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reminiscent of Carman, others, such as 'Sunday Morning,' develop as light, conversational pieces in the style of the English Georgians, reminding us that the anecdotal poem is by no means a recent form, its history evolving from the modernists, Dryden and Pope, and ultimately the urbanity of Horace. It is likely to be with us for some time yet. Poesie ROBERT YERGEAU MeIer les styles ... et autres errances Cette tentative d'article retrospectif est hasardeuse. Cela n'est pas dft seulement au choix des .recueils retenus - qui constitue deja cependant une forme de classement - mais a la difficulte de faire coexister dans un m~me texte plusieurs tendances poetiques, figures enigmatiques d'un impossible puzzle. Une multitude de voix se font entendre pour nommer l'imaginaire, pour dire Ie reel, pour questionner les tensions qui, du prive au politique, du masculin au feminin, du singulierau pluriel, tissent les toiles de fond existentielles du champ poetique. Ces voixproliferantes ne sauraient trouver refuge sous une seule banniere, ni se contenter d'une seule appellation (reunificatrice certes mais facheusement reductrice ). Cependant, loin de moi l'idee de vouloir faire mes belles heures d'un eclectisme de bon aloi, qui ferait en sorte de masquer les axes principaux de la production poetique de 1984. Je ne veux pas, de plus, ramener Ie champ litteraire a un milieu oil tout ce qui compte serait une collegialite bon enfant, ni gommer 'cette longue querelle de la tradition et de l'invention / De l'Ordre et de I'Aventure' - telle que la poetisait ApoIlinaire - qui de tout temps et de toute epoque contribua a fa~onner les territoires litteraire, culturel et intellectuel. Certains editeurs toutefois ne s'embarrassentguere de ces dichotomies qui, selon les epoques et les lexiques a la mode, empruntent les labels du 'lisible' et de 'l'iIIisible,' de 'I'ancien' et du 'moderne,' du 'nouveau lyrisme' etdu 'post-modernisme,' etc. A preuve, leNoroitfitparaitrecette annee des retrospectives de Jean Yves Collette - poete qualifie de 'formaliste' - et d'Alexis Lefran<,;ois qui, interviewe par Jean Royer du Devoir ('Le Noroit centenaire. Alexis Lefran<,;ois, poete des lieux,' 3 nov 1984, p 28), soutint que 'tous les formaIismes et cie, c'est du gragragra.' Que mon article, ala lumiere de cette entree en matiere, devienne donc une chambre d'echos oil retentiront et circuleront les voix de 1a poesie, version 1984. En 1984, La Lettre infinie de Madeleine Gagnon, Le Livre du devoir de Normand de Bellefeuille, Eerire ou la disparition de Michel Leclerc, Double impression de Nicole Brossard, LeNoyau de Francine Dery, Present! deJean Charlebois, Quatre quatuors en trains qu'amour advienne de Patrick Straram Ie Bison ravi, L'Amant gris de Louise Warren, Navires de querre d'Elise Turcotte et Taxi de Jean-Paul Daoust m'apparaissent constituer un des axes referentiels majeurs de la poesie. Les matieres contenues dans ces livres ne repondent qu'a leur propre logique (derive urbaine, errance amoureuse, consciencefeministe, chantprofond, intelligencede laforme, questionnement sur I'ecriture), mais toutes nous rappellent qu'en poesie nous assistons, depuis une dizaine d'annees, a un glissement ineluctable vers une I proesie': une poesie sollicitee par l'effraction narrative et Ie metissage des genres. N'est-ce pas d'ailleurs ce metissage qui provoqua la demission de Claude Beausoleil du jury du prix Emile-Nelligan alors qu'll contestait l'eligibilite du livre prime, Le Livre du devoir de Normand de Bellefeuille, sous pretexte qu'll relevait du recit et non de la poesie? Fran<;ois Hebert, l'un des coediteurs du livre mis en cause, affirma, par Ie biais des pages litteraires du Devoir (22 dec 1984, p 18), que'ce que notre generation fait depuis dix ans, c'est un nouveau genre. Qu'on l'appelle texte, fiction ou poesie, on n'ecrit presque plus en vers.' Et, de s'interroger Hebert, 'ce qu'ecrivent Denise Desautels ou Genevieve Amyot, est-ce que c'estde lapoesie? Ce que publientIe Noroitou les Ecrits des forges, est-ce que c'est de la poesie? Et Ie dernier livre de Michel Leclerc a I'Hexagone?' Ce phenomene s'applique egalement a la jeune generation, commeentemoigneIe commentaired'EliseTurcotte (citeepar Gerald Gaudet, 'EliseTurcotte, I'orage des meilleures passions,' Ie Devoir, 29 dec 1984, p 21): Tous ceuxqui ecriventetquiontIe m~me age que moi sontfascines euxaussipar la narration dans leur entreprise poetique. Peut-~tre qu'apres la deconstruction formaliste, il nous fallait nous servir des trous et ajouter des bribes de narration pour m~ler les styles. D'ailleurs, je pense que