandeur, Christine Gonthier, Cosma K. M. Badasu, Elizabeth Lasserre, Lucie Hotte), narratologique (Pierre Siguret, Martin Poirier), stylistique (Helene Hudon). Les corpus etudies sont surtout quebecois et canadiens, mais certaines etudes convoquent des textes africains et europeens. Certaines contributions demeurant au premier degre d'une analyse thematique ou s'appuyant sur des sources plutot floues alors que d'autres sont d'une acuite theorique impressionnante, Ie recueil est quelque peu inegaL Cependant, a tout moment de la lecture, I'ouvrage force la reflexion. Ce qui retient l'attention ici, c'est la pluralite des approches privilegiees. En effet, plusieurs conjuguent habilement differentes approches theoriques liees a l'identite. En ce sens, l'ouvrage, par Ie contenu des articles et par les references convoquees, se presente comme une synthese des differentes approches s'interessant ou s'etant attardees par Ie passe ala question de l'identite: [S]i la realite identitaire demeure une impossibilite, Ie processus hermeneutique par lequel nous tentons, malgre nous, d'accorder a l'Autre un sens, soit d'identifier l'Autre de telle ou telle fa<;on, reste pourtant fondamental car il nous permet de creer une culture [...] formee de lectures, d'interpretations et, par la suite, d'autres ecritures. (Katherine Lagrandeur) Somme toute, la question identitaire ressort gagnante des actes de ce colloque: elle y apparait importante, pertinente et omnipresente. II est cependant dommage que les aleas de la programmation du colloque aient fait en sorte que l'accent ait ete mis sur la question de l'identite nationale ou culturelle au detriment de l'identite sexuelle pourtant tout aussi actuelle. Avec Frontieres et manipulations generiques dans la litterature canadienne francophone, de la question de l'identite construite de maniere interne dans Ie texte litteraire, on passe a l'appartenance de texte lui-meme a une HUMANITIES 271 region particuliere du champ litteraire et culturel. Les etudes reunies ici sont de deux ordres: certaines s'attardent a l'etude de corpus canadiens et quebecois francophones alors que d'autres abordent la question d'un point de vue essentiellement theorique. Toutes, d'une certaine maniere, posent les jalons de ce qui pourrait constituer une poetique du Canada fran<;ais litteraire contemporain. Differents genres sont observes. Cependant, en raison de la thematique choisie pour Ie colloque, les etudes s'appuient dans l'ensemble sur un corpus theorique plutot restreint. Dans ces recherches sur les genres, deux tendances se livrent une chaude concurrence: certaines etudes ont pour cadre la poetique aristotelicienne revue et corrigee par Genette, Todorov et consorts (Serge Trudel, Denis Guay, Anna Gural-Migdal, Marie-Linda Lord, Jacques Paquin); d'autres etudes, celles portant specifiquement sur Ie roman notamment, detoument les questions poetiques et retiennent la definition du genre privilegiee par Bakhtine (Allan Walsh), voire inversent I'approche et se livrent a des deductions generiques a partir d'un corpus donne (Pierre Siguret, Claude Lamy, Nina Hopkins Butlin, Nirmaljeet Sandhu, Andre Trottier). L'article de Ginette Michaud, conferenciere invitee, venant clore Ie recueil, synthetise ces approches et nuance leur portee litteraire: La question du genre, on l'aura deja remarque dans les communications precedentes, exige d'etre manipulee avec Ie plus grand soin. Qu'on la trouve sur Ie versant de la creation dans les textes d'ecrivains ou ne cesse de se developper la metafiction [...], ou encore sur celui de la critique qui rec;oit ces textes, c'esta -dire les ordonne, les situe, les commente et fait croitre leur intelligibilite en les inserant dans un cadre ou un contexte, la question du genre manifeste toujours en elle-meme une grande maturite intellectuelle des lors qu'il est question de manipuler, c'est-a-dire de soupeser avec tact, des enjeux discursifs; cette question est toujours tout au moins Ie signe d'un savoir-faire technique, d'une competence certaine dans Ie maniement des codes. La plupart des etudes s'interessent a des lieux d'achoppement generique. Le titre du recueil parlant de frontieres, de manipulations generiques, l'on s'attendrait pourtant a retrouver de nombreuses etudes portant sur des textes ebranlant plus resolument ces frontieres. On sera alors de<;u: la majorite s'attardent plutot a la (re)definition des genres plutot qu'a leur remise en question. Certaines etudes, telles celles d'Anna Gural-Migdal ou de Nina Hopkins Butlin, en ce sens, retiennent I'attention, car elles ont pour objet la transgression, l'hybridation generique. Paraissant chez Ie meme editeur et servant d'aide-memoire pour deux colloques s'etant derouIes a la meme universite a deux annees d'intervalle , les deux ouvrages forcent la comparaison. 0'abord, dans les deux cas, comme il s'agit de rencontres de jeunes chercheurs encore peu 272 LETTERS IN CANADA 1994 connus, on ne que peut souhaiter que, al'avenir, les editions Ie Nordir choisissent d'inclure a ce genre de recueils, outre l'indication de Ia provenance universitaire, des notes biobibliographiques, histoire de nous permettre de juger, notamment, si la recherche que nous avons sous les yeux est ponctuelle ou si elle est un repere dans une entreprise plus vaste. La portee epistemologique, si I'on peut dire, des deux recueils est aussi a considerer/ comparer. Portant sur Ie questionnement identitaire a une epoque ou les etudes sur Ie genre socio-sexuel et sur l'identite raciale voient grandir leur popularite, La problematique de 1'identite dans la litterature francophone du Canada et d'ailleurs est evidemment d'une tres grande pertinence. S'articulant autour de l'eternelle (la sempiternelle) question des genres litteraires, Frontieres et manipulations generiques dans la litterature canadienne francophone est d'une actualite moins evidente aujourd'hui ou, dans Ie contexte des etudes culturelles, l'appartenance generique cede progressivement sa place aune filiation plus generalement culturelle; de nouvelles typologies peuvent emerger de telles recherches, certes, mais dans la mouvance contemporaine des genres elles sont souvent condamnees aune rapide obsolescence. Cependant, a Ia lecture des deux recueils, on ne peut que remarquer la richesse theorique et litteraire de tels colloques, qui n'ont rien a envier a d'autres rencontres universitaires. On ne peut qu'encourager la publication des actes de colloques etudiants, qui nous permettent de prendre Ie pouls de la recherche actuelle et a venir. (SYLVIE BERARD) Nicole Fortin, Une litterature invent€e. Litterature quebecoise et critique universitaire (1965-1975) Sainte-Foy, Les Presses de l'Universite Laval, coIL Vie des lettres quebecoises, 353 p. La recherche litteraire: objets et methodes, sous la direction de Claude Duchet et Stephane Vachon Montreal/Vincennes, XYZ editeur et Presses Universitaires de Vincennes, coIL Theorie et litterature, 503 p. II semble bien que nous soyons deja depuis quelque temps al'heure des bilans. Est-ce simplement Ie sentiment d'avoir franchi les instants ultimes d'une mutation? Est-ce plus generalement et plus profondement Ie sentiment de 'I'echec qui nous force a tracer Ia ligne et a tenter de faire Ie compte de ce qu'est la critique litteraire dans son ensemble et de ce qu'elle est devenue, au Quebec, depuis quarante ans? Chose certaine, la fin de ce xxe siecle pose aIa litterature quebecoise, non plus la question apparemment resolue de sa specificite, mais de sa naissance autant dans Ie champ de I'ecriture que dans celui, tres fertile, de l'institution critique. ...

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