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HUMANITIES 171 plus semiotique du recueil, l'etourdissant «Lecture a vue» de Pierre Ouellet, au titre anodin, mais qui associe morceau de bravoure et effort theorique. Ouellet y raisonne les fondements d'un pan nouveau des etudes litteraires qui mettrait fin aux sempiternelles querelles entre sociologues, hermeneutes et semioticiens qui, dit-on, ne se lisent pourtant pas les uns les autres. Partant d'une critique penetrante des positions des uns et des autres, Ouellet propose l'etude de ce qu'il nomme «esthesies », a savoir les modalites d'apparition d'une sensibilite a une autre par Ie truchement de l'ecrit, problematique qui depasse l'enonciation et confine a la phenomenologie intersubjective. On toucherait donc enfin a une veritable esthetique litteraire de la lecture, en resolvant les conflits ecol§.tres. C'est 121. une voie ardue, car difficile apratiquer sur un texte precis, mais elle nous semble constituer une voie vers laquelle l'integrite scientifique devrait pousser les chercheurs en lecture. Par l'excellente tenue de son ensemble autant que de son detail, L'acte de lecture constitue un des tres bons ouvrages theoriques recents portant sur la lecture et, que l'on s'interesse a la litterature populaire ou a l'enquete sur les processus mis en CEuvre par la lecture, on y trouvera une continuite qui se rencontre rarement dans les recueils d'artic1es de ce genre. (PASCAL MICHELUCCI) Jean-Marc Lemelin, Le Sens. De la transcendance al'immanence ou pour une science subjective Montreal, Tryptique, 91 p. Entrer dans Ie nouvel essai de Jean-Marc Lemelin n'est pas chose facile, la chose necessitant lecture et relectures. C'est qu'il demande ason lecteur beaucoup de patience, voire meme de la devotion. En effet, ce court essai de 91 pages est truffe de phrases lourdes, de neologismes et de termes techniques qui Ie rendent obscur. Paradoxalement, Ie style de l'auteur, sa«voix)} pour reprendre un des objets a I'etude, laisse aussi filtrer une parole (au sens fort du terme) poetique qui amalgame les mots et tonne de formules saisissantes, se demarquant en theorie mais non en pratique des enjeux epistemologiques du livre. Cependant, pour ce qui est des neologismes et des tournures terminologiques qui constituent Ie corps conceptuel de l'ouvrage (par exemple, «grammatique », « (pra)grammatique »,«narratique », etc.), malgre les difficultes qU'elles imposent au lecteur, il serait trop facile de juger severement l'auteur. Apres tout, ace rythme, on devrait invalider aussi bien la semiotique peirceenne que la semiotique greimassienne (avec laquelle l'auteur a plus d'une accointance). La longueur de l'essai est inversement proportionnelle a I'empan de la recherche epistemologique proposee puisque I'objectif poursuivi, qui est de construire une «science subjective», est de taille. Cela explique en 172 LETTERS IN CANADA 1994 partie Ie besoin, parfois aux allures «solipsistiques », d'utiliser une terminologie nouvelle et souvent rebarbative. C'est qu'a force de vouloir questionner «l'immanence» du sens et du langage dans sa radicalite, l'auteur doit recourir a la «violence de la difference», au «pouvoir de la denomination ». Quand on entre dans ce texte, il faut donc accepter, outre l'inflation stylistique et les usages epuisants des parentheses, Ie projet d'une pragrammatique qui se veut «une science generale de l'homme, d'une science non humaine... de l'homme ». Mais, outre l'englobante question du sens annonce dans Ie titre, quel est l'objet de cette pragrammatique? On ne saurait repondre aisement a la question sans reduire ou simplifier Ies multiples avenues abordees dans Ie texte. De maniere generale et se situant dans un contexte reactif, en proie a l'opposition de beaucoup de systemes (par exemple, la deconstruction , l'histoire et la critique litteraire, Ie narratologie du regard, etc.), la pragrammatique centre son interet sur Ie grammeme, l'ecriture et la signature dans son processus. L'essai a pour objet de definir un champ de recherches, voire un programme, qui prend pour appui des zones d'irreductibilite, trop souvent ignorees par les differentes semiotiques a savoir Ie subjectivite, l'enonciation, la voix, l'affect, Ie corps. Ces objets, tous lies entre eux, sont les parametres et les fondements pour prendre en compte la materialite immanente...

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