c'est ~ notre epoque: cela nous arrive de toutes parts, cela semble morceie, mais il y a comme une histoire par en-dessous. Si je ne doute pas que la generation litteraire d'Elise Turcotte tente de 'meIer les styles,' force est d'admettre que ceux et celles qui reussirent Ie mieux, en 1984, a 'se servir des trous et ajouter des bribes de narration' dans leur fiction se retrouvent parmi les aines. A cet egard, La Lettre infinie (VLB editeur, 108) de Madeleine Gagnon m'apparait comme un des livres importants de I'annee. Difficlle de circonscrire toutes les avenues qU'emprunte cette parole qui (es)saime. Comment rendre les matieres et degager les motifs d'un recueil aussi dense, qui se veut a l'ecoute de I'intime trace de I'amouretdu non-amour, du Je et du Tu, de la fiction et de la realite, du poeme et du non-poeme, POESIE 365 de la parole et de I'ecriture, de la presence et de l'absence? Recherche des origines, plongee dans les traces immemoriales, La Lettre infinie repense Ie poeme, questionne Ie 'lieu et Ia formule' rimbaldiens. Outre Ie liminaire, sept suites balisent Ie livre: 'Le vertige,' 'Absolu,' 'L'histoire des chats,' 'Le recit envole,' 'Le fils,' 'L'ivre-vivante' et 'L/infante immemoriale.' Deux figures majeures emergent du recueil: celle du destinataire de La Lettre infinie et celle du Livre. Le destinataire est ceIui par qui la trame s'elabore. Mais cette osmose ne confine pas a l'asservissement: Se je te perds de vue, cest peut-etre aussi par distraction, etant si nomade apres tout, dans Ie desir des Iettres en souffrance et de celles en partance et parfois une dislocation semble necessaire: imagine-toi une vie lisse, sans fragments, il n'y aurait alors que des textes sans sujet, anonymes, des Iettres avortees. (P 49) La figure du Livre se profile avec insistance dans La Lettre infinie, recueil qui se lit dans Ia perspective du Livre avenir de Maurice Blanchot. En temoigne cepassage: ']'avais souhaite termineravantIafin deI'hiver, rnais c'est ainsi, tant que tu seras la, je ne finirai pas. De plus, je suis comblee de la seule perspective d'une realisation. C'est dire que je ne cloturerai jamais un livre' (p 25). Certaines parties se presententcommede veritables morceaux d'anthologie . Je pense, entre autres, a 'L'ivre-vivante,' 'Le fils' et 'Le recit envole.' Mais Ie recueil trouve son point d'ancrage et/ou de fuite dans 'L'infante immemoriale,' matrice ou viennent se jeter toutes Ies eaux dormantes et jaillissantes drainees jusqu'alors par Ie livre. Disons que je suis une amande, ou une figue, et jusqu'ici je me suis presentee, donnee, abandonnee et enchantee, pour toi, que j'ai senti Ie temps couler dans Ie ventre del'ecrit, que I'ecriture n'estni abstraite, ni sacraIe, c'estunfruit qui se mange et au fil de Ia voix, par Ia seule force du temps des poussees, je I'ai enfantee et mise au monde, l'ecrit est une chose qui prend Ia voix des chairs. Hors de cela meme parfois, rien, un vase vide dans Ie vide du Livre. (P 99) Ce passage, m~me s'il en cotoie d'autres qui atteignent a I'essentieI, fait office de fragment-phare, de fragment-charniere, IA ou tout Ie projet de La Lettre infinie trouve son accomplissement et sa iuite en avant. Comme son titre I'indique, il est egalement question de la figure du Livre dans Le Livre du devoir (Les Herbes rouges; 99) de Normand de Bellefeuille, prix Emile-N~lligan 1984: 'que Ie plaisir d'un livre ou j'enleverais rien que Ie nom d'bellefeuille d'un auteur las debout riant fort d'une mort sans doute oh sans doute epatante et prochaine' (p 47). Mais la cessent Ies rapprochements avec La Lettre infinie. Le recit de de Bellefeuille, exigeant certes comme l'est tout livre qui (s')interroge et qui 366 LETTERS IN CANADA 1984 (s')explore, estcentre surlamort. Quatreactes de quinzefragments chacun decrivent 'quinze figures de mort, nommees, chiffrees, titrees' (p 20), 'quinze paroles de mort, une a une' (p 21). Autour de ce motif, circulent d'autres figures: l'enfance, la mere, Ie sexe, Ie corps, Ie reel, etc. Mais toujours ses errances et ses derives nomment (ou sont porteuses de) la mort. Que ce soit Ia mere: 'faut-il desormais que Ia mere, sans figure pourtant au bord de ma pensee, tienne lieu, au tout dernier moment, de mystere etoile' (p 46); Ie pere: 'J'ecris a la faveur du pere, pour un mort que je ne connais pas' (p 98); ou la femme: 'Etpuis ~a parle, veritablement, deIam~memort, delamemefemme' (p 17). 'C'estdemortecrite, maisnon moins veritable qu'il s'agit; en signes precis et justes, illisibles encore cependant, tant ma mort regIe ses comptes avec Ie sens' (p 20). Normand de Bellefeuille offre un recit a I'ecriture maitrisee d'ou n'est pas exempt toutefois un certain narcissisme, ni plusieurs fragments ou l'emotion Ie cede a la representation. Michel Leclerc interroge les signes dans Ecrire ou la disparition (L'Hexagone , 49). Vingt poemes et autant de textes composent Ie menu de ce recueil d'a peine 49 pages. 'Ce livre est Ie recit d'une obsession: Ie langage ... (qui) apparait comme I'unique sujet du poeme' (pp 7-8), explique l'auteur dans un texte date de mai 1978 et qui tient lieu d'avant-propos. Voila encore, dira-t-on, des textes sur 1'ecriture et des interrogations sur Ie Ictngage. Certes, mais reconnaissons a Leclerc Ie merite d'ecrire depuis Ies interstices du Iangage, en marge de tout discours. Qu'il s'extasie sur 'un bas relief saite,' qu'il interroge Mallarme, qu'il commente tel passage de Proust, ses textes parIent autrement. 'Lire, ecrit-il, dans "Le flirt de la lecture," est un flirt qui doit d'abord me conduire a une sorte d'etonnement chaotique plutot qu'a la banalite du savoir' (p 19). Leclerc rend I compte de son etonnement dans Eerire ou la disparition. En revanche, certains textes et poemes agacent par l'emploi plethorique des termes 'Iangage,' 'ecriture' et 'signe.' Mais ce malaise fait place au ravissement que procurent de nombreux passages. Entre autres, 'Dorenavant,' 'Le texte absent' ou 'La page impure' d'OU j'extrais ces lignes: 'Ia souplesse rugueuse des signes traces comme un mince battement bleu jetaient en nous 1'angoisse indicible de leur perte' (p 28). Finalement, 'une ecriture reussie ... permet d'entrevoir ... Ie chaos qui la porte, Ie desordre qui I'attire' (p 11). En ce sens, Ecrire ou la disparition est une reussite. Difficile d'echapper a I'intertextualite que suscite la lecture de Double impression (colI 'Retrospectives,' L'Hexagone, 142) de Nicole Brossard, tant il estvrai que cette retrospective agit comme un kaleidoscope ou viennent se refleter plusieurs matieres poetiques des vingt demieres annees. Double impression reprend 'sous forme de recueil des textes publies dans diverses revues et qui pour la plupart Ie furent a la Barre du Jour et a la Nouvelle Barre du Jour' (p 7). Ecrits donc entre Ie livre a faire et Ie livre fait - 'relais subliminaux, ... relais nostaIgiques (Ie post-partum), (p 8), precise l'auteure - les poemes et les textes de cette retrospective couvrent la periode 1967-84. C'est dire qu'il~ ont traverse plusieurs courants, suscite plusieurs modes et entraine dans leur sillage une multitude d'epigones. Au-dela des themes, motifs et figures qui emergent du livre, il faut souligner la voionte farouche de Brossard de repenser Ies traces et Ies signes dont sont porteurs les discours (elle I'aura fait de si brillante fa<;on, que son propre discours s'institutionnalisera ... ). Traces et signes qui, chez Brossard, se vivent et s'articulent au feminin; traces qui, du corps au texte, du reel a. Ia fiction, du Iudique a la theorie, affichent un parti pris d'extreme Iucidite: 'les preuves sont tranchantes / la realite est un risque / pourqui s'y adonne /abimee d'exactitude / dans l'essentielle' (p 136). Mais cette lucidite qui ne sedement pas, cette 'ecriture qui s'assume' (p 52) et qui s"aventure toujours un peu plus loin dans I'ordre des profils et des fentes, dans Ie noir et les sables' (p 40), ne preche-t-elle pas par exces? Nicole Brossard: une conscience chevillee au corps (du poeme). Une conscience qui ne cesse d'entretenir Ie IecteursurIes aIeas etIes avatars de son propre (dys)fonctionnement. Metapoesie: discours sur la 'mecanique jongleuse.' Dans cette reuvre creatrice persiste Ie reflexe du discours comme pensee qui se mire dans Ie texte. TousIesecrivainssontleurpropre chien de garde. Qu'ils nichent du cote de I'ecart et de la transgression, cela ne les rend pas moins suspects. Le Noyau (Le Noroit, 92) de Francine Dery piege a. sa fa<;on la poesie. Cette poete n'a que faire des mots d'ordre en vigueur dans les officines roses: sa poesie n'est pas de celle qu'il faille citer pour se distinguer. Je Ie reconnais d'embIee: Le Noyau estun des recueils qui marque Ia production de 1984. Des cinq suites qui circonscrivent Ie recueil, 'Autobus,' 'Fenetre,' 'Gamberge,' 'La noyee' et 'Epilogue,' Ies trois premieres me semblent les plus reussies, la OU Dery nous livre des textes hallucines, qui se deploient entre raison et folie, realite et surrealite: Je n'ai qu'une envie m'echapper. Qu'un desir les abattre tous .... Remuement total. J'avance au plus expressif de ma neutralite sans plus savoir qui je suis. Ni pourquoi. J'approche de la debacle dans la plus stoique indifference ... . La maison. Ie veuxm'y terrer, dormir, ne plus sentir l'acre parfum des jours et des lumieres habituelles. (P 21) Ces phrases inquietantes inaugurent 'Autobus.' Le monde court a sa perte. Francine Dery nomme Ia perte, ecrit Ies manques, harcele Ies evidences, traque les obscurcissements, saigneI'ecriture, signe les limites. Elle saisit Ie reel a. bras-Ie-corps et se livre a. une seance reussie de sac. 'Mon texte s'accorde difficilement aux visions fabrications pret-a.-porter' (p 59). Je sais gre a. Francine Dery de cette exigence fondamentale et de cette definition admirable de Ia poesie. 368 LETTERS IN CANADA 1984 Definition que pourrait faire sienne Jean Charlebois qui, tant par la conception graphique et la maquette de ses livres que par Ie metissage (I'eclatement) des genres, fait fi du 'pret-a-porter' poetique. Son plus recentlivre etonne, de primeabord, par sa couvertureecarlate sur laquelle ne figure aucun titre! La tranche du livre et/ou la page titre nous ramEment cependant a. I'ordre: Present! (Le Noroit, 107) s'exclame Charlebois. Dans ce livre prose et poesie s'entrecroisent et se repondent. Sur les pages de gauche, appreciation succinte de films, actualite commentee, extraits de poemes, bribes de vie quotidienne et annotations de toutes sortes tiennent ,ieu de bric-a.-brac culturel et de journal intime. Sur les pages de droite s'elabore une suite de poemes OU 'en ce lieu dit Ie lieu de I'amour/ I'amoureuse bientot s'abimera en douceur /enune foison d'oiseaux dements' (p 57). Les poemes de Present! enoncent parfois la solitude, la peur et I'angoisse, mais ils n'ont de cesse de trouver la 'Iumiere exacte' (p 81), celle qui fera en sorte que 'personne ne veut finir enblessure' (p 41). Cette quete est aussi celle des 'meandres du plaisir' qui trouvent a s'exprimer tout au haut des pages de droite, Ia. OU prend corps la trame discontinue de la troisieme strate narrative de Present! Des phrases fragmentees expriment la recherche de la jouissance, les rouages du jouir: 'd'la salive dans ma bouche. T'es rna bete de sexe' (p 33); 'dans moL J'ai l'gou.t d'me faire prendre. Viens donc' (p 39). A chaque publication, Charlebois modifie Ie concept de ses livres, diversifie les styles, melange les recits. nIe fait parfois au detri.ment de la qualite de ses textes, mais reconnaissons au poete Ie merite de pieger sans cesse Ie lieu de la poesie. 'Poeme ou prose, recit ou essai, I'appellation controiee ne fait pas sens pour moL Je n'ai pratique que d'ecriture' (p 28), avance Patrick Straram Ie Bison ravi dans Quatre quatuors en trains qu'amour advienne (Le Noroit, 125). Ce livre agit comme un paratonnerre qui attire sur lui les charges passionnelles de musiciens, de peintres, de cineastes et d'ecrivains qui alimentent Straram de nourritures essentielles. Ces 'allies substantiels,' qu'ils se nomment Duras, Godard, Cezanne, Jean-Jules Richard, Madeleine Gagnon, L.-F. CeIine, etc, traversent I'existence et les ecritures du Bison ravi. 'Je ne tente jamais paroles, dit-il, que ne balisent citations' (p 30). Le train, mythique et reel, se situe au creur des musiques, des images et des matieres que met en scene Straram dans Quartre quatuors en trains qU'amour advienne, textes ecrits en 1978 pour Radio-Canada. 'Depuis l'enfance, rappelle I'auteur, que je defonce Ie paysage d'etre au long express de Ia syncope des rails ... ' (p 27). Ecrire/vivre, citer/nommer, boire du yin rouge, foncer dans Ie reel tel un train, tel un Bison: la parole de Straram musique Ie long des rails; cette parole comme un aveu parfois: 'Ia solitude m'ouvre au monde dans l'abime de I'alcool abysse en train' (p 29)· De solitude et de train, il en est question dans L'Amant gris (Triptyque, 81) de Louise Warren. La tres belle citation de Louis-Ferdinand Celine, qui sert d'epigraphe au recueil, nous indique dans quel azur ira bricoler l'auteure: 'L'amour n'est que I'infini mis I a la portee des caniches.' Le desir circule abondamment dans L'Amant gris. Mais, a l'encontre de certains autres poetes qui ne font que gloser sur la chose sans pour autant la donner a lire, ni la susciter, Warren vehicule une ecriture desirante a l'ecoute des moindres pulsions qui (re)creent Ie temps amoureux. De ce livre emerge avant tout un ton, volontiers primesautier, guilleret - d'OU n'est pas exclue toutefois l'inquietude - qui, sans artifice, ni clinquant, sait rendre un climat. Au plus pres des sentiments, des circonstances, du temps, une presence rayonne, une voix habite et habille Ie reel. Avec L'Amant gris, Louise Warren trace son itineraire amoureux: 'Deplier la carte I amoureuse pour en faire des petits bateaux ivres et des I avions saouls' (p 17). L'auteure n'est pas a l'abri neanmoins de certains rates - 'je colle Irna bouche sur ton retour' (p 33), 'son jeans qui sent/la sciureletme coupe de I'humidite de ce pays' (p 12) - mais chaque texte se deploie avec, au terme du parcours, deux ou trois phrases qui viennent happer Ie sens usuel et faire basculer la lecture dans une combinatoire de virtualites. L'Amant gris fait echo a la nouvelle donne de l'errance amoureuse. Elise Turcotte possede un faible pour les metaphores marines. Apres La Mer aboire et Dans le delta de la nuit, parus respectivement en 1980 et 1982, voila qu'elle publie Navires de guerre dans la collection 'Rivieres' auxEcrits des forges. Que lamemoire- etnonlamer- soitlafigure majeure de ce recueil, plusieurs passages Ie confirment. Tantot 'longue,' 'rouge,' 'blanche,' tantot 'de cendre,' 'de I'oubli,' Navires de guerre se lit comme 'une memoire a I'reuvre' (p 39). Et cette memoire nomme les lieux (chambres, bars, villes), les corps, Ie passe, Ie present, 'les voix, les recits de jour et de nuit, l'anecdote' (p 18). Se profile aussi dans ce recueil I'image de l'autre, celui qui surgit au detour de la memoire et par qui vient Ie desir. 'Je t'embrasse et cela elargit une faille dans I'univers. Cela reve d'infini. Cela multiplie mon visage' (p 58), assure I'auteure. Quoique Navires de guerre ne soit pas a I'abri de faiblesses et que les metaphores ne soient pas toujours de la meilleure venue (,balustrade du desir' (p 21), 'Carcasses de serpents dans l'aridite du silence' (p 34», ce recueil deroule une 'pensee comme une emotion familiere' (p43). Et cette emotionsemble etre porteuse de tous les espoirs: 'Regarde. Nous n'avons pas fini d'ouvrir les suites' (p 61). C'est dans la derive urbaine et humaine, au creur de la ville et du reel, que nous conduit Jean-Paul Daoust avec Taxi (Les Ecrits des forges, 56). Dans ce recueil, Daoust fait montre d'une impudeur prenante, qui ne confine pas toutefois au miserabilisme a rabais. Ce 'dandy de metal,' cet 'ange carnivore,' traine sa solitude et son desarroi dans 'la ville [qui] fait des gestes de noyes' (p 13)' Daoust met la ville a nue, l'extirpe de sa gangue flamboyante. nne reste plus des lors que les lieux qui nomment la 370 LETTERS IN CANADA 1984 chute. A travers la ville et les mythes qui la fa~onnent, Ie poete en arrive aux limites du nowhere urbain, au degre zero de la conscience moderne. Le corps et l'amour, l'a1cool et les voyages sont la pour ralentir la chute, mais 'ii y a des soirs on on regarde la mort porter ses bijoux et on a des frissons comme si Ie sang devenait froid' (p 42) et 'la ville peut fadlement prendre Ie style d'un fiIm d'horreur quand elle montre son squelette au creur fatigue' (p 14). Cette fatigue et ce desarroi, Ie poete nous en montre les mecanismes implacables. L'on voudrait s'echapper mais 'ii est trop tot pour aller ailleurs' (p 10). Finalement, puisqu'il s'agit d'une retrospective, disons quelques mots de Preliminaires, textes 1965-1970 (Le Noroit, 198) qui, de l'aveu meme de l'auteur, Jean Yves Collette, 'comprend tous les textes litteraires que j'ai ecrits depuis mai 1965 jusqu'a decembre 1970' (p 17). Quoique nous puissions decouvrir id et la quelques textes qui ne sont pas depourvus d'interet, l'ensemble ne m'apparait guere convaincant. La question se pose: pourquoi avoir exhume ces textes des revues et tiroirs on ils sommeillaient? 'Je ne me suis pas resolu, aI'epoque, a mettre ces phrases ala poubelle! Je ne Ie ferai donc pas aujourd'hui' (p 189), soutient Collette a propos de certains textes. Dommage! Ce meme Collette avouait en interview (Tecris un texte: c'estobjectif,' entrevue avecJean Yves Collette et Michel Gay, 'Dossier: La BJ/NBJ' [sous la responsabilite de Joseph Bonenfant et Andre Gervais], Voix et images, 10:2 [hiver 1985]), n'avoir 'jamais pu lire plus de dnq lignes de l'Homme rapaille' (p 93). Faut~il en rire ou en pleurer? Pour marquants que furent, en 1984, les recueils qui privilegierent Ie recit et/ou d'autres styles, plusieurs livres ecrits en vers constituent encore une des assises de la poesie moderne. Au premier plan: la retrospective d'Alexis Lefran~ois. Le Noroit, qui se mit a souffler on il veut des 1971 avec Calcaires de Lefran~ois, celebrait cette annee sa centieme publication en reunissant sous un meme titre les recueils epuises du poete: Comme tournant la page (volume 1, poemes 1968-1978, avec six dessins de Miljenko Horvat; volume 2, petites choses 1968-1978, avec onze collages de Celyne Fortin et Maude Bonenfant). Alexis Lefran~ois n'a rien du singe dresse qui execute son numero devant la galerie epatee. II n'eut jamais Ie soud d'accrocher des grelots a ses recueils. II se tint loin de la valse des ismes - qui en fit danser plus d'un qui permit a tout poeme racoleur et faisande au gout du jour de trouver son apologiste et qui fit de quelques poNes mineurs des monuments poetiques. A l'inverse, loin de moi l'idee d'identifier Lefran~ois au bon sauvage rousseauiste qui, a I'ecart des bouleversements ideologiques et esthetiques qui secouerent Ie territoire de la poesie quebecoise dans les annees soixante-dix, produisit Ie grand reuvre. Ni poete faisande au gout du jour ni bon sauvage, Lefran~ois inscrivit sa poesie a l'enseigne d'un lyrisme (tiens! un isme) ample, foisonnant et debride; une poesie qui POESIE 371 mania par moments l'impertinence avec brio, comme Ie prouve sa retrospective. Ce qui etonne des l'abord ala lecture du volume 1 de Comme tournant la page, c'est l'ecart existant entre les emotions du poete et les moyens d'expression utilises pour en temoigner. Ces 'poemes,' ainsiqualifiespar comparaison aux 'petites choses' qui composent Ie volume 2, distillent, sous des dehors chanteurs, un mal d'etre qui ne cesse de se heurter au large trace de l'expression et ala presence recurrente des elements, de la nature et de la lumiere. Cette impossibilite apparente de ne pouvoir faire corps avec les paysages qui Ie hantent-la perte d'un contact originel avec les elements: eau, air, feu (lumiere, clarte, cristal, blancheur) - incite Ie poete a se reapproprier l'immense potentiel lyrique que recele Ie langage. Mais ce surcroit de Iisibilite n'en est pas moins porteur de souffrance: 'Chaque mot sur mon corps / a laisse sa trace terrible / tu ne peux pas savoir/ moncorps / sur des pages etdes pages/blanches/ alaisse ses empreintes /blanches/ terribles' (p 8). Maislaconscience (poetique) de Lefran<.;ois transcende l'angoisse initiale du dire. Persiste chez ce poete comme un va-et-vient entre I'ephemere et la duree, I'opaque et la transparence, I'inachevee et la plenitude, l'obscur et Ie clair, comme un ressac de mots qui representent les deux versants d'une meme quete: 'Je vous parle d'un lent pourrissement / de l'os et d'un labeur patient' (p 42), avoue-t-il dans Calcaires (1971). Mais 'certes nous parlerons bientot dans l'extreme quietude' (p 71), annonce-t-il dans Mais en d'autres frontieres deja ... (1976). Dans Ie" deuxieme volume de cette retrospective, Lefran<.;ois crane, casse les mots, retrousse la syntaxe. Ces 'petiteschoses' s'habillentparfois a la meme enseigne que Queneau, Prevert, Vian et meme Marcel Duchamp que Lefran<.;ois cite et aqui il dedie un poeme. Cependant, au risque de me faire traiter de rabat-joie, je dois avouer que les 'petites choses' qui me sollicitent Ie plus sont celles Oll la 'machine agazouillis' se fait plus discrete. Lefran<.;ois n'evite pas toujours la repetition de procedes faciles. Quelquefois la jonglerie verbale tombe a plat (creant peu d'effets). Mais au-dela de la formule convenue qui veut que la drolerie cache Ie drame et l'humour la ferocite, il n'en demeure pas moins que les vers ronflants et tapageurs de ce deuxieme volume disparaissent peu a peu pour faire place aux 'petites choses' qui font confiance aux tremblements des mots et affichent un ton plus grave. Petites choses pour la 51 (1972) est, acet egard, une reussite remarquable. Je pense a'Vaugelas,' a 'et lorsque j'attendrai ... " et surtout peut-etre aI'admirable 'je ne suis pas retourne ... ' dont voici les derniers vers: si rna jeunesse me tourmente et me revient au creur cette Allemagne lointaine et noire 372 LETTERS IN CANADA 1984 ou je connus enfant l'implacable defaite d'etre si Ie loup tapi au fond de mon corps se remet ahurler ses longues coleres j'irai au Beret Bleu voir toumer les filles m'offrir des petits verres puis par les rues ou l'hiver s'engouffre et de vieux joumaux comme des oiseaux sales j'irai quatre jours sans me reveiller (P 104) Si Ie langage est un hochet et que Lefran<.;ois en joue avec desinvolture, il sait aussi en tirer des airs plus emouvants. La retrospective Ie confirme: Lefran<.;ois met de l'avant un cortege de signes qui se repandent en trajectoires eblouissantes. La poesie de Michel Beaulieu distille une musique qui n'a pas sa pareille . dans les lettres quebecoises. Une force tranquille mais obstinee emane de sa poesie et cree une atmosphere envoutante. 'Entre autres villes,' une suite de trente et un poemes dissemines dans Ie recueil, constitue la piece maitresse de Kaleidoscope ou les aleas du corps grave (Le Noroit, 149). Poete du quotidien, de l'anecdote, de la nostalgie, des anciennes odeurs, du temps qui passe, Beaulieu n'en inscrit pas moins sa poesie a l'enseigne de la duree. Dans ce recueil, il cherche a temoigner de tous les fractionnements qui fondent son existence, sa vie d'homme. Me seduit 'cette musique ou s'echancre la voix' (p 40); et les mots qui emergent 'du fond de la fatigue' (p 76) n'en finissent plus de nous rappeler que 'nous somtttes constitues d'une somme / d'incidents tres reels dont l'enchainement / necessite notre existence' (p 29). Beaulieu fait ressurgir les mots depuis 'leur precaire enchevetrement' (p 40) jusqu'a 'notre dissolution' (p 29). La reside la grandeur du poNe, et Kaleidoscope ou Zes aZeas du corps I grave Ie prouve avec plus de lucidite que jamais. Le bruissement des mots s'accorde aux tremblements des phrases dans Moments fragiles (Le Noroit, 109) de Jacques Brault. Poemes qui voyagent depuis I'anteriorite mnemonique jusqu'a leur point de fuite dans l'espace, ces moments fragiles fontentendre 'lesmurmuresennovembre,' temoignentdes 'amitiesposthumes,' nommentles 'vertigesbrefs,' formulent les 'le<.;ons de solitude' et disent Ie 'presque silence.' Les poemes de ce recueil parlent de neige, de froid, de 'foudre tranquille,' d"angoisse,' du 'declin de l'automne,' du 'convoi en novembre'; charrientune lucidite desarmante, nue, a l'os; cultivent la nostaigie, Ie vague a l'Ame. Brault . n'evite pas toujours les cliches ni les banalites, mais n'est-ce pas la Ie tribut a payer pour renouer avec l'essentiel? Un essentiel qui se nourrit du sort commun et de l'intime etat d'etre au monde. 'Ou done nous rencontrerons-nous encore' (p 28), se demande Ie poNe. Nul doute que POESIE 373 Moments fragiles est un de ces lieux de rencontre privilegies. De ceux-Ia qui nous reviendront en memoire lorsque 'par un lever d'etoiles hatif / m'eloignerai de ma derniere blessure' (p 1(9). 'Quelle sera done alors, s'interroge Brault, 1a fragilite de vivre' (p I07)? Dans Autres, autrement (L'Hexagone, 94), Michel van Schendel rend compte aussi de cette fragilite. L'atteste 'Mort un 6 fevrier': Pere ami des branches void des roses Du santal des bonheurs de jour un mouchoir blanc Je pose un epi sur ton front Je tire amoi des mimosas de fievre La main prise aux misaines du lit Ne meurs pas tu ne dois pas J'accompagne Ie tremblement des doigts jusqu'aux £leurs (P 55) Une soixantaine de poemes, divises en sept parties, composent Autres, autrement. Avec, en plus, sept textes qui marquentdes temps d'arret etqui tiennent lieu de modes d'emploi OU Ie poete, par des apartes en prose, s'adresse directement au lecteur. Ce recueil est une plongee dans tous les gestes faits, les paroles prononcees, les amities nouees, lesetres rencontres et aimes. Autres, autrement releve de l'entreprise microcosmique. L'auteur lance des sondes operatoires dans Ie but de capter les bruits feutres qu'emet Ie reel, connaissances prismatiques. II en va de la kaleidoscopie. Les poemes de ce recueil ressemblent a ces conversations qui nous parviennent l'ete, distraitement, par la fenetre ouverte. Tantot encore nous ne pretions guere attention aces rumeurs mais voila que peu a peu elles s'infiltrent en nous au point que lorsqu'elles cessent, un regret nous envahit, persistant, incommodant. Ces poemes se lisent a , une certaine modulation de frequence, poemes frappes surl'enclume des jours. Ce qu'ils perdent en envoIees fulgurantes, ils Ie gagnent en seduction. J'ai aime ces 'hesitations sensuelles de parcours' (p 9), ce'Long travail long tres long / Dans I'ecoute delicate et les doigts denoues / Dans Ie corps patient de la fatigue' (p 53). Je citai, precedemment, un poeme de Michel van Schendel qui relatait la mort - reelle/imaginee - de son pere. Dans Les Jardins de l'aujourd'hui (Les Ecrits des forges, 82), Michel Muir emeut lorsqu'il ecrit: Monpere ... je quitte ton demier jardin l'Amante des brisures y a Iaisse ses empreintes d'ultime fievre ... 374 LETTERS IN CANADA 1984 tJ ma delirade ata fen@tre et ces flaques de vertiges ... tJ ta voix pareille aune longue fontaine et mon creur attentif au bout de tes veines ... (P 37) Nos modemes auraient beau jeu de s'en prendre a la poesie de Michel Muir. Ne repondant qu'a sa propre esthetique, Muir fait la part belle aux oiseaux, sources, etoiles et autres themes qui n'ont guere la cote en poesie quebecoise. Une urgence habite Ie poete, qui Ie force a ecrire 'dans un perpetuel eclatement des veines' (p 47). J'aimerais certes que la poesie de Muir loge plus souvent du cote du silence, qu'il torde Ie cou a l'eloquence qui marque certains de ses poemes, mais, mentionne l'auteur, 'parfois je me prends pour un ange I qu'auraient dechire d'etranges rafales' (p 21). Ces rafales, Muir n'a de cesse de les ecrire 'la main ouverte' (p 44) dans une 'solitude fecondante' (p 10). Dans Rejet de prince (VLB editeur, 76), Denis Vanier revet encore une fois sa bure de herault, sa tunique souillee de pelerin tatoue. De nouveau il faut se £rayer un passage parmi les oripeaux que constituent les discouts d'accompagnement qui camouflent les poemes. 'Admirez-Ie, avant qu'il ne soittrop tard,' nous enjoint un texte - volontairement ridicule, du moins je I'espere - imprime au dos du livre. Ce recueil comprend une vingtaine de poemes a l'ecriture abrasive, vitriolique, qui creusent la surface d'un reel en putrefaction. L'aruspice Vanier ne craint pas d'examiner les entrailles de nos societes modernes, leurs zones floues, censurees par les efforts esthetisants de poetes en mal de beaute factice. Sa poesie se repand comme les racines des aconits, comme Ie lierre qui grimpe sur la face cachee d'un chateau hante qui a nom l'existence. 'Nous resterons marques a jamais' (p 72), predit Ie poete. Cette prophetie nous concerne tous et c'est justement dans la mesure OU il se change en prophete-scaphandrier qui n'hesite pas a plonger dans les visceres de notre fin de millenaire que Vanier se dresse devantnous telunange dechu mais annonciateur. 'On ne peut rien toucher hors de soi lIe reel serre un peu plus son image I de table rase' (p 71). Malgre cela, il nous faut 'engraisser encore une fois Ie miracle I du vide' (p 43) et 'casseret penetrer la terre Il'reil de la mere' (p 47). Cette quete nous menera peut-etre a 'I'impasse du corps' (p 67) mais peu importe, car, nous dit Ie poete en fin de parcours, 'nous serons toujours indissociables Idu desir' (p 75). Rejet de prince releve d'une 'hygiene necessaire' (p 55). Tout Ie reste n'est que prefaces, postfaces et critiques ... Les draps, les lits, les chambres, les odeurs, Ie linge, la musique, la peinture et les lieux de la passion composent la scene multiforme et les atmospheres de Les Sept jours de la jouissance d'Andre Roy (Les Herbes rouges, 105). Finement ecrit, distillant la chaleur ouatee d'une ecriture DRAMA 375 maitrisee, Roy poursuit son odyssee amoureuse. Peu de surprise dans ce recueil qui s'inscrit dans Ie cycle des Passions du samedi amorce en :1979. Divise en trois parties, 'Les sept jours de la jouissance,' 'La pensee comme un corps,' 'Les heures apres les heures (journal),' Ie recueil offre ses meilleurs moments de lecture dans la premiere, la OU 'les chaleurs dormentensemble, les chaleursaucoinducreur' (p 71). 'Lapenseecomme un corps' contient sa part de vers rates et 'Les heures apres les heures (journal), n'evite pas toujours Ie ton salonnard. Mais je reviens a la premiere partie du recueil pourme convaincre de I'interet des Septjours de la jouissance: 'Ce qui restait de cette chose / lente, la chaleur de£aite I et Ie rire, les jambes, les linges / differents quand la conversation / se retournait. Ce qui reposait pres du lit, la musique/a l'endroite de l'amour' (p 9). En terminant, je tiens a preciser qu'il y aurait un autre article a ecrire sur les revues litteraires consacrees ala poesie. Que ce soit 'Poesie :1984' (Estuaire, 32-3, ete-automne 1984), Jeunes fiUes rouges toujours plus belles (Levres urbaines, 8) de Yolande Villemaire, 'Vouloir la fiction copyright la modernite' (La Nouvelle Barredu Jour, sept1984), 'Qui a peur de l'ecrivain?' (Les Herbes rouges, 123-4), 'Autour de la theorie ... des femmes' (Moebius, 22) ou Ie numero que Le Sabord (5, dec 1984) consacrait a 'Louis Jacob: l'urgence du reel,' les revues sont un bon reflet des forces vives d'une litterature qui s'ecrit et se questionne au present. Par ailleurs, 1984 fut marquee par une premiere: la publication de Miss Emily et la mort du poete anglophone montrealais Michael Harris, dans une edition bilingue preparee par Jacques Marchand. 'C'est la premiere fois, nous apprend Ie communique de presse de VLB editeur, qu'un editeur francophone publie un ouvrage d'un poete quebecois de langue anglaise.' Assisterions-nous au debut d'une ere nouvelle? Je tiens a dire, finalement, que mon article n'est qU'une lecture de la production poetique de 'l'annee Orwell.' Je n'ai pas tant cherche a etablir un inventaire de tous les recueils parus durant l'annee, que d'indiquer ceux qui me semblaient representer les tendances les plus marquantes et diverses de la poesie. Et pour ce qui est de savoir si 1984 fut un bon millesime ... comme pour Ie vin, attendons. Drama JOHN H. ASTINGTON The year was a lean one for English drama in Canada. Fewer plays were published: Playwrights Canada, the major source of dramatic texts, experienced some reorganization and a consequent drop in the number of plays printed, and only two or three others publishers produced even one title in drama. The result has been that only a handful of truly interesting ...

